La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a maintenu sa politique de soutien exceptionnel à l'économie américaine, pointant l'impact des coupes budgétaires dans le pays, et a même laissé la porte ouverte à une intensification de son action anti-crise. "La politique budgétaire freine la croissance économique", a indiqué le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) à l'issue d'une réunion entamée mardi à Washington, marquant un changement notable avec son précédent diagnostic. Lors de sa dernière réunion fin mars, les douze membres du FOMC avaient simplement noté que la politique budgétaire américaine était devenue "quelque peu restrictive". Depuis début mars, des coupes automatiques sont entrées en vigueur aux Etats-Unis où elles menacent d'amputer la croissance du produit intérieur brut (PIB) de 0,5 à 0,6 point de pourcentage, selon les estimations. Dans son communiqué, la Banque centrale continue par ailleurs de brosser un tableau contrasté de l'économie américaine. Elle note certes que l'activité a crû à un rythme "modéré" et salue la progression de la consommation des ménages et la bonne tenue du secteur immobilier. Mais sur l'emploi, qui figure en tête de ses priorités, la Fed note que le taux de chômage reste "élevé" (7,6% en mars) en dépit de léger signes d'amélioration apparus "ces derniers mois". Dans ce contexte, et conformément aux attentes des analystes, la Fed a opté pour le statu quo. Elle a ainsi réitéré son engagement à maintenir le taux directeur de la Réserve fédérale dans la fourchette de 0 à 0,25%, qui lui est assignée depuis décembre 2008, tant que le taux de chômage continuera de dépasser 6,5% et si cela ne compromet pas son objectif d'inflation à moyen terme, fixé à 2,0% sur un an. Prête à accélérer ou à ralentir La Fed a également confirmé la poursuite de ses injections de liquidités dans le circuit financier au rythme de 85 milliards de dollars nets par mois, via notamment le rachat de bons du Trésor américain à hauteur de 45 milliards de dollars. Fait nouveau, elle a ajouté qu'elle se tenait prête à "accélérer ou ralentir" le rythme de ces achats d'actifs en fonction des évolutions sur le sur le front de l'emploi et de l'inflation, relançant le débat récurrent sur la durée de vie de cette mesure. A en croire les minutes de la réunion de la Fed en mars, une majorité de dirigeants étaient alors favorables à une baisse progressive du rythme des rachats d'actifs afin de mettre un terme à ce programme d'ici à fin décembre. "La Fed a mis les choses au clair aujourd'hui en affirmant qu'il n'y avait pas de calendrier à court terme pour mettre à terme à sa politique monétaire agressive", a souligné Joel Naroff, de Naroff Economics. Selon Mei Li, de FTN Financial, cette petite phrase pourrait même annoncer "une montée en puissance" de l'action anti-crise de la Fed à l'heure où l'inflation a chuté et où certains indicateurs économiques se sont révélés décevants. D'après Jason Schenker, de Prestige Economics, la Fed a ainsi montré "énergiquement" qu'elle "était prête à faire davantage si l'économie s'affaiblissait encore davantage".