Photo : Sahel De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La réalité est très simple à dire en matière de rentrée littéraire dans la wilaya de Tizi Ouzou et il n'est pas utile de faire des recherches pour pouvoir le constater. Il n'y a pas de rentrée littéraire dans cette région qui a vu naître deux grands hommes de la littérature algérienne, à savoir Mouloud Feraoun de Beni Douala et Mouloud Mammeri des Ath Yenni et des nouveaux auteurs qui, faut-il le reconnaître, peinent à se faire une place sur l'échiquier littéraire national, déserté par le lectorat et investi par des imposteurs de toutes sortes. Pourtant, la rentrée littéraire est surtout une occasion pour les auteurs de faire la promotion de leurs œuvres et pour les maisons d'édition de promouvoir les nouvelles publications des auteurs qu'elles éditent ainsi que de faire connaître de jeunes auteurs qui s'essaient à la littérature sous ses formes les plus larges. Ce sera également une occasion pour les libraires de la région d'écouler le plus grand nombre d'ouvrages sur le marché. En d'autres termes, tous les intervenants dans cette activité sortiront gagnants de l'instauration d'une rentrée littéraire, qu'ils soient éditeurs, auteurs ou libraires. Un responsable de la maison d'édition le Savoir, qui nous a accordé un entretien en l'absence du directeur, reconnaît que «la culture de la rentrée littéraire n'existe pas Tizi Ouzou alors que c'est un tout nouveau phénomène dans la capitale». Qu'est-ce qui empêche l'instauration d'une rentrée littéraire à Tizi Ouzou, surtout que cela relève de la volonté, au préalable des éditeurs eux-mêmes et des libraires, principalement, même si l'apport des lecteurs est plus qu'important ? Notre interlocuteur affirme qu'il existe plusieurs raisons pour cela, notamment le manque d'infrastructures susceptibles d'accueillir ce genre d'événements. Les éditeurs de livres n'ont pas tous la même opinion sur le sujet. Ali Oubellil, directeur de la maison d'édition l'Odyssée, pense que le concept de rentrée littéraire est nouveau dans notre pays. «C'est un concept nouveau pour le lecteur algérien. Nous essayons de faire comme en Occident, être à la page», dit-il, en insistant sur l'importance de l'activité du livre dans la wilaya de Tizi Ouzou, qu'il classe volontiers en seconde position après la capitale, tout en qualifiant la wilaya de «pôle littéraire où il serait facile d'instaurer cette culture de rentrée littéraire», surtout que la wilaya a enfanté des dizaines d'écrivains et de poètes. «C'est un concept que les gens commencent à peine à connaître», ajoute M. Oubellil, qui n'omettra pas de signaler que l'instauration de la rentrée littéraire est étroitement liée à l'existence de maisons d'éditions qui font dans le genre littéraire. Notre interlocuteur précisera que les maisons d'éditions qui publient les genres littéraires ne sont pas très nombreuses en Algérie où la majorité édite les livres parascolaires et religieux. «C'est ce qui fait aussi que la culture de la rentrée littéraire est restée une lacune dans notre pays», argue par ailleurs le directeur de l'Odyssée, qui précise que les éditeurs qui investissent dans la littérature sont des gens passionnés puisque ce n'est pas du tout rentable, du point de vue commercial, d'attendre deux à trois années pour écouler un millier d'exemplaires d'un ouvrage. Ali Oubellil se dit néanmoins optimiste quant à l'instauration à moyen terme d'une rentrée littéraire dans la wilaya de Tizi Ouzou puisque tous les ingrédients sont disponibles, y compris l'absence d'animosité entre éditeurs et une entente réelle entre ceux-ci et les libraires, les premiers concernés par la question. Et choisir une période (pourquoi pas le mois d'octobre qui coïncide avec la tenue du Salon du livre) pour organiser des rencontres-débats, promouvoir de nouvelles œuvres, consacrer le roman du mois, inviter des auteurs à des ventes-dédicaces et même impliquer la presse, serait l'ultime étape pour la concrétisation de cette démarche dont on ne rappellera jamais assez le bénéfice au profit de tous les intervenants, dont les éditeurs, les libraires, les auteurs et même les lecteurs.