L'heure est critique: le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé, hier, à Pékin pour tenter de convaincre les autorités chinoises de hausser le ton sans délai avec la Corée du Nord et d'œuvrer au difficile dégel entre Séoul et Pyongyang. Après une étape à Séoul où il a réaffirmé le plein soutien de Washington à son allié sud-coréen, John Kerry s'est entretenu dans la capitale chinoise avec le ministre des Affaires étrangères Wang Yi et le président Xi Jinping. Il y a manifestement d'énormes défis à venir, et je me réjouis d'avoir cette conversation avec vous aujourd'hui, a-t-il déclaré à Wang, lequel a convenu que leur entretien survenait à un moment critique de la crise. L'heure est critique, a également estimé John Kerry en étant reçu par le président Xi. Monsieur le président, l'heure est assurément critique avec des défis très difficiles à surmonter, dont les problèmes dans la péninsule coréenne, a dit M. Kerry en citant aussi l'Iran et son armement nucléaire, la Syrie et le Moyen-Orient. Les relations entre le Nord et le Sud peuvent s'améliorer Sans désigner explicitement la Corée du Nord, le président chinois Xi, avait mis en demeure Pyongyang la semaine dernière de ne pas précipiter (la péninsule coréenne) dans le chaos. Selon le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, qui a rencontré les dirigeants chinois la veille à Pékin, ces derniers sont très préoccupés par la situation. Ils lui ont assuré, a-t-il dit, qu'ils faisaient le maximum d'effort pour que la tension soit réduite. Affichant la fermeté de Washington face aux menaces, John Kerry a parallèlement apporté son soutien à la main tendue par Séoul à Pyongyang. Issue de la droite conservatrice traditionnellement hostile au régime communiste, la présidente Park a déclaré la veille à Séoul que la Corée du Sud était disposée à écouter ce que la Corée du Nord a à dire. La présidente Park a été élue avec une vision différente des opportunités de paix et nous saluons cette vision, a expliqué John Kerry. Nous sommes prêts à travailler avec la conviction que les relations entre le Nord et le Sud peuvent s'améliorer et peuvent s'améliorer très vite. Dans un signe d'apaisement, les Etats-Unis ont annulé la semaine dernière un tir d'essai de missile balistique intercontinental depuis la Californie (ouest). C'est dans le même esprit que John Kerry a renoncé à visiter en Corée du Sud le village frontalier de Panmunjom où a été signé l'armistice à l'issue de la Guerre de Corée (1950-53). Après la Chine, John Kerry se rendra au Japon, menacé la veille par le régime nord-coréen de flammes nucléaires après que Tokyo eut déployé des batteries antimissile et ordonné à l'armée de détruire tout missile nord-coréen qui menacerait le territoire nippon. Kerry a indiqué espérer que la Chine, le Japon et les Etats-Unis parviendraient à l'unité requise pour proposer des solutions d'action. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'est pour sa part déclaré favorable à des discussions à six sur la Corée du Nord en Suisse, comme les Suisses l'ont proposé. Ces discussions entre la Chine, la Corée du Sud, la Corée du Nord, la Russie, les Etats-Unis et le Japon se sont tenues à six reprises de 2003 à 2007. Mais en 2009 Pyongyang a annoncé son retrait de ce cadre de discussions, après des sanctions des Nations unies pour son programme nucléaire. Un nouveau tir nord-coréen serait une "énorme erreur" Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a mis en garde la Corée du Nord la veille contre la tentation d'un tir de missile, qui serait "une énorme erreur". De son côté, Pyongyang menace le Japon d'une frappe nucléaire s'il intervenait. John Kerry a apporté son plein soutien à son allié sud-coréen. Il a qualifié d'inacceptable la rhétorique belliqueuse du Nord et encouragé la Chine, à calmer son voisin. "Si Kim Jong-un décide de lancer un missile, que ce soit à travers la mer du Japon ou dans une autre direction, il choisira d'ignorer la totalité de la communauté internationale", a déclaré John Kerry lors d'une conférence de presse. C'était à Séoul, lors de la première étape de sa tournée en Asie. Pyongyang menace le Japon Via un éditorial publié la veille par la presse officielle, Pyongyang a menacé le Japon de "flammes nucléaires". Il a qualifié de "provocatrices" les déclarations de Tokyo sur son intention d'intercepter un missile lancé par Pyongyang et qui menacerait le territoire nippon. Le ministère japonais de la Défense a indiqué qu'il prendrait "toutes les mesures possibles pour répondre à tout type de scénario". Tokyo a donné l'autorisation formelle aux forces d'auto-défense de détruire tout missile nord-coréen qui menacerait le territoire nippon. Tokyo a par ailleurs annoncé l'installation de missiles Patriot dans le centre de Tokyo et autour de la capitale. Il a aussi prévu le déploiement de destroyers en mer du Japon.