Un compromis a été trouvé entre les Etats-Unis et le Maroc sur la question des droits de l'homme au Sahara occidental, Washington abandonnant l'idée de l'inclure formellement dans le mandat de l'ONU, ont indiqué des diplomates. Comme tous les ans, les membres du Conseil de sécurité doivent renouveler avant fin avril le mandat de la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso). Les Etats-Unis avaient d'abord présenté un projet de résolution qui chargeait la Minurso d'enquêter sur les droits de l'homme, au grand dam de Rabat. Finalement le texte que les Etats-Unis ont mis au point, et qui devrait être voté aujourd'hui, mentionne la nécessité d'encourager au respect des droits de l'homme mais sans l'inclure dans le mandat. Les droits de l'homme seront davantage mentionnés dans le texte que l'an dernier et le texte encourage des efforts et des progrès dans ce domaine, a indiqué un diplomate au courant des négociations. C'est une manière d'avertir les Marocains que la communauté internationale surveille davantage la situation au Sahara occidental, a souligné un autre diplomate. L'an dernier le Conseil avait prolongé le mandat de la Minurso tout en demandant au Maroc d'améliorer la situation. Le gouvernement marocain avait réagi très vivement au premier texte américain et a fait pression sur les membres du groupe des amis du Sahara occidental (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Espagne). C'est ce groupe qui doit soumettre formellement le projet de résolution au Conseil. Rabat avait rejeté catégoriquement des initiatives visant à dénaturer le mandat de la Minurso et un exercice militaire conjoint auquel s'apprêtaient à participer 1 400 soldats américains et 900 Marocains avait été reporté sine die. Des organisations de défense des droits de l'homme et un envoyé spécial de l'ONU ont accusé les autorités marocaines de torture de militants sahraouis qui luttent pour l'indépendance du territoire. C'est une occasion manquée et une déception de voir les Etats-Unis reculer devant les Marocains, qui ont réagi avec excès, a déclaré le directeur pour l'ONU de Human Rights Watch, Philippe Bolopion. Le compromis de cette année ne pourra tenir que si le Maroc autorise des visites régulières d'experts des droits de l'homme de l'ONU au Sahara occidental. Le Maroc a annexé le Sahara occidental en 1975, au départ du colonisateur espagnol. Le front Polisario a pris les armes pour obtenir l'indépendance jusqu'à ce que l'ONU impose un cessez-le-feu en 1991. Le Polisario, demande que l'ONU soutienne l'organisation d'un référendum d'auto-détermination du territoire, alors que le Maroc propose une large autonomie. Le représentant du Polisario auprès de l'ONU, Ahmed Boukhari, a fait valoir qu'en fin de compte l'initiative américaine restera d'actualité, même si Washington édulcore son projet. Cette affaire, a-t-il déclaré, a montré le vrai visage du Maroc et de ceux qui pensent avoir créé la notion même de droits de l'homme, une allusion transparente à la France que le Polisario accuse de soutenir Rabat.