Alors que sous d'autres cieux des noms et ouvrages, qui feront l'événement de la rentrée littéraire, sont annoncés en grande pompe, chez nous ce rendez- vous n'est même pas inscrit dans la liste des rendez-vous littéraires de grande envergure. Pourtant des écrivains algériens çà existe, des livres et des éditeurs algériens çà existe aussi ! Cette année, la rentrée littéraire intervient comble de tout avec l'événement toujours en cours de la grandiose manifestation d' “Alger, capitale de la culture arabe”. Plus de 1000 livres seront imprimés à l'occasion de cette fête de la culture, plus d'une centaine est déjà imprimée, mais aucun livre, ni aucun auteur n'a jusqu'à présent fait parler de lui. En France le pays qui a une longue tradition livresque, les éditeurs comptent beaucoup sur cette rentrée pour se refaire une santé. Entre fictions étrangères encensées, poids lourds de la littérature française et premiers romans prometteurs, les lecteurs ont toutes les raisons d'inverser la tendance... Les Français ont délaissé les romans au profit des essais politiques qui ont envahi les librairies du début de l'année. La rentrée littéraire est l'occasion pour la fiction de revenir sur le devant de la scène. Et les éditeurs frappent fort cette année avec pas moins de 727 romans publiés entre août et octobre, contre 683 en 2006. A noter une redistribution des rôles puisque les poids lourds de l'édition ont revu à la baisse le nombre de titres publiés et que d'autres participent pour la première fois à l'événement. En Algérie, un Yasmina Khadra, le plus populaire écrivain algérien de cette période, n'a pas encore montré patte blanche depuis son dernier, Les sirènes de Bagdad. Les quelques jeunes romanciers qui ont atterri ces dernières années sur la scène littéraire à l'image de Nacira Belloula, de Gassouma ou encore de Ayoub n'ont également pas fait grand bruit. Sauf l'étonnant Mustpaha Benfodil qui nous revient avec Archéologie du chaos amoureux, un ouvrage sorti chez Barzakh et qui sera présenté le 18 septembre prochain au Centre culturel français dans le cadre du rendez-vous, “Un auteur, un livre ”. Avec quoi nos éditeurs qui se lamentent à longueur d'années du manque de subventions pour le livre vont –il faire leur rentrée ? Avec rien, d'autant qu'il n' y a pas encore chez nous cette tradition bien ancrée dans les autres pays du Sud. Les éditeurs attendent plutôt le seul et unique événement qui fait sensation, le Salon internationale du livre d'Alger. C'est plutôt pendant cette période où des livres sortent et se vendent, que des auteurs sont perçus, aperçus, et que des “ best-sellers” s'imposent en termes de vente. Ayant compris la portée que pourrait avoir un prix littéraire bien ancré dans le processus de l'édition et de la promotion d'un livre, l'Association des libraires avait décidé de créer son propre prix littéraire à l'occasion de ce traditionnel Salon, mais ce trophée reste toutefois symbolique et par sa portée littéraire que par sa portée matérielle. L'autre prix qui existe aussi et qui est censé renforcer l'univers de l'édition, c'est le prix Mohamled Dib, mais il reste également tout à fait symbolique. Le trophée littéraire demeure ainsi à son état embryonnaire, tout comme la production littéraire, qui parait toute relative mesurée à celle des autres contrées. Reste maintenant à attendre le Salon international du livre pour que des noms sortent des stands de façon quasi naturelle.