Le phénomène Hasna El Becharia est toujours là! Elle signera son second album " Smaa Smaa " déjà enregistré entre Taghit et Paris et dont la sortie est pour le 25 janvier 2010. entre-temps la vedette du gnaoui poursuit sa tournée entamée en mai dernier. En juillet, elle était au Festival panafricain d'Alger où l'artiste retourne régulièrement depuis l'invitation en 2006 du Festival Culturel européen en Algérie. C'était dans le cadre d'un projet euro-méditerranéen conçu par le Napolitain Eugenio Bennato. Baptisé "Concert euro-méditerranéen pour le dialogue entre les cultures", ici avec l'Orchestre symphonique algérien dirigé à cette occasion par Nayer Nagui, le directeur de l'orchestre de l'Opéra du Caire, il a une nouvelle fois réuni une pléiade d'artistes du pourtour méditerranéen comme Fathi Salama (Egypte), Hasna el-Becharia (Algérie), Karima Nait (Algérie/Egypte), Zaina Chabane Mozambique, Samir Toukour (Algérie), Mohammed Ezzaime El Alaoui (Maroc). Le genre musical qu'est le Gnaoui, est notamment répandu en Algérie et au Maroc, où l'on connaît des hommes "Mâlem" joueurs de cet instrument à cordes, fabriqué à base d'intestins de boeuf et se "distinguant par la lourdeur de son poids". Jamais de mémoire humaine on ne connaît de femmes joueuses d'instruments musicaux dans la confrérie des Gnaoua, disent les adeptes de ce rite musico-spirituel qui a fait connaître Hasna tout d'abord à Béchar sa ville natale, avant qu'elle ne devienne une artiste de réputation internationale à travers plusieurs concerts animés en France, au Maroc, au Portugal et surtout à l'opéra du Caire où elle a établi sa notoriété en tant qu'artiste arabe confirmée, en plus de ses concerts et prestations à Alger. Avec une carrière artistique de plus de trente années et un album "Djazair Djohara" dédié à son pays, Hasna El Bécharia s'impose comme monument de la musique gnaouie, mêlant le sacré et le profane et où le Goumbri, Karkabou et Tbal sont les piliers. Grâce à l'héritage culturel de son père, lui-même Mâalem de la confrérie à Béchar, elle a su imposer sa personnalité artistique à travers son jeu et sa dextérité dans l'interprétation des textes gnaouis, notamment "Jangari" ou "Bordj" dans le langage Gnaoui, qui passent pour être parmi les morceaux les plus difficiles à interpréter. Hasna s'est illustrée d'abord dans les fêtes de mariage à Béchar qu'elle a animées pour les femmes. Elle joue en outre de la guitare électrique, du luth, du Banjo et surtout du Goumbri. Cette artiste est considérée comme "la diva" de cet art séculaire, qui s'est forgée une notoriété de par la beauté des compositions musicales et surtout des textes chantés. Hasna El Bécharia, qui vit actuellement entre sa ville natale Béchar et la capitale française, Paris, reste très attachée à son pays qui est pour elle, le centre de son inspiration artistique. Le "Diwane", de dimensions mystique, culturelle religieuse et sociale des confréries gnaoua est apparue en Algérie et au Maroc à l'époque des Almohades par le biais de musiciens et autres joueurs d'instruments traditionnels de l'époque, spécifiquement des ouvriers employés dans les différents chantiers initiés par les Almohades durant leur règne sur la région du Maghreb arabe. Découverte au festival Femmes d'Algérie, cinq nuits d'un destin, au Cabaret Sauvage à Paris, en janvier 1999. Programmée au départ pour un seul concert, elle s'était finalement produite tous les soirs. Le public, les organisateurs et certains artistes, tout le monde avait craqué pour elle. (Le DJ Fred Galliano l'invitera sur un remix de Sawt el Atlas et à son concert au festival Jazz à Vienne). Débarquée en France deux jours avant le début de la manifestation, elle était alors totalement absente des bacs des disquaires (beaucoup de producteurs algériens s'étaient usés les nerfs à la persuader, sans succès, d'enregistrer). Hasna el Bécharia arrivait pourtant précédée d'une réputation d'héroïne, chez elle et de femme au caractère fort. Celle que l'on surnomme aujourd'hui à Béchar "La rockeuse du désert" avait pourtant longtemps animé, banquets et mariages, jusqu'au jour où, troquer son luth contre une guitare électrique, avait donné un nouveau tournant à sa vie… " On m'a proposé mille fois d'enregistrer mais j'ai toujours refusé. Je connais une fille qui avait fait une cassette et n'a pas eu un sou. Je ne voulais pas vivre la même chose. Pas question de me faire avoir. " répondait-elle à un journaliste. " Je suis née en 1950 à côté de Béchar, où mon père, Marocain, est venu s'installer vers l'âge de 20 ans avec mon grand-père. Ils animaient tous les deux des Diwanes (réunion musicale et spirituelle, ndlr). Ils étaient d'Arfoud, dans le Sud du Maroc, ma mère, elle, est de Béchar. J'entendais tout le temps mon père jouer du gumbri. L'école ne m'intéressait pas trop. Je ne rêvais que de gumbri et de guitare. Mon cousin Mohamed m'en prêtait une. Je lui donnais une pièce de monnaie et dès que mon père partait au travail - il ne voulait pas que je touche à cet instrument - je commençais à jouer toute seule dans mon coin, perchée sur les terrasses. Je chantais " Bismillah ", des louanges à Allah et reprenais aussi Enrico Macias. Un jour mon père est parti, s'est marié avec une autre femme. Je suis restée seule avec ma mère, mon frère et ma sœur. Il n'y avait rien à manger. Une femme m'a alors proposé de travailler dans les mariages. J'ai essayé… Ça a marché. Je chantais le raï de Cheb Hasni, des Marocains comme Abdelhadi Belkhayat et d'autres. Aucune chanson de moi. " révéla l'artiste.