Le film "Avoir 20 ans dans les Aurès" du cinéaste anticolonial français et ami de l'Algérie René Vauthier, clôturera samedi la 30ème édition du Festival de cinéma de Douarnenez (Bretagne). René Vauthier, incarnation vivante du cinéma militant, a également présenté dans le cadre de la même manifestation son oeuvre "Afrique 50", un réquisitoire contre l'ordre colonial. Ce documentaire, réalisé clandestinement, est considéré par les spécialistes comme le premier film français anticolonialiste. Cet infatigable cinéaste, âgé de 79 ans, a sillonné diverses régions du monde pour la défense des causes justes. Son premier "Afrique 50" lui vaudra 13 condamnations. Au départ, une commande de la Ligue de l'Enseignement l'amène à filmer des images sur la vie réelle des paysans en Afrique Occidentale colonisée, images destinées aux écoliers. Cette commande a été réorientée lorsqu'il découvre sur place le quotidien des Africains et la réalité coloniale. Malgré l'interdiction de filmer, son assignation en résidence surveillée et la saisie des pellicules, René Vauthier a réussi à récupérer illégalement dix-sept des cinquante bobines tournées saisies dans les locaux de la Ligue de l'enseignement. C'est dans la clandestinité que le film sera monté et diffusé. Bien que ne disposant pas de visa, "Afrique 50" a dépassé le million de spectateurs en France, dans les réseaux parallèles. Le nom du cinéaste reste surtout étroitement lié au cinéma national et à la défense par l'image de la cause algérienne durant la guerre de libération.Les "années algériennes" de René Vauthier l'ont mené, caméra au poing, dans les maquis et parmi les moudjahidine de l'ALN, pour fixer sur la pellicule leurs faits d'armes et porter la cause algérienne sur la scène internationale. Des films comme "l'Algérie en flammes", "Djazaïrouna", " 5 hommes et un peuple" ont été autant d'oeuvres consolidant la mémoire et les archives de la Révolution de Novembre 1954. Après le recouvrement de l'indépendance, René Vauthier a contribué au développement du 7ème art national. Il réalisera "Avoir 20 ans dans les Aurès" en 1971, film qui remportera, une année plus tard, le prix de la critique internationale au Festival de Cannes, puis "La folle de Toudjane", lauréat du prix des peuples au festival de Cannes et prix de la Fédération internationale des ciné-clubs. Habitué des festivals du cinéma organisés en Algérie, ce cinéaste rebelle et prolifique pour avoir abordé et épousé des causes justes, René Vauthier a été honoré à maintes reprises pour ses actions et sa contribution à la naissance et au développement du cinéma national.