De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Dans une wilaya où la production littéraire n'est pas encore sortie de l'anonymat, parler d'une rentrée littéraire est, sans vouloir froisser les hommes de culture de la région qui ont édité des livres ou ceux ayant tenté d'apporter leur contribution dans le domaine de la littérature et de la culture de manière générale, quelque peu exagéré. Et l'avis est partagé par de nombreux citoyens et certains libraires installés au niveau du chef-lieu de la wilaya. Il y a une année, dans la perspective de rapprocher le livre du lecteur et d'encourager la lecture publique dans la wilaya, l'Entreprise nationale des arts graphiques (ENAG) avait inauguré une annexe dans la ville de Bouira. Située non loin du centre universitaire, cette annexe a été baptisée du nom de Mouloud Feraoun, célèbre écrivain algérien. Les responsables locaux pensaient que le lieu attirerait les étudiants, les lycéens et tous les lecteurs épris de littérature et de culture générale. Lors de l'ouverture de l'annexe en question, dont les travaux d'aménagement et d'équipement ont coûté la somme de 300 000 dinars, environ 1 500 titres de la collection Anis et d'autres ouvrages, dont la majorité sont édités par l'ENAG, ont été exposés à la vente. Cette opération avait été décidé avec la collaboration de la direction de la culture de la wilaya qui avait, à l'époque, l'intention ferme de créer un lieu de rencontre des écrivains de la région ayant déjà produit ou désireux d'éditer des livres dans les domaines de la culture et des sciences. Cependant, depuis son ouverture, il a été constaté que cette librairie de l'ENAG peine à se constituer une clientèle et à affirmer sa vocation. Car, pour la rentrée en cours et en raison de considérations commerciales, les gérants de l'annexe ont été contraints de consacrer certains rayonnages aux manuels scolaires et parascolaires plus demandés. Ce «sacrifice», dont la victime est le livre, n'a pas échappé à certains citoyens qui considèrent que l'agence ENAG de Bouira veut emboîter le pas à toutes les librairies privées existant déjà au niveau local. Ainsi, pour la rentrée, les nouveaux ouvrages et/ou révélations de nouveaux talents se font rares, tout aussi rares que les clients. Sur un autre registre, des libraires de Bouira ont indiqué que le Salon international du livre d'Alger (SILA) est désormais devenu, pour eux le seul rendez-vous incontournable pour s'approvisionner en différents titres de manuels et livres nouvellement édités au niveau national et à travers le monde, dans les multiples disciplines scientifiques et littéraires. A ce titre, le SILA est perçu par les éditeurs comme la manifestation marquant la rentrée littéraire et ils réservent leurs nouvelles publications à ce rendez-vous. Selon eux, la majorité des manifestations du même type, organisées au niveau de la wilaya, n'apportent rien de nouveau et ne suscitent pas l'intérêt des lecteurs. Pour cela, plusieurs libraires considèrent que les maisons d'édition et de distribution doivent revoir leur stratégie en matière de commercialisation du livre sur les plans qualité, disponibilité et prix.