La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a noté mercredi dernier, sans s'en inquiéter, la stagnation de la croissance économique aux Etats-Unis et a maintenu l'ensemble de ses mesures d'exception destinées à soutenir la reprise. Quelques heures après la surprise créée par l'annonce du gouvernement selon laquelle le produit intérieur brut du pays a reculé de 0,1% en rythme annualisé au quatrième trimestre, la Réserve fédérale a estimé que cette "pause" dans la croissance était due "en grande partie" à des perturbations météorologiques et des facteurs passagers. Le communiqué publié par le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) à l'issue de deux jours de réunion à Washington est résolument plus optimiste pour l'économie américaine qu'à la fin de sa rencontre précédente, le 12 décembre, même si la Fed note toujours l'existence d'un certain nombre de "risques" pour la croissance, notamment en provenance d'Europe. Le FOMC table sur une poursuite de la reprise à un rythme lent et une décrue graduelle du taux de chômage officiel, qui atteignait 7,8% en décembre, et pourrait tomber à 7,7%, compte tenu de la progression des embauches révélée mercredi par l'enquête mensuelle de la société ADP sur l'emploi privé. Mais ce niveau reste trop élevé pour la Fed, d'où sa décision de maintenir sa politique monétaire ultra-accommodante. La banque centrale continuera donc de racheter sur les marchés des obligations d'Etat américaines et des titres adossés à des créances immobilières pour un montant total de 85 milliards de dollars par mois jusqu'à nouvel ordre. Ces achats exceptionnels dureront "tant que la perspective du marché du travail ne s'améliorera pas nettement", rappelle le FOMC, et le taux directeur de la Fed restera entre 0 et 0,25% tant que le taux de chômage officiel restera au-dessus de 6,5%, que les perspectives d'inflation à moyen terme ne dévieront pas de plus d'un demi-point au-dessus de l'objectif de la Fed (2,0%) et que les attentes d'inflation à long terme resteront stables. Maintenir une pression maximale sur les taux Compte tenu des prévisions de la Fed, et si l'inflation reste maîtrisée sans présenter de risques d'emballement à terme, ce qui est le cas pour l'instant selon l'opinion majoritaire du Comité, le taux directeur devrait rester jusque mi-2015 dans la fourchette de fluctuation qui lui est assignée depuis plus de quatre ans. Toutes ces mesures ont pour but de maintenir une pression maximale sur l'ensemble des taux d'intérêt, du plus court au plus long terme, afin de favoriser l'investissement, la consommation et le marché du logement et, in fine, de hâter la reprise du marché de l'emploi. "On maintient le cap même si la situation s'améliore" depuis le début de l'année, commente Joel Naroff, économiste de Naroff Economic Advisors. Mais pour son confrère Michael Gapen, de la banque Barclays, les perspectives économiques du pays sont encore "bouchées" par "l'incapacité des responsables politiques à prendre des décisions budgétaires importantes autrement qu'à la dernière minute". Selon lui, la croissance économique américaine ne devrait atteindre que 1,5% au premier semestre, alors qu'elle a été officiellement de 2,2% sur l'ensemble de 2012. Si ce pronostic s'avère, la décrue du chômage risque de marquer un palier. Vu la situation actuelle, estime M. Gapen, il y a peu de risques que la politique de la Fed soit modifiée avant l'été. Hausse des dépenses des ménages inférieure à celle des revenus Les dépenses de consommation des revenus des ménages aux Etats-Unis se sont tassées en décembre et leur progression a été bien plus faible que celle des revenus des Américains, selon des chiffres publiés avant-hier à Washington par le département du Commerce. La consommation des ménages a progressé de 0,2% en rythme annualisé, en données corrigées des variations saisonnières, a indiqué le ministère, alors que la prévision médiane des analystes la donnait en hausse de 0,3%. Elle se tasse légèrement par rapport au mois précédent où elle avait gagné 0,4%. Selon le ministère, les revenus des ménages ont augmenté en décembre pour le huitième mois d'affilée, bondissant de 2,6%, alors que les analystes ne s'attendaient qu'à une hausse de 0,7%. Ils ont été "dopés" par une accélération du paiement de bonus et de primes "dans l'attente de changements dans le taux d'imposition" liés au débat budgétaire aux Etats-Unis, explique le ministère dans un communiqué. Il a par ailleurs révisé à la hausse de 0,4 point la progression de décembre qui est désormais évaluée à 1%. Avec une inflation nulle en décembre par rapport au mois précédent, la consommation réelle a progressé de 0,2% tandis que le revenu disponible réel a augmenté de 2,8%. L'inflation a ralenti sur un an en décembre à 1,3% L'inflation a légèrement ralenti aux Etats-Unis en décembre, où elle a atteint 1,3% sur un an, selon l'indice des prix associés aux dépenses de consommation des ménages (PCE) publié avant-hier par le département du Commerce à Washington. La hausse des prix, qui avait atteint 1,4% en novembre, reste inférieure à l'objectif de la banque centrale des Etats-Unis (Fed), qui souhaite une inflation de 2,0% sur un an à moyen terme. Hors alimentation et énergie, l'inflation dite sous-jacente a elle aussi ralenti à 1,4% en décembre, après avoir atteint 1,5% le mois précédent, selon les chiffres du gouvernement. Par rapport au mois précédent, indique le ministère, les prix sont restés stables après avoir reculé le mois précédent (-0,2%) pour la première fois en six mois. Sur un mois, l'inflation sous-jacente a elle aussi été nulle, alors que la prévision médiane des analystes tablait sur une légère hausse de 0,1%. L'indice PCE sert de référence à la Fed pour la conduite de la politique monétaire américaine. Hausse du nombre de nouveaux chômeurs Les nouvelles inscriptions au chômage sont reparties à la hausse la semaine dernière aux Etats-Unis après être retombées à leur plus bas depuis cinq ans, selon des chiffres publiés avant-hier par le département du Travail. Le ministère a recensé le dépôt de 368 000 demandes d'allocations de chômage dans le pays pendant la semaine achevée le 26 janvier, en données corrigées des variations saisonnières soit 11,5% de plus que la semaine précédente. Cette hausse est supérieure aux attentes des analystes dont la prévision médiane donnait cet indicateur à 345 000 nouveaux chômeurs. En moyenne sur un mois, l'indicateur du ministère apparaît quasiment stable, à 352 000 demandes d'allocations de chômage hebdomadaires (contre 351 750 une semaine plus tôt). Cette mesure permet de se faire une idée plus précise de la tendance de l'indicateur, en lissant les aspérités liées à ses mouvements hebdomadaires provoquées notamment, comme en chaque début d'année, par une forte variation du facteur saisonnier d'une semaine à l'autre. Le taux de chômage officiel des Etats-Unis est resté en décembre à 7,8%, son niveau le plus faible en quatre ans et les derniers chiffres du gouvernement montrent que l'emploi dans le pays a connu en 2012 sa progression la plus forte en six ans (+1,4%). Mustapha S.