Le Premier ministre conservateur bulgare, Boïko Borissov, confronté à des manifestations contre les prix élevés de l'énergie, a annoncé, avant-hier, que l'entreprise tchèque CEZ, sera privée de sa licence en Bulgarie avant la fin de la journée. CEZ est le fournisseur exclusif d'électricité dans l'ouest du pays. Il s'agit de la première réaction du gouvernement aux manifestations, parfois violentes, qui se déroulent depuis neuf jours dans tout le pays. Le Premier ministre a toutefois rejeté l'hypothèse de sa démission: Si nous le faisions, les conséquences en seraient catastrophiques, a-t-il expliqué. Face à cette vague de mécontentement, à cinq mois des élections législatives, Boïko Borissov a promis une baisse de 8% des prix de l'énergie à partir de mars, en arrêtant la majorité des exportations de la seule centrale nucléaire bulgare de Kozlodoui, qui fournit l'énergie la moins chère. Une enquête du parquet publiée, avant-hier, a estimé que CEZ appliquait une procédure lente de réponse aux plaintes des consommateurs, fournissait par endroits de l'électricité d'une tension moins élevée que les 220V nécessaires et avait demandé aux consommateurs de payer pour une période plus longue qu'un mois, ce qui explique le montant élevé des dernières factures. Le procureur général adjoint Kamen Mihov a précisé que CEZ était passible d'amendes de 30 000 à 1 million de leva (15 000 à 500 000 euros) pour chaque facture délivrée aux consommateurs, dont le montant n'est pas justifié. CEZ détient le monopole sur la distribution de l'énergie dans l'ouest de la Bulgarie. Une autre société tchèque, Energo Pro, et l'autrichienne EVN disposent chacune d'un contrat exclusif de distribution dans le reste du pays. Le parquet est en train d'examiner les factures délivrées par EVN et Energo Pro. Boïko Borissov a néanmoins rejeté la demande de nationalisation des entreprises de distribution d'énergie, leitmotiv des manifestants. Nous ne nationaliserons pas, a-t-il assuré. Selon des médias bulgares, l'entreprise CEZ a réalisé 9,9% de son chiffre d'affaires en 2011 en Bulgarie, son deuxième marché après la République Tchèque. CEZ a annoncé la veille que depuis 2005, elle avait investi 1,7 milliard de leva (900 000 euros) en Bulgarie et avait versé des impôts de 429 millions de leva (219 millions d'euros). 30% du réseau de distribution d'énergie dans l'ouest de la Bulgarie a été rénové.