Le pétrole était en baisse hier matin en Asie, après les élections parlementaires italiennes qui ont débouché sur une impasse pour la troisième économie de la zone euro. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril cédait 63 cents à 92,48 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord, échéance avril, reculait de 49 cents à 113,95. "Les élections italiennes (aux résultats) confus ont fait frissonner les marchés suscitant la crainte que la reprise de la zone euro pourrait dérailler", ont indiqué les analystes de IG Markets Singapour dans une note. Selon les résultats publiés dans la nuit de lundi à mardi, l'Italie était dans une impasse, avec une Chambre des députés à gauche et un Sénat sans majorité, à l'issue d'élections marquées par le boom de l'ex-comique Beppe Grillo. Selon les résultats officiels, Beppe Grillo obtient aux alentours de 25% dans chacune des deux chambres, devenant la troisième force politique du pays. Ces résultats "font craindre que les mesures d'austérité tellement nécessaires à l'Italie pourraient caler en raison des luttes politiques internes", ajoutent les analystes de IG Markets. La veille, le prix du baril est resté quasi stable à New York, les investisseurs faisant preuve de prudence alors que l'issue des élections italiennes restait incertaine, et que des négociations sur le programme nucléaire iranien devaient reprendre mardi. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril a lâché 2 cents pour s'établir à 93,11 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a terminé à 114,44 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 34 cents par rapport à la clôture de vendredi. Le prix du baril new-yorkais, qui avait débuté la séance en hausse, s'est replié au fur et à mesure que les incertitudes sur les résultats du scrutin législatif en Italie se renforçaient. Des premiers résultats partiels faisaient état d'une victoire à la Chambre des députés de la coalition de gauche emmenée par le chef du Parti démocrate (PD) Pier Luigi Bersani et d'une légère avancée de la gauche au Sénat. Mais une victoire en voix dans cette dernière enceinte ne se traduirait pas automatiquement en une majorité en sièges (la majorité absolue est à 158 sièges), car le système électoral du Sénat, complexe, accorde une prime majoritaire au niveau de chaque région. Cela n'écarte donc pas la possibilité que cette chambre soit dirigée par la droite. "Le fait que (l'ancien chef de gouvernement Silvio) Berlusconi apparaisse de nouveau comme un dirigeant potentiel" a eu un effet certain sur les devises, l'euro perdant du terrain face au dollar, a remarqué Rich Ilczyszyn, de iiTrader.com. Parallèlement, la monnaie américaine se renforçait alors que les investisseurs attendaient "le témoignage du (président de la banque centrale américaine) Ben Bernanke" mardi et mercredi devant des commissions parlementaires sur le cap de la politique monétaire du pays, a ajouté l'analyste. Or un renforcement du billet vert rend moins attractifs les achats de brut libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises. Les courtiers se sont aussi placés en retrait alors que des négociations entre l'Iran et les pays du groupe 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) sur le programme nucléaire de Téhéran, interrompues mi-2012, doivent reprendre mardi à Almaty, au Kazakhstan. "Il semble que les Iraniens ne soient pas vraiment prêts à un compromis", ce qui retarderait d'autant la levée de l'embargo sur les exportations pétrolières du pays par les pays occidentaux, a noté Robert Yawger, de Mizuho Securities USA. Le prix du WTI a par ailleurs pâti, selon Carl Larry, courtier à Atlas Commodities, de l'anticipation d'une nouvelle hausse des stocks de brut aux Etats-Unis dans le rapport hebdomadaire du département de l'Energie, diffusé mercredi. Plusieurs raffineries mènent en effet des opérations de maintenance et consomment donc moins de brut.