Le président, François Hollande, est arrivé hier, à Tombouctou, où il a été accueilli par des soldats français et maliens qui ont récemment repris cette ville emblématique du nord du Mali aux groupes islamistes armés qui l'occupaient. Le président français, accompagné du président malien par intérim Dioncounda Traoré, ont notamment visité une mosquée historique, le centre de conservation de précieux manuscrits anciens, dont certains ont été incendiés par les islamistes. Tombouctou, à 900 km au nord-est de Bamako, a été placée sous très haute surveillance: des militaires français sont en position tous les 100 mètres, des blindés patrouillent les rues, ainsi que des pick-up remplis de soldats maliens. Le président français était accompagné par trois ministres: Laurent Fabius (Affaires étrangères), Jean-Yves Le Drian (Défense) et Pascal Canfin (Développement). Accueilli à Sévaré (centre) par le président Dioncounda Traoré, il s'est aussitôt rendu à Tombouctou. Il doit rejoindre Bamako à la mi-journée pour un déjeuner de travail avec son homologue malien, avant un discours en public. Le président français devait appeler les pays africains à prendre rapidement le relais de la France et prôner le dialogue politique et la réconciliation nationale au Mali. L'afflux de réfugiés vers les pays voisins se poursuit Sur le plan humanitaire, le Haut-commissariat des Nations-unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué avant-hier, que le nombre de réfugiés maliens fuyant vers les pays voisins continuait d'augmenter pour fuir les combats ou par crainte de représailles. Lors d'un point de presse, le porte-parole du HCR, Adrian Edwards, a affirmé qu'au Burkina Faso, on compte actuellement plus de 43.000 réfugiés maliens, dont 5.411 arrivés depuis le début de l'intervention militaire française au Mali le 11 janvier dernier. Le HCR accroît les missions vers les zones frontalières, comme par exemple dans le village reculé d'Inabao où la plupart des réfugiés arrivent, pour venir en aide rapidement aux réfugiés et identifier leurs besoins les plus urgents, selon la même source. La plupart sont des femmes et des enfants arabes et touaregs, les hommes étant restés dans leurs villages pour s'occuper du bétail. Les réfugiés sont transportés vers les camps de réfugiés de Mentao ou Goudébou, où ils reçoivent une assistance, ainsi que des repas chauds à l'arrivée et des kits d'abris traditionnels, avant d'être enregistrés. En Mauritanie, se trouvent actuellement un peu plus de 64.000 Maliens, dont 9.904 qui sont arrivés depuis le début de l'intervention militaire, dont 90% sont des femmes et des enfants. Des convois sont organisés pour les transporter depuis le centre de transit de Fassala, près de la frontière, vers le camp de réfugiés de Mbéra, à environ 50 kilomètres à l'intérieur de la Mauritanie, tandis que des travaux sont en cours pour agrandir le camp. Selon les chiffres du HCR, on compte environ 230.000 personnes déplacées à l'intérieur du Mali et plus de 150.000 réfugiés maliens en Algérie, en Mauritanie, au Niger et au Burkina Faso. Par ailleurs, il a fait savoir qu'a Bamako, des familles déplacées originaires de Gao, Tombouctou et Kidal se disent prêtes à prendre le chemin du retour dès que les routes vers le nord seront rouvertes. Le maire de Gao appelle les réfugiés arabes et touaregs au retour De son côté, le maire de Gao a appelé les membres des minorités arabes et touareg ayant fui le pays par peur de représailles à "rentrer sans aucune crainte" et a assuré de garantir leur "sécurité"."Aux Touareg et Arabes, les portes de Gao leur sont grandement ouvertes. Ils peuvent rentrer sans aucune crainte, la sécurité est là, il n'y a aucune inquiétude pour eux", a déclaré le maire Sadou Harouna Diallo. Selon le maire de cette grande ville du nord du Mali, les Arabes et les Touareg "n'ont rien à se reprocher". Ces minorités ethniques sont largement accusées par les communautés noires de la cité (à 1.200 km au nord-est de Bamako) d'avoir "collaboré" avec les intégristes armés qui ont totalement occupé la ville de juin 2012 à fin janvier. "Nous ne pouvons pas nous passer des Arabes. Sans leur apport, Gao n'aura plus d'économie", a souligné M. Diallo en visitant les ruines de sa mairie, mise à sac par des hommes d'un des groupes armés. "Les Arabes pèsent lourd dans l'économie locale. S'ils ne reviennent pas, Gao n'existera plus, et si les Touareg ne reviennent pas, je ne mangerai plus de fromage et ne boirai plus de lait de vache", des produits vendus par cette communauté, a-t-il insisté. Craignant des représailles des habitants, la majorité des Touareg et Arabes de Gao ont quitté la ville après sa prise par les armées française et malienne le 26 janvier. De nombreux domiciles et commerces appartenant à des membres de ces minorités ont été pillés dans les jours qui ont suivi. Ikram.A