La croissance économique américaine a nettement ralenti à l'automne, mais un peu moins fortement qu'on le pensait jusque-là, selon les derniers chiffres officiels du PIB des Etats-Unis publiés à Washington. Le département du Commerce a revu en hausse de 0,3 point, à 0,4% en rythme annualisé, son estimation de la hausse du produit intérieur brut du pays au quatrième trimestre, soit un peu plus que le pensaient les analystes dont la prévision médiane donnait un taux de croissance de 0,3%. Cette révision confirme néanmoins que l'économie américaine a nettement ralenti par rapport au troisième trimestre, où le PIB avait augmenté de 3,1%, et ne modifie pas le taux de croissance officiel des Etats-Unis pour 2012, qui, à 2,2%, témoigne à l'inverse d'une accélération par rapport à 2011 (1,8%). Le ministère indique dans un communiqué que sa nouvelle estimation témoigne, pour le quatrième trimestre, d'une révision à la hausse de la croissance de l'investissement des entreprises et des exportations, dont les effets ont été compensés en partie par une révision à la baisse de la progression de la consommation des ménages. Ces révisions ne changent rien aux causes du ralentissement économique du quatrième trimestre. Le gouvernement l'explique toujours par une décélération de la production stockée combinée à un recul de la dépense publique et des exportations, dont les effets négatifs ont été en partie compensés par un rebond de l'investissement privé, qui a enregistré sa croissance la plus forte en un an et demi, et une accélération de la consommation des ménages et de la baisse des importations. Publiés en même temps que les données du PIB par le département du Travail, les chiffres des inscriptions au chômage ont montré une remontée du nombre de nouveaux chômeurs dans le pays du 16 au 23 mars. Néanmoins, en moyenne sur un mois, cet indicateur reste proche de son point bas quinquennal touché la semaine précédente. La croissance gagne de l'élan Pour Jennifer Lee, économiste de BMO Marchés des capitaux, tout cela continue de témoigner du fait que "l'économie est en train de se renforcer et (que) le marché du travail poursuit son rétablissement". La banque centrale américaine (Fed) a estimé le 20 mars que la croissance gagnait de l'élan après son ralentissement de l'automne mais que la rigueur budgétaire (hausses d'impôts et réduction des dépenses publiques) à laquelle s'astreint le pays depuis janvier risquait fort de ralentir de nouveau l'activité dans les mois qui viennent. Elle a décidé par conséquent de maintenir sa politique monétaire ultra-accommodante afin de soutenir au maximum la reprise pour tenter de hâter la baisse du taux de chômage, qui, à 7,7%, reste très élevé pour le pays. Voyant dans les derniers chiffres du PIB un "véritable signe" d'optimisme de la part des entreprises et une preuve de la volonté des ménages de consommer, mais "avec précaution", Joel Naroff, de Naroff Economics Advisors, estime que les mesures de rigueur "ralentiront la croissance cette année, mais ne la tueront pas".Pour son confrère Steven Ricchiuto, de Mizuho Securities, la baisse inattendue de l'indice d'activité de Chicago annoncée par l'association professionnelle ISM prouve que l'économie ne s'améliore pas autant que les marchés voudraient le croire, à l'heure où la Bourse de New York vole de record en record. Hausse des nouvelles inscriptions au chômage Les nouvelles inscriptions au chômage ont accéléré leur hausse aux Etats-Unis, selon des chiffres publiés à Washington par le département du Travail.Le ministère a recensé le dépôt de 357 000 demandes d'allocations de chômage dans le pays du 16 au 23 mars, en données corrigées des variations saisonnières, soit 4,6% de plus que la semaine précédente. Selon leur prévision médiane, les analystes tablaient sur une hausse bien moins prononcée (+0,5%). Le ministère a par ailleurs revu en hausse son estimation de la semaine précédente, qui passe de 336 000 à 341 000 nouveaux chômeurs. La hausse de l'indicateur enregistrée entre le 10 et le 16 mars est donc finalement bien plus marquée qu'initialement annoncée (+2,0% contre +0,6%). L'indicateur s'éloigne ainsi de son plus bas niveau quinquennal, atteint au début du mois de janvier (330 000 demandes d'allocations en une semaine) et qu'il avait frôlé début mars. En moyenne sur un mois, l'indicateur s'affiche lui aussi en hausse (+0,6%) à 343 000 chômeurs, après avoir touché la semaine précédente son plus faible niveau depuis le début du mois de février 2008. Selon le dernier rapport officiel sur la situation de l'emploi aux Etats-Unis, les embauches se sont nettement accélérées en février, et le taux de chômage est tombé de ce mois-là à 7,7%, son niveau le plus faible depuis décembre 2008. Kocherlakota veut que la Fed en fasse davantage contre le chômage La banque centrale américaine (Fed) devrait maintenir son taux directeur quasi nul au moins tant que le taux de chômage officiel des Etats-Unis restera supérieur ou égal à 5,5%, a déclaré un de ses dirigeants, Narayana Kocherlakota.Vu la lenteur prévisible de la décrue du chômage, la Fed ferait bien d'"assouplir encore davantage sa politique monétaire", et elle pourrait le faire "en abaissant le seuil de chômage de 6,5% à 5,5%%", a déclaré M. Kocherlakota, dans un discours transmis à la presse.Depuis décembre, la Fed indique qu'elle maintiendra son taux directeur dans la fourchette de 0 à 0,25% qui lui est assignée depuis décembre 2008 "au moins tant que le taux de chômage restera au-dessus de 6,5%", si cela ne remet pas en cause son objectif d'inflation à moyen terme (2,0% sur un an). Président de l'antenne de la Fed à Minneapolis (Nord), M. Kocherlakota, plaidait dès avant cette date pour un seuil de relèvement possible du taux directeur à partir du franchissement à la baisse de la barre de 5,5% de chômage. Il juge "improbable" que la poursuite d'une telle politique ne fasse dérailler la Fed de son objectif d'inflation. La Réserve fédérale a pour mission d'assurer la stabilité des prix et le plein emploi, lequel correspond selon elle à un taux de chômage compris entre 5,2 et 6,0%, contre 7,7% à l'heure actuelle. En plus de maintenir son taux directeur au plancher, la Fed injecte depuis le début de l'année des liquidités dans le circuit financier, au rythme de 85 milliards de dollars nets par mois, afin de maintenir une pression maximale sur l'ensemble des taux d'intérêt, du plus court au plus long terme. Baisse plus forte que prévu de l'indice ISM Chicago L'activité économique de la région de Chicago a ralenti sa progression en mars, selon l'indice local des directeurs des achats de l'association professionnelle ISM publié en fin de semaine. Après deux mois de hausse, cet indice a reculé de 4,4 points par rapport au mois précédent, pour s'établir à 52,4 en données corrigées des variations saisonnières. L'ISM Chicago, qui avait touché le mois précédent son niveau le plus élevé en onze mois, est retombé à son point le plus bas depuis décembre, et sa chute a été plus forte que le pensaient les analystes dont la prévision médiane ne donnait qu'un léger fléchissement de l'indicateur, à 56,5. L'ISM Chicago mesure la perception que les entreprises de la région ont de la conjoncture. Il passe pour être habituellement un bon baromètre de l'activité au niveau de l'ensemble des Etats-Unis. "Après un début d'année robuste", l'indice ISM "a été frappé par une baisse marquée" de ses composantes mesurant la production et les commandes nouvelles, et un "nouveau plongeon, décevant", de celle mesurant les carnets de commandes, écrit l'ISM dans un communiqué. Pour la première fois depuis 2009, le Sénat américain vote un budget Paralysé par l'obstruction, le Sénat américain n'avait pas voté de budget depuis quatre ans, un exercice formel auquel les sénateurs se sont finalement attelés en adoptant un budget pour l'exercice 2014, qui commence le 1er octobre. Ce budget est plus une déclaration de principe qu'un projet réaliste, car la Chambre des représentants, l'autre moitié du Congrès, est contrôlée par les républicains et n'a aucune intention d'adopter le texte envoyé par les sénateurs. Mais le vote marque la volonté des deux partis de revenir à un fonctionnement normal, après des années de blocage parlementaire qui ont fait chuter la cote de popularité du Congrès. Les démocrates, majoritaires au Sénat, envisagent dans leur texte de nouvelles recettes fiscales de près de 1 000 milliards sur 10 ans --alors que les républicains de la Chambre souhaitent baisser les impôts. Le projet démocrate ne prévoit pas d'équilibre des finances publiques, tandis que les républicains éliminent le déficit d'ici 2023. La chambre a son propre budgetPlus de 100 amendements ont fait l'objet de votes au Sénat, et le texte final n'a été adopté que, par 50 voix contre 49, quatre démocrates votant "non" avec l'opposition républicaine.La Chambre a adopté son propre budget et il est peu probable que les deux versions soient "réconciliées", comme l'exige la longue séquence budgétaire qui commence.La Maison Blanche s'est félicitée du budget adopté par le Sénat qui "va créer des emplois et réduire le déficit de façon équilibrée". "Il est temps à présent que les chefs (des deux partis) se réunissent pour trouver un terrain d'entente", souligne le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney, dans un communiqué."Le président et les démocrates du Congrès sont prêts à faire des choix difficiles pour réduire le déficit tout en mettant en place les fondations pour l'emploi et la croissance à long terme de la classe moyenne", a ajouté M. Carney, regrettant que le texte républicain propose des coupes dans l'éducation et la production industrielle plutôt que d'imposer davantage les plus riches."Ce n'est pas une approche que nous défendons et ce n'est pas une approche que la majorité des Américains défendent", a-t-il insisté.Le vote de la chambre haute "n'a aucun impact car tout le monde sait que les budgets du Sénat et de la Chambre ne seront jamais réconciliés", se lamentait de son côté le républicain John McCain.L'interminable séance avait forcé tous les sénateurs à rester dans l'hémicycle pendant plus de 13 heures d'affilée."C'est un petit peu comme un lavement", soufflait Mark Warner, un démocrate. Mais "c'est l'un des meilleurs du Sénat depuis des années", se félicitait le républicain Mitch McConnell. Le véritable enjeu de ces péripéties budgétaires n'est pas de définir combien l'Etat va dépenser, car ce montant est plafonné par une loi de 2011, mais comment ces crédits seront répartis. Chaque camp a des priorités distinctes, les républicains cherchant à couper des programmes sociaux et à sabrer la grande réforme de la santé de Barack Obama, promulguée en 2010.