Les aviculteurs devraient saisir l'opportunité de l'abondance de l'offre, qui a induit une chute importante des prix des viandes blanches, pour structurer la filière de manière durable, a indiqué jeudi dernier, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M.Rachid Benaïssa. Le marché des viandes blanches connaît actuellement une offre abondante qui a induit une "forte" chute des prix, suscitant l'inquiétude des éleveurs quant aux pertes qu'ils pourraient essuyer, selon le Conseil interprofessionnel de la filière avicole qui s'est réuni ce jeudi au ministère de l'Agriculture. Pour le ministre, cette abondance due essentiellement aux mesures fiscales d'encouragement prises par le gouvernement l'été dernier, "constitue une occasion en or pour la filière afin qu'elle se structure davantage et devienne plus forte". "Il faut que cette dynamique se maintienne et s'amplifie", a-t-il dit, appelant les membres du conseil à sensibiliser les abattoirs, notamment privés, à adhérer au dispositif de régulation et à absorber le maximum de surplus de production pour consolider la pérennité de la filière. L'interprofession a un délai d'un mois devant elle pour structurer les relations entre les acteurs de la filière et contractualiser les rapports entre les abattoirs (publics et privés) et les éleveurs pour constituer des stocks, a recommandé le ministre. Seulement une trentaine d'abattoirs privés et publics ont adhéré au système de régulation de la filière avicole, appelé "la triangulaire" et chapeauté par le groupe public ONAB. Ce dispositif consiste à fournir le poussin et l'aliment à l'éleveur qui, en retour, vend sa production à l'abattoir. L'ONAB s'est engagé, dans le cadre de ce système, à stocker l'équivalent de 10.000 tonnes de poulet à un prix avantageux de 200 DA/kg offert à l'éleveur, alors que le prix plancher garanti par l'Etat, dans le cadre de la triangulaire est de 150 DA/kg. Pour renforcer les capacités d'abattage et soulager les éleveurs, le Conseil interprofessionnel va sensibiliser les autres abattoirs privés à intégrer le système de régulation. Il s'agit de "préserver cette activité et garantir au consommateur un produit au prix abordable", selon le président du conseil, M. Laidouni. "Une régulation qui s'impose" M. Benaïssa a insisté sur la nécessité de maintenir les mises en place de bandes de production du poulet de chair pour éviter une rechute de l'offre durant l'été prochain. "Les membres du conseil sont appelés à veiller à ce que les mises en place, prévues fin mai et début avril prochains, se maintiennent", a-t-il indiqué. La régulation de la filière avicole "s'impose avec acuité", selon le bilan mensuel de l'observatoire de la filière avicole pour le mois de février 2013. "Le système de régulation mis en place par les pouvoirs publics a permis certes d'absorber une grande quantité de poulet, mais les abattoirs privés doivent y adhérer pour augmenter les capacités de stockage pour une meilleure régulation durant la période de forte demande", lit-on dans ce bulletin. L'observatoire recommande, par ailleurs, plus de transparence dans les systèmes d'information et de gestion au niveau du secteur privé. L'interprofession doit aussi travailler dans le sens de la professionnalisation et la sensibilisation pour la création des groupements d'intérêts communs qui accusent beaucoup de retard dans leur mise en place. Le prix du poulet vif, cédé par l'éleveur, a chuté jusqu'à 120 DA/kg voire 100 DA dans certaines localités, alors qu'il devrait osciller entre 180 et 200 DA/kg pour garantir un bénéfice à l'éleveur, selon des professionnels. Cette baisse des prix, qui dure depuis fin janvier, est due essentiellement aux mesures prises par l'Etat l'été dernier en faveur de la filière notamment la suppression de la TVA sur les matières premières suite au renchérissement de leurs prix sur le marché international.