Les embauches ont nettement ralenti en janvier, aux Etats-Unis, où le taux de chômage a augmenté pour la première fois depuis octobre, selon des chiffres publiés à Washington par le département du Travail. L'économie américaine a créé officiellement 157 000 emplois de plus qu'elle n'en détruisait ce mois-là, en données corrigées des variations saisonnières, soit bien moins qu'en décembre pour lequel le chiffre des embauches a été revu en hausse de 26%, à 196 000. Bien plus optimistes, les analystes tablaient, selon leur prévision médiane, sur 180 000 créations nettes d'emplois. Les chiffres de janvier sont d'autant plus décevants que le ministère précise qu'en moyenne, 181 000 postes ont été ajoutés à l'économie chaque mois en 2012. Pour le premier mois de l'année, l'emploi a surtout augmenté dans le commerce de détail, le bâtiment et la santé mais a notamment baissé dans le secteur du transport. L'emploi public a reculé officiellement pour le quatrième mois d'affilée (-9 000 postes). Dans ce contexte de faible rythme des créations d'emplois, le taux de chômage a augmenté pour la première fois depuis octobre, passant de 7,8% à 7,9%, alors que les analystes s'attendaient à une légère décrue, à 7,7%. Officiellement, le pays comptait en janvier 12,3 millions de chômeurs, en hausse de 1% par rapport à décembre. Parmi eux, 38,1% sont à la recherche d'un emploi depuis 27 semaines ou plus, selon les données du gouvernement. Ce chiffre occulte toutefois plusieurs millions de chômeurs découragés ou ayant cessé de chercher du travail pour diverses autres raisons. Et selon les données du ministère, huit millions d'actifs sont contraints de travailler à temps partiel faute de pouvoir trouver un emploi à plein temps comme ils le souhaiteraient. Le taux d'activité officiel, mesure du nombre des personnes employées ou cherchant activement du travail par rapport à l'ensemble de la population, est resté stable en janvier à 63,6%, tout juste au-dessus de son niveau du mois d'août (63,5%), le plus faible depuis 1981. Le gouvernement indique d'autre part que le salaire hebdomadaire moyen des salariés du privé a très légèrement progressé de 0,1% par rapport au mois précédent. Le moral des ménages progresse en janvier Le moral des ménages a progressé en janvier aux Etats-Unis, après être tombé en décembre à son plus bas niveau depuis cinq ans, selon une nouvelle estimation de l'indice de confiance des consommateurs américains publiée avant-hier par l'Université du Michigan. Cet indice a progressé de 0,9 point par rapport au mois de décembre, pour s'établir à 73,8 points, alors que la prévision médiane des analystes tablait sur 71,4 points. Une précédente estimation publiée à la mi-janvier donnait cet indicateur en baisse, à 71,3 points seulement. L'activité manufacturière s'accélère en janvier La reprise de l'activité des industries manufacturières s'est accélérée aux Etats-Unis en janvier, selon l'indice des directeurs des achats de ce secteur publié avant-hier par l'association professionnelle ISM. L'ISM manufacturier a progressé de 2,9 points par rapport à décembre pour s'établir à 53,1%, soit au-dessus de la barre de 50,0%, qui marque la frontière entre augmentation et contraction de l'activité. Le chiffre de décembre a été révisé en légère baisse (50,2% au lieu de 50,7%). L'indice de janvier est nettement meilleur que la prévision médiane des analystes, qui le donnait en très légère hausse à 50,5%. L'indice ISM mesure la perception que les directeurs des achats ont de la conjoncture dans leur secteur. Son rebond de janvier décembre a été tiré par une nette progression de ses composantes mesurant les commandes nouvelles, indique l'ISM dans un communiqué. "Le secteur manufacturier commence l'année sur une note positive, ses cinq composantes ressortant au-dessus des 50% en janvier", a noté l'association dans un communiqué. Le Congrès reporte définitivement l'échéance du plafond de la dette Le Congrès américain a définitivement approuvé la veille le report jusqu'en mai de l'échéance du plafond de la dette, donnant plus de trois mois aux démocrates et républicains pour s'entendre sur le budget et éviter une nouvelle crise. Le Sénat a approuvé par 64 voix contre 34 un texte, déjà voté par la Chambre la semaine dernière, autorisant le gouvernement à dépasser la limite légale du plafond de la dette jusqu'au 18 mai et repoussant d'autant la menace d'un défaut de paiement. Ce plafond d'environ 16 400 milliards de dollars a été atteint le 31 décembre, et le Trésor disait qu'il ne disposait que de quelques semaines de marge de manoeuvre, jusqu'à fin-février ou début mars, avant d'être forcé à faire défaut sur ses obligations. Le conflit faisait courir aux Etats-Unis le risque d'une dégradation de leur note de crédit, comme en août 2011, quand l'agence de notation Standard and Poor's a fait perdre à Washington son AAA. Démocrates et républicains vont employer les quelque trois mois devant eux à forger un accord sur le budget de 2013 et les années suivantes. La partie impôts a été réglée le 1er janvier, lors des négociations sur le mur budgétaire qui s'étaient achevées au petit matin. Mais la question des dépenses et du déficit continue de diviser Washington. Les républicains, déjà frustrés de l'accord du mur budgétaire, exigent de profondes coupes budgétaires, notamment dans les mammouths que représentent la retraite (Social Security) et les assurances santé pour les plus de 65 ans (Medicare) ou les plus pauvres (Medicaid). Pour forcer leurs collègues du Sénat à accélérer les débats, les républicains de la Chambre ont introduit une clause dans la loi: les salaires des sénateurs seront retenus à partir du 15 avril et jusqu'à ce que les sénateurs votent un budget pour l'exercice fiscal 2014. Mustapha S.