Fusion - Le style musical auquel cette artiste de grand talent s'adonne rompt avec la tradition. Originaire de Béchar, Hasna El-Becharia, figure de proue de la musique gnawi, s'est produite, hier, à la salle Ibn Khaldoun. Comme à l'accoutumée, elle a transporté son public venu la redécouvrir à travers sa musique, une musique frémissante de rythmes tourbillonnants. Son spectacle était coloré, rythmé, vibrant. En effet, ses fans ont pu apprécier, une fois encore et sur scène, leur idole et ce, à travers ses grands succès revisités de ses deux albums, à savoir ‘Djazaïr Djohara' (l'Algérie ce joyau) et ‘Smaa smaa' (écoute). L'ambiance était chaleureuse, pleine d'entrain. Hasna El-Becharia, cette rockeuse du désert, s'est distinguée dans un jeu musical captivant. Sa musique où viennent se mêler avec beaucoup d'imagination des sonorités traditionnelles et d'autres modernes, se veut originale. Son auditoire y a rapidement adhéré. Hasna El-Becharia, âgée de 63 ans, a effectivement enchanté son public par des morceaux traditionnels puisés dans le répertoire diwan, le tout fusionné dans un assortiment empreint d'un mysticisme. Le style musical auquel cette artiste de grand talent s'adonne rompt avec la tradition, renverse la rigueur du gnawi tel qu'il est habituellement pratiqué par les maîtres, puisqu'elle s'adonne librement à sa propre sensibilité qui lui permet de créer, d'imaginer autrement les sons relevant du diwan. Hasna El-Becharia se plaît, à chaque fois et toujours à sa manière, à puiser dans le répertoire musical du Sud-Ouest algérien (Béchar) mêlé à des sonorités de world music. Ainsi, avec Hasna el-Becharia, la tradition rime avec modernisme. Et sa musique témoigne de cette singularité. En effet, son style est si particulier qu'il s'inscrit d'emblée sur la scène internationale. Sa musique qui a du caractère, un fort tempérament, une identité personnelle, devient, en conséquence et sans conteste, universelle. Et comme toujours, Hasna El-Becharia, qui joue avec brio aussi bien de la guitare électrique que du gumbri (instrument traditionnel propre à la culture gnawie) dit qu'elle trouve son inspiration dans sa foi. Elle a foi en elle et en Dieu. «Cette force, c'est une grâce de Dieu. Même quand je suis fatiguée, Dieu et le Prophète m'aident. J'ai la force pour cela », confie-t-elle. Née en 1950 près de Béchar, Hasna El-Becharia est issue d'une famille de musicien. Son père et son grand-père animaient tous les deux des diwanes (réunions musicales et spirituelles). Cela explique comment elle est venue à la musique. L'école ne l'intéressait pas trop. Elle ne rêvait que de gumbri et de guitare. Elle a commencé à jouer toute seule en cachette, car le gumbri est un instrument réservé uniquement aux hommes. Hasna El-Becharia jouait et chantait, mais toujours, loin des regards masculins. Un jour son père est parti, il s'est marié avec une autre femme. Hasna s'est retrouvée seule avec sa mère, son frère et sa sœur. Pour subvenir aux besoins de la famille, Hasna répond à la proposition que lui a faite une femme : travailler dans les mariages. Et c'est là que l'aventure musicale a commencé pour Hasna El-Becharia.