La chanteuse et musicienne Hasna El Becharia a animé, vendredi dernier, à la salle Ibn Khaldoun (Alger), un merveilleux spectacle puisé dans le répertoire musical du sud-ouest algérien mêlé à des sonorités de world music. Devant un public venu assez nombreux pour assister au concert du monument maghrébin de la musique gnawi, Hasna a transporté son auditoire dans un univers particulier où se rencontrent ses inspirations musicales ancestrales et modernes et ses élans poétiques crus typiques des gnawa. Avec des succès revisités de ses deux albums "Djazair Djohara" (l'Algérie ce joyau) et "Smaa smaa"(écoutes), Hasna a enchanté son public par des morceaux traditionnels de diwan ou des fusions de sa composition qui font sortir le style mystique à un répertoire plus profane qui renverse la rigueur de la tradition. Passant avec aisance du gumbri à la guitare électrique, Hasna a réussit à trouver l'équilibre entre ses inspirations musicales afin de présenter à son public des titres à succès comme "Djazair Djohara" ou "Madangaou", le tout enveloppé dans une voix idéale tant pour le diwan que pour la soul music. Des compositions modernistes qui valorisent et actualisent un art ancestrale et mystique à travers lequel Hasna El Becharia transmet la même ardeur divine que les anciens mais aussi beaucoup d'amour. Du haut de ces 63 ans la diva du gnawi défie encore la tradition qui lui interdisait de jouer la musique qui a bercé son enfance, en restant la seule femme du Maghreb à jouer du gumbri initialement réservé aux hommes, mais aussi en formant des troupes féminines depuis le début des années 70. Aujourd'hui elle mène une troupe musicale composée d'un batteur et trois percussionnistes choristes.