Le nombre de chômeurs dans la catégorie phare a battu son record en mars, passant à 3 224 600, augmentant ainssi pour le 23e mois consécutif, selon les chiffres publiés avant-hier, par le ministère du Travail. Le précédent record datait de janvier 1997 (3 195 500). Face à cette hausse continue, François Hollande et son gouvernement conservent l'objectif de faire reculer le chômage d'ici fin 2013, une mission impossible selon de nombreux économistes du fait d'une croissance économique nulle. "Ce que je veux, c'est que les Français puissent se rassembler sur cette seule cause nationale, la lutte contre le chômage. C'est le seul rassemblement qui convienne", a-t-il dit, avant-hier, lors d'une visite officielle en Chine. Le nombre de chômeurs inscrits en catégorie A (ceux qui n'ont pas travaillé), la plus observée, a augmenté de 36 900 en France métropolitaine (+1,2%). Sur un an, il progresse de 11,5%. En tenant compte des personnes exerçant une activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d'emploi a progressé de 0,7% le mois dernier, soit 34 400 personnes, pour atteindre 4 741 100, en hausse de 9,8% sur un an. En incluant les départements d'Outre-mer, il a dépassé la barre symbolique de 5 millions, à 5 033 600 personnes. "Cette situation est le résultat d'une hausse ininterrompue depuis maintenant 5 ans (58 mois de hausse au cours des 60 derniers mois en catégories A+B+C, 52 mois en catégorie A)", souligne le ministère du Travail dans un communiqué. Le ministre du Travail, Michel Sapin, met en garde contre les comparaisons historiques, en soulignant que la population active a augmenté de 3 millions de personnes depuis 1997. Vers une nette hausse du taux de chômage En pourcentage de la population active, le chômage s'est établi à 10,2% au quatrième trimestre 2012 en métropole (10,6% avec les départements d'Outre-mer), son plus haut niveau depuis 1999. Les chiffres du premier trimestre seront publiés le 6 juin. Le taux de chômage le plus élevé enregistré en France est de 11,3%, en février 1997 et de mars à mai 1994. A titre de comparaison, le taux de chômage a atteint un record en Espagne à 27,2%, soit 6,2 millions de personnes, selon les chiffres publiés. En France, le nombre de jours passés en moyenne au chômage a également battu son précédent record, à 485 jours pour les catégories A, B, C, contre 482 en février. Le nombre de chômeurs inscrits depuis plus d'un an en catégories A, B, C a augmenté de 1,1% en France métropolitaine (+15,1% sur un an). Pour la CGT, "les timides mesures censées favoriser l'emploi des jeunes ne démontrent pas leur efficacité". "Les emplois d'avenir peinent à exister dans le secteur non marchand. Les aides aux entreprises concluant des contrats de génération n'ont pour effet que l'aubaine d'une main d'œuvre bon marché", écrit le syndicat, tout en critiquant la future loi transposant l'accord de janvier sur le marché du travail. Force ouvrière, l'autre syndicat non signataire de cet accord, estime que "la loi sur la 'sécurisation de l'emploi' non seulement va faciliter les ruptures de contrat, mais ne réglera pas le problème du chômage". Julien Manceaux, économiste chez ING, estime quant à lui qu'"il y a clairement besoin d'aller plus loin dans le domaine des réformes structurelles pour soutenir l'emploi dans le futur". Pour Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas, "de telles réformes, bien qu'elles ne soient pas dans le programme de Hollande et qu'elles soient souvent impopulaires, sont la seule façon d'inverser la tendance sur le marché du travail". Les plus âgés restent les plus touchés La vigueur de la démographie française se traduit par une progression régulière de la population active, qui impose au pays de créer quelque 200 000 emplois par an pour faire reculer le chômage, soulignent des économistes, ce qui est impossible tant que la croissance n'atteint pas au minimum 1% à 1,5%. La Commission européenne prévoit que le taux de chômage continuera à progresser cette année et l'an prochain pour atteindre respectivement 10,7% et 11,0%. L'OCDE prévoit quant à elle des taux de 11,0% cette année et 11,2% en 2014, et le Fonds monétaire international 11,2% et 11,6%. Comme les mois précédents, les travailleurs les plus âgés ont été les plus touchés par la hausse du chômage en mars, et dans une moindre mesure les plus jeunes. Le nombre de demandeurs d'emploi de 50 ans et plus a ainsi augmenté de 1,3% en catégorie A en métropole (+17,0% sur un an) et de 1,1% en A, B, C (+15,2% sur un an). Ceux de moins de 25 ans ont vu leur nombre augmenter de 1,3% en A, et de 0,8% en A, B, C, soit des hausses respectives de 10,9% et 9,8% sur un an. Les offres collectées par Pôle emploi ont diminué de 6,0% le mois dernier (-18,2% sur un an).