Les prix du pétrole ont terminé en baisse, avant-hier, à New York, minés par un fort renchérissement du dollar, un regain d'inquiétudes sur la demande mondiale de brut et l'annonce par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) d'une hausse de sa production. Le baril de Light sweet crude (WTI) pour livraison en juin a fini en recul de 35 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 96,04 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a terminé à 103,91 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 56 cents par rapport à la clôture de la veille. Le prix du WTI et du Brent sont descendus en cours de séance d'environ 3 dollars mais se sont repris en toute fin de journée car les investisseurs ont sans doute considéré que la chute était trop forte et ne voulaient pas partir en week-end en pariant trop fort à la baisse, a souligné Robert Yawger, de Mizuho Securities USA. Le marché du pétrole a quand même été fragilisé par les mouvements du dollar, selon John Kilduff, de Again Capital. Encouragé par l'annonce d'une baisse des inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis la veille, à leur plus bas niveau en cinq ans, le billet vert est parvenu à franchir pour la première fois en quatre ans le seuil symbolique des 100 yens pour un dollar. Fort de cette performance, la monnaie américaine s'est renforcée face à l'ensemble des devises, dont l'euro. Or, un renchérissement du billet vert rend moins attractifs les achats de matières premières libellées en dollars, comme le brut new-yorkais, pour les investisseurs munis d'autres monnaies. Autre facteur de nature à peser sur le marché selon M. Kilduff: l'Opep, dans son rapport mensuel, n'a pas relevé ses prévisions de demande mondiale de brut et continue de mettre en garde contre les potentiels risques économiques. Le cartel, qui pompe environ 35% du pétrole mondial, table de fait sur une demande de 89,66 millions de barils par jour (mbj) cette année, très légèrement en dessous de la précédente estimation d'avril (89,67 mbj). Alors même que les indicateurs économiques semblent s'améliorer, l'absence de prévisions plus positives est perçue comme négative par les investisseurs, a relevé le spécialiste. Dans le même temps, le cartel a fait part d'une hausse de sa production de brut à son plus haut niveau en cinq mois, avec notamment une nette progression de l'offre de l'Arabie saoudite, premier exportateur d'or noir et chef de file de l'organisation, a remarqué M. Yawger. Et selon le cabinet Oil Movements, qui recense les mouvements de tankers dans le monde, la quantité de pétrole transporté par voie maritime en provenance des pays de l'Opep devrait grimper de 290.000 barils par jour au cours des quatre semaines débutées le 27 avril. Cette hausse de l'offre du cartel intervient en dépit d'une chute temporaire des cours du Brent sous 100 dollars le baril à la mi-avril, qui aurait pu inciter les pays de l'Opep à réduire leur production pour faire remonter les prix. De quoi raviver les inquiétudes des investisseurs sur la surabondance de l'offre mondiale d'or noir. En Asie, les cours du pétrole continuaient de se replier dans les échanges matinaux, en raison d'une abondance des stocks de brut aux Etats-Unis et d'une hausse du dollar. Le baril de "Light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin perdait 24 cents, à 96,15 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance reculait de 20 cents à 104,27 dollars. "Le principal facteur à la baisse pour le moment est la surabondance des stocks aux Etats-Unis", a déclaré Kelly Teoh, analyste chez IG Markets à Singapour. Les réserves américaines de brut sont à leur plus haut niveau depuis 31 ans, a indiqué cette semaine le département américain de l'Energie (DoE), alors que les infrastructures du secteur peinent à suivre le rythme de la hausse de la production. En outre, le net rebond du billet vert face aux autres grandes devises la veille, pèse sur les cours car il rend moins intéressants les achats d'or noir, libellés en dollars, pour les acheteurs munis d'autres devises. Cette poussée du dollar est due à la dépréciation du yen, que le gouvernement japonais laisse filer. Le dollar a grimpé la veille au-dessus de la barre des 100 yens pour un dollar, une première depuis le 14 avril 2009.