Charisme Parler du gnawi, cette musique mêlant des sons mystiques aux vibrations électriques, c?est, inévitablement, évoquer Hasna El-Bécharia, mythique personnage au doigté exceptionnel. Originaire de Béchar, cette cité qui renferme une pratique musicale féconde qui va du diwan au foundou en passant par le répertoire populaire haddock, Hasna, femme du désert, éperdument libre, ne vit que pour la musique, la sienne et celle de ses ancêtres, à savoir le gnawi. Au cours de sa carrière, entamée très jeune, dans les années 70 lorsqu?elle a constitué sa propre formation, elle s?est forgé une personnalité et a acquis une expérience, devenant ainsi populaire, appréciée et sollicitée. C?est toutefois en France (1999) que la carrière de Hasna prend des proportions d?envergure internationale : Italie, Maroc, Tunisie? Hasna est une «rockeuse du désert». Elle joue de la guitare acoustique, électrique et du gumbri, un instrument qu?elle pratique très rarement. «Cela fait longtemps que je ne joue plus du gumbri», dit-elle. Et d?ajouter : «C?est un instrument traditionnel conçu pour les hommes. C?est très difficile. Parce que le gumbri nécessite la force d?un homme et non celle d?une femme.» «Dans ma prime jeunesse, mon père ne voulait pas que je joue du gumbri parce que c?était un instrument masculin et non féminin. Il m?a donc conseillé de ne pas en jouer, mais je ne suivais jamais ses recommandations. Dès qu?il allait aux champs, je prenais le gumbri pour apprendre. Je me cachais sur le toit de la maison. Et quand il me cachait l?instrument, j?en fabriquais un, avec des planches et des cordes viscérales. Je n?ai retouché au gumbri qu?en 1999, depuis que je suis en France, lorsque j?ai fait un duo avec Souâd Massi, Cherifa, Malik, Wahida, Karim Ziad, Kateb Amazigh?» Hasna se tourne alors vers la guitare électrique. Elle en fait d?ailleurs sa passion et en joue avec un doigté exceptionnel. «Je voue une véritable passion pour la guitare électrique», avoue-t-elle. Et de reprendre : «C?est vital. Cette passion est née grâce à un Espagnol, Gomez, qui était luthier, il vendait des guitares et des amplis à Béchar. C?est lui qui m?a conseillé d?utiliser une guitare électrique. Alors, j?ai pris le car pour Oran, toute seule, j?avais 19 ans. J?ai acheté une guitare électrique et un ampli. Et à Béchar ça a chauffé avec le son électrique.» Hasna, à qui l?on a décerné le prix de la Méditerranéo, puise toute son inspiration dans sa foi. Elle est effectivement très croyante. «Cette force, c?est une grâce de Dieu. Même quand je suis fatiguée, Dieu et le Prophète m?aident. J?ai la force pour cela.» Djazaîr Djohara est son premier album. D?autres projets sont en perspective : «J?ai des projets d?album en Italie avec Ginio Benato, et en Egypte avec Fethi Salam.»