Boeing a obtenu cette semaine sa plus importante commande jamais enregistrée en Europe avec la vente de 175 avions 737 à Ryanair, la compagnie irlandaise qui marque ainsi sa position dominante sur le segment du low-cost dans le Vieux-Continent. Avec la livraison de ces 737-800 de la génération actuelle, Ryanair entend porter sa flotte à 400 avions à un horizon de cinq ans contre 300 actuellement (en tenant compte du retrait d'avions anciens), ce qui lui permettra de transporter un quart de passagers de plus alors que la plupart de ses rivaux réduisent leurs capacités. La commande, d'un montant de 16 milliards de dollars environ (12,3 milliards d'euros) au prix catalogue, doit encore être approuvée par les actionnaires de la compagnie irlandaise mais son annonce tombe à point nommé pour Boeing au lendemain de la signature par Airbus d'un contrat de 24 milliards de dollars pour la vente de 200 appareils à la compagnie indonésienne Lion Air. Ryanair, contrairement à Lion Air, reste ainsi l'une des dernières compagnies aériennes à ne compter que des Boeing dans sa flotte.Michael O'Leary, le directeur général de Ryanair, n'a pas voulu dire quelle réduction il avait pu obtenir sur le prix catalogue mais il a reconnu que les difficultés de l'avionneur américain avec son 787 Dreamliner avaient facilité les négociations."Cet accord confirme notre avance sur nos concurrents européens en termes de coûts et de prix", a-t-il dit dans un entretien. "On peut espérer qu'il viendra rappeler aux gens que Boeing continue de faire de grands avions, et que le 787 n'est qu'une question mineure". Gros rabais Le 737-800, avion de 189 places dont le principal concurrent est l'A320 d'Airbus, vaut 89,1 millions de dollars au prix catalogue mais les grosses commandes permettent en général d'obtenir des rabais importants. Selon des spécialistes du secteur, le prix unitaire des appareils achetés par Ryanair devrait plutôt être de l'ordre de 40 millions. "Cette commande replace Ryanair dans une trajectoire de croissance au moment où beaucoup de compagnies aériennes européennes réduisent la voilure", observe Donal O'Neill, analyste chez Goodbody Stockbrokers à Dublin. "Boeing, de son côté, conserve un client important à qui il aura toutes les chances de vendre son futur 737-Max dans quelques années." Le 737-Max, plus économe que la version actuelle du 737, doit entrer en service en 2017 et Michael O'Leary a d'ores et déjà fait savoir qu'il serait sur les rangs. En attendant, le patron de Ryanair a indiqué que le fait que le 737 compte neuf sièges de plus que l'A320 avait été déterminant dans son choix, et que cela lui importait plus que la promesse d'économies futures sur le carburant. La commande de Ryanair détourne un peu Boeing de ses soucis avec le 787, dont la cinquantaine d'exemplaires en service sont cloués au sol depuis la mi-janvier après des incidents à répétition mettant en cause ses batteries au lithium-ion. L'avionneur a annoncé à la fin de la semaine dernière que le 787 pourrait de nouveau voler d'ici "quelques semaines", après des tests en vol. L'action Ryanair gagne 4,05% à la Bourse de Dublin vers la mi-séance, à 6,035 euros, alors que Boeing avance modestement de 0,27% à Wall Street.