Le projet de résolution déposé par les Etats-Unis au Conseil de sécurité et auquel la France ne compte pas s'opposer, semble mettre le palais royal dans tous ses états. Les Etats-Unis, qui disent soutenir Ross dans sa mission au Sahara occidental, veulent l'élargissement des prérogatives de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme au Sahara occidental et qui sont bafoués quotidiennement par les services de sécurité marocains. Human Rights Watch a déclaré, hier, dans une lettre adressée aux quinze membres du Conseil de sécurité, que les membres du Conseil de sécurité devraient charger les Nations unies de surveiller les violations des droits humains au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de la région de Tindouf en Algérie. Le Conseil doit voter, courant avril 2013, le renouvellement du mandat de la mission de maintien de la paix de l'ONU au Sahara occidental, connue sous le nom de Minurso. «Le Conseil de sécurité devrait mettre fin à l'anomalie qui veut que la Minurso mène des activités de déminage et des patrouilles frontalières, mais n'ait aucun mandat pour rendre compte de la violence policière, des procès injustes ou des restrictions du droit de rassemblement auxquels sont systématiquement confrontés les habitants du Sahara occidental», a déclaré Philippe Bolopion, directeur du plaidoyer auprès de l'ONU à Human Rights Watch. Le Secrétaire général de l'ONU et le Rapporteur spécial sur la torture ont tous deux, récemment, appelé à une surveillance accrue des droits humains au Sahara occidental. Les abus commis par le Maroc au Sahara occidental visent tout particulièrement les Sahraouis plaidant pour une autodétermination ou une indépendance du territoire. Les autorités violent leur droit à manifester pacifiquement et à créer des associations, et des militants ont été torturés puis emprisonnés à l'issue de procès non équitables. Des sources diplomatiques ont indiqué à Human Rights Watch que les Etats-Unis ont incorporé, dans le projet de résolution de 2013, des formulations qui pourraient permettre à l'ONU de surveiller les droits humains au Sahara occidental et de publier des rapports sur le sujet. Le projet de texte demande aussi au Secrétaire général de garantir que les agences de l'ONU adéquates puissent surveiller et émettre des rapports sur les droits humains dans les camps de réfugiés de la région de Tindouf, en coopération avec l'Algérie. «Le mandat élargi de la Minurso devrait inclure la tâche de surveiller la situation des droits humains non seulement au Sahara occidental, mais aussi dans les camps de réfugiés sahraouis situés de l'autre côté de la frontière, en Algérie, dont les habitants vivent de façon relativement isolée», a écrit Human Rights Watch dans sa lettre. En effet, le Front Polisario a pris des mesures pour punir des résidents des camps qui critiquaient ses dirigeants ou soutenaient le plan d'autonomie du Maroc. «La mission de maintien de la paix au Sahara occidental aurait dû inclure depuis longtemps un mandat de surveillance des droits humains, qui améliorerait les mécanismes de protection des droits humains, tout en dissuadant les parties en présence de déformer les allégations de violations pour servir leurs propres objectifs politiques», a conclu Philippe Bolopion. «Les membres du Conseil de sécurité ne devraient pas laisser passer cette opportunité historique d'aligner la Minurso avec les autres missions modernes de maintien de la paix, bâties sur l'idée que les droits humains font partie intégrante du travail de l'ONU.» Ces développements dus aux multiples alertes lancées par des ONG et autres organismes de la société civile européenne, effraient les autorités marocaines qui ne manqueront pas de faire bouger leurs lobbies afin de faire échouer ce projet de résolution. A. G.