Le nombre de demandeurs d'emploi sans activité en France a continué d'augmenter en février pour le 22e mois consécutif, pour atteindre 3,187 millions d'inscrits en métropole frôlant, sans le dépasser, le pic de 1997, selon les chiffres publiés avant-hier par le ministère du Travail. Le président François Hollande a toutefois assuré qu'il maintenait son objectif d'inverser la courbe du chômage d'ici à la fin 2013. Ce n'est pas simplement un problème de conviction, c'est une volonté, un objectif et je m'y tiendrai, a-t-il assuré. En baisse continue dans les sondages, le président français va tenter jeudi d'expliquer le cap de ses réformes aux Français, lors d'une intervention de 45 minutes sur la chaîne publique France 2. Quelque 3,187 millions de personnes sont inscrites au chômage en métropole, s'approchant du record historique de janvier 1997 (3,195 millions). Les demandeurs d'emploi sans activité ont augmenté de 18.400 en février (0,6%). Sur un an, la hausse est de 10,8%. En incluant les personnes ayant une activité réduite et l'outre-mer, le nombre de chômeurs atteignait presque 5 millions (4,997 millions) à la fin février, un record absolu. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, a lancé avant-hier à l'Assemblée nationale un appel à une mobilisation générale pour l'emploi, se déclarant préoccupé, quelques heures avant la publication de ces chiffres. Le chômage augmente dans notre pays depuis juillet 2008, a souligné M. Ayrault qui a exhorté les entreprises, les collectivités locales et les associations à user des différents dispositifs récemment mis en oeuvre, comme les contrats d'avenir ou de génération. L'OCDE entrevoit une stabilisation fin 2013 du taux de chômage autour de 10,9% de la population active (11,25% DOM compris). Si cette prévision se vérifiait, le record en métropole (10,8%), enregistré en 1994 et 1997, serait dépassé. Le moral des ménages encore en berne, miné par les incertitudes Le moral des ménages a encore plongé en mars sous l'effet du pessimisme plus marqué que jamais des Français concernant leur niveau de vie futur, lié selon des économistes au manque de visibilité sur l'impact des réformes pour assainir les finances publiques. L'indicateur qui synthétise la confiance des ménages a baissé de deux points en mars par rapport à février pour retrouver son niveau de novembre dernier, à 84 points soit bien inférieur à sa moyenne de longue période (100 points), selon les données publiées avant hier par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). "Cette baisse est décevante", a commenté Hélène Baudchon, économiste de BNP Paribas, qui s'est "un peu étonnée" du terme "légèrement" employé par l'Insee pour qualifier cette baisse. "Ce terme ne me paraît pas tout à fait approprié car une baisse de deux points, c'est tout de même important surtout que l'ensemble des composantes sont mal orientées", a-t-elle poursuivi. "Il y a une dégradation assez généralisée de l'opinion des ménages". Pour Michel Martinez, économiste en chef France de la Société Générale, si le mouvement de dégradation "n'est pas étonnant, son ampleur est un peu supérieure à ce que l'on attendait". Un élément a particulièrement plombé la statistique de mars: l'opinion des ménages sur le niveau de vie futur en France qui a reculé de cinq points en un mois pour atteindre "son minimum historique", a relevé l'Insee. Les ménages se sont également montrés encore plus pessimistes qu'en février sur leur situation financière personnelle, passée et future (-2 points). "Minuscule point positif" Dans ce climat de déprime de la confiance, Mme Baudchon est parvenue à déceler un "minuscule point positif" avec le jugement des Français sur l'opportunité de faire des achats importants, le seul à ne pas s'être détérioré (+1 point). Mais il ne parvient pas à compenser la tendance. Dans le même temps, les Français ont été plus nombreux à considérer opportun d'épargner (+6 points) tout en revoyant à la baisse leur appréciation de leur capacité à épargner dans les mois à venir (-3 points). Dans ce contexte morose, ils ont été plus nombreux en mars à s'attendre à une nouvelle augmentation du chômage: le solde correspondant gagne de nouveau trois points et atteint son plus haut niveau depuis juillet 2009. Mais la déprime des ménages ne devrait pas s'éterniser, ont estimé les économistes: Michel Martinez s'attend à une "oscillation autour de 84 points" jusqu'à l'an prochain, et Hélène Baudchon anticipe "un retour progressif de la confiance". "C'est un niveau qui va durer au moins jusqu'en 2014" du fait de la poursuite des efforts de resserrement budgétaire qui vont "peser sur la croissance pendant environ 18 mois", a expliqué M. Martinez. "Ce n'est pas une situation qui va être favorable pour le moral des ménages". De son côté, Mme Baudchon, a estimé que ce sont surtout les nombreuses incertitudes concernant le rythme et l'ampleur des réformes dans le cadre de la rigueur budgétaire qui affectent la confiance des ménages. Dans un contexte de mauvaise situation économique et de détérioration du marché du travail, "les ménages veulent savoir à quelle sauce ils vont être mangés" en particulier sur la hausse de la pression fiscale et sur la refonte des prestations comme les allocations familiales et la retraite. "Au fil du temps, les réformes et leurs effets vont se préciser, les ménages y verront plus clair et la confiance reviendra", a-t-elle fait valoir.