Les cours du pétrole ont terminé en nette baisse avant-hier à New York, minés par des nouvelles maussades en provenance de la zone euro, entre un indicateur décevant sur l'activité, la crise chypriote ou la baisse de la monnaie unique. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai, dont c'est le premier jour de cotation, a perdu 1,05 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), pour s'établir à 92,45 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance a terminé à 107,47 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,25 dollar par rapport à la clôture de la veille. En Asie, les prix du pétrole étaient mitigés dans les échanges matinaux, tiraillés entre un indicateur économique chinois encourageant et des prises de bénéfices. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai, premier jour de cotation pour ce contrat, perdait avant-hier matin 18 cents à 93,32 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai gagnait 1 cent à 108,73 dollars. Les cours subissaient quelques prises de bénéfices, a indiqué Ker Chung Yang, analyste chez Phillip Futures à Singapour. Les prix du pétrole se sont retrouvés sous une forte pression en raison de plusieurs informations sur l'économie européenne, a relevé Carl Larry, expert d'Oil Outlooks and Opinions. Le marché a ainsi été refroidi par la publication d'une accélération en mars de la contraction de l'activité privée dans la zone euro. Elle pourrait précéder une intensification de la récession dans les prochains mois ce qui est de mauvaise augure pour la consommation énergétique dans la région. Les investisseurs ont en particulier été surpris par l'indice pour l'Allemagne, qui s'est affiché en deçà des prévisions alors même que ce pays est généralement considéré comme le moteur de la croissance de la zone euro. Le marché s'est aussi inquiété des derniers développements à Nicosie. Paralysée par la crise financière, Chypre cherchait avant-hier à éviter coûte que coûte la faillite de ses banques, mais ne donnait dans l'immédiat aucun détail sur un plan censé lui apporter les milliards d'euros que l'Europe exige en contrepartie de son aide. Toutes ces nouvelles ont pesé sur l'euro, qui reculait en conséquence face au dollar. Or le renchérissement du billet vert rend moins attractifs les achats de brut libellés en dollar pour les investisseurs munis d'autres devises. Concentrés sur l'Europe, les investisseurs ont ignoré des indicateurs encourageants aux Etats-Unis dont un redressement en mars de l'activité manufacturière dans la région de Philadelphie (Nord-Est) et une nouvelle hausse, pour le troisième mois consécutif, de l'indice composite publié par l'institut Conference Board. De la même façon, la publication avant le début de la séance d'une légère remontée des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis, moins forte qu'attendu par les analystes, n'a pas eu d'impact significatif sur les cours. Et alors que les cours du pétrole avaient été revigorés la veille par une baisse inattendue des réserves de brut aux Etats-Unis et le maintien de la politique ultra-accommodante de la Réserve fédérale américaine (Fed), certains opérateurs en profitaient également pour procéder à des prises de bénéfices et participer ainsi à une petite correction du marché, selon Rich Ilczyszyn, de iiTrader.com. Comme l'offre de pétrole reste abondante aux Etats-Unis et dans le monde, on rencontre des seuils de résistance autour de 94 ou 95 dollars, a-t-il noté. Baisse surprise des stocks US de brut au 15/03 Les stocks de pétrole brut ont reculé contre toute attente la semaine dernière aux Etats-Unis, interrompant une série de huit semaines consécutives de hausse, selon les chiffres hebdomadaires du département américain de l'Energie (DoE) publiés la veille. Les réserves de brut ont reculé de 1,3 million de barils lors de la semaine achevée le 15 mars pour s'établir à 382,7 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Dow Jones Newswires avaient misé sur une hausse de 1,7 million de barils. Ces stocks, qui avaient gonflé d'environ 23 millions de barils au cours des huit semaines précédentes, se maintiennent bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette période de l'année. Ils sont en hausse de 10,5% par rapport à leur niveau d'il y a un an, a précisé le ministère. Les réserves de produits distillés ont également reculé, de 700 000 barils à 119,8 millions de barils, un chiffre légèrement inférieur aux attentes des analystes qui pariaient sur une baisse de 900 000 barils. Ces stocks, qui incluent le gazole et le fioul de chauffage et sont particulièrement surveillés par les investisseurs en fin de période hivernale, sont en baisse de 12,3% sur un an. Ils se maintiennent dans la partie basse de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les réserves d'essence ont reculé plus nettement, de 1,5 million de barils à 222,8 millions de barils, une baisse légèrement moins prononcée là aussi par rapport aux prévisions des experts qui attendaient un recul de 2 millions de barils. Elles restent au milieu de la fourchette moyenne en cette période de l'année et sont en baisse de 1,8% par rapport à leur niveau de l'an dernier, a précisé le ministère. Surveillées de près par les courtiers, les réserves de brut à Cushing (Oklahoma), où le pétrole qui sert de référence au WTI s'est accumulé ces derniers mois, ont reculé de 300 000 barils, à 49,0 millions de barils. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont reculé de 1,5 million de barils. Côté demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 18,3 millions de barils de produits pétroliers par jour, soit 0,9% de plus qu'à la même période de l'année dernière. La demande de produits distillés a progressé de 0,1% par rapport à la même période en 2012, et la demande en essence a avancé de 1,5%. Les raffineries américaines ont accéléré la cadence, fonctionnant à 83,5% de leur capacité contre 81% la semaine précédente.