L'agriculture connaît actuellement un nouveau souffle avec la relance du secteur par la mise en œuvre des programmes de renouveau agricole, rural et de contractualisation au niveau de filières stratégiques qui commencent à donner des résultats appréciables en termes notamment de la croissance de la production et de la productivité, selon le directeur Amine Bensemmane, président de la fondation Filaha Innove, rencontré hier au siège d'ALGEX (Agence algérienne de promotion du commerce extérieur) en marge de la conférence sur la présentation de la 13éme édition du salon international de l'élevage, du machinisme et de l'agroalimentaire (SIPSA-AGROFOOD) qui ouvrira ses portes du 15 au 18 mai prochain au Palais des Expositions d'Alger. Il n'a pas manqué de souligner la nouveauté de l'édition 2013 qui porte, dit-il, sur l'introduction d'un concours de performances des animaux, selon les races laitières comme les bovins laitiers de races Holstein, Montbeliarde, Normande et Fleckvieh, dans le but de renforcer, a-t-il ajouté, l'intérêt de la politique du renouveau dans la filière lait et viande et susciter aussi un accompagnement des éleveurs et investisseurs dans cette filière ainsi que l'intérêt pour l'élevage de bovin laitier et alaitant. Et M Bensemmane s'est également étalé, dans cet entretien, sur la question de l'importance de l'organisation des salons agricoles, mais en termes notamment de création des relations de partenariat et d'investissements en Algérie ainsi que de transfert de savoir-faire et des technologies au profit des agriculteurs et industriels algériens. Ainsi ces manifestations agricoles et économiques doivent contribuer, dit-il, à la réduction de la facture des importations et permettre l'émergence d'une production nationale concurrentielle et non seulement à convoiter le marché algérien pour encourager les importations… Entretien réalisé par Meziane Atmani Le Maghreb : C'est quoi l'événement d'aujourd'hui ?
M. Amine Bensemmane : Il s'agit de la présentation du 13éme salon international SIPSA-AGROFOOD car nous avons une jonction entre les deux mondes : le monde de la production qui est l'agriculture et tout ce que peut ramener l'agriculture comme produits de base et de matières premières ; mais aussi la transformation et la grosse industrie. C'est l'aval. Donc nous voulons valoriser les produits nationaux qui proviennent de l'agriculture algérienne. Puisque les potentialités nationales existent, il faut faire cette jonction avec l'interprofession et les professionnels qui sont en train de s'organiser par filières. C'est pour cette raison que nous souhaitons mettre en valeur cette préférence nationale. C'est l'avenir de notre pays et de notre économie nationale ainsi que l'avenir de notre sécurité alimentaire. Ainsi au cours de cette édition 2013 nous allons organiser le 4éme forum du lait et fromage, process et technologies avec la collaboration des organisations interprofessionnelles et des producteurs utilisant le lait collecté pour la transformation. Une dégustation " foire aux fromages " sera ouverte au grand public sous le chapiteau les vendredi 17 et samedi 18 mai avec à la clé un label, le premier trophée FIPLAIT 2013 dans le cadre de la valorisation des produits laitiers, lait, fromages à pâtes dure et molle ainsi que les yaourts et boissons lactés.
Pensez-vous que les salons qui s'organisent un peu partout en Algérie vont dans le sens de la promotion de la préférence nationale ?
On voit maintenant des salons qui s'orientent vers l'agriculture ; or ils étaient auparavant dans les domaines du chocolat ou de boulangerie. Maintenant ils s'orientent vers l'agriculture. Pourquoi ? Parce qu'ils voient qu'il y a un marché, même s'il s'agit de gros équipements, le machinisme agricole, cela n'a rien à voir avec un salon, destiné à l'origine, à la boulangerie. Donc cela les intéresse. Et ce marché existe de par les potentialités nationales qui ont été développées depuis 13 ans. Ce marché va aussi alourdir la facture de la balance commerciale car on ne veut valoriser que les produits nationaux. Par exemple dans le domaine du machinisme agricole, on produit maintenant en Algérie des tracteurs et on fait du montage. Nous produisons donc de la valeur ajoutée qui sert l'économie nationale. Il ne faut pas seulement se focaliser sur les achats et importations, mais aller vers la production nationale et la promotion de la préférence nationale. Certains événements axent les objectifs dans ce sens et d'autres non. Il y a donc des événements organisés en Algérie par des étrangers avec des nationaux pour vendre aux Algériens ; c'est tout. Pour nous, il s'agit d'utiliser les potentialités nationales pour la préférence nationale. Et c'est ça AGROFOOD.
Que pensez-vous du séminaire sur la sécurité alimentaire qui s'ouvre aujourd'hui à Alger ?
Effectivement ce séminaire s'ouvre à Alger et pour lequel nous sommes invités ! C'est le FCE, notre partenaire qui organise ce séminaire international sur la sécurité alimentaire. C'est ce que nous allons, nous aussi, développer au cours de cette conférence par la fondation Filaha Innove qui axe sur deux points importants, les céréales et le lait. Cette filière industrielle des céréales qui dépend un peu de l'étranger doit, bien entendu, se développer, pour ne plus dépendre des aléas de l'étranger. Nous avons des potentialités importantes avec la mise en œuvre de la politique du renouveau agricole et rural qui a réalisé une bonne production agricole dans le domaine des céréales où on voit une réduction sensible dans la facture des importations ; avec notamment la contribution du club des 50. C'est la même chose pour le lait qui enregistre aussi des améliorations sensibles. C'est quand même scandaleux de constater que l'Algérie est le 2éme gros importateur de la poudre de lait. Donc par la promotion de l'installation des vaches en Algérie et de l'élevage, on est arrivé à réduire la facture des importations de la poudre de lait ; même s'il faut subventionner les éleveurs algériens et non des éleveurs étrangers. C'est ça la sécurité alimentaire, pouvoir se nourrir en Algérie d'une façon autonome avec nos propres moyens et sans recourir à l'étranger.