Les cours du pétrole affichaient un rebond, hier matin en Asie, les opérateurs profitant de la baisse de ces derniers jours pour effectuer des achats, faisant ainsi remonter les cours. Le baril de "Light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin gagnait 24 cents, à 95,41 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance reprenait 14 cents à 102,96 dollars. "Les cours ont rebondi car les opérateurs pensent que c'est le moment d'acheter" après trois séances de baisse, a déclaré Victor Shum, analyste chez IHS Purvin and Gertz à Singapour. Les cours ont reculé ces derniers jours en raison d'une offre abondante de pétrole, et d'inquiétudes sur la demande mondiale d'or noir en 2013, après le rapport mensuel de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) qui a révisé en légère baisse ses prévisions. "Pour le moment, l'offre dépasse la demande, et ça pèse sur les cours", a ajouté Victor Shum. La veille, les prix du pétrole ont fini en baisse à New York et à Londres, dans un marché miné par des craintes pour la demande mondiale en brut et plombé par un net renchérissement du dollar qui pénalisait les achats de brut. Le baril de Light sweet crude (WTI) pour livraison en juin a cédé 87 cents à 95,17 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a reculé de 1,09 dollar, à 102,82 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Les cours de l'or noir ont pâti dès le début des échanges de la nervosité des courtiers, alors que la Chine, deuxième consommateur de pétrole au monde, a fait état de données économiques décevantes, de mauvais augure pour la vigueur de sa demande en matières premières. Le géant asiatique a en effet fait part d'un tassement au mois d'avril de la progression des investissements en capital fixe, l'un des principaux moteurs de l'économie du pays, et d'un rebond inférieur aux attentes de la production industrielle. D'autre part, les opérateurs s'inquiétaient, selon les experts de Commerzbank, des risques pesant sur la demande mondiale en brut dont a fait état l'Opep, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dans un rapport mensuel publié vendredi. Dans son rapport mensuel, l'Opep a révisé en baisse sa prévision de demande mondiale pour 2013, à 89,66 millions de barils par jour (mbj), mettant en avant la dégradation de la conjoncture mondiale et les inquiétudes sur la vigueur de la consommation chinoise. D'un autre côté, l'offre d'or noir reste extrêmement abondante, ce qui contribuait également à peser sur les prix du pétrole, ont souligné ces experts, rappelant que les stocks de brut aux Etats-Unis, le premier pays consommateur, s'établissaient à des niveaux records. L'Opep elle-même, qui pompe 35% du pétrole mondial, a fait part vendredi d'une hausse sensible de sa production de brut en avril, à son plus haut niveau en cinq mois. Inquiète d'une telle situation, l'Iran, l'un des premiers producteurs pétroliers de l'Opep, et dont l'économie est très dépendante des pétrodollars, va appeler à une réduction de la production des pays de l'Opep pour tenter de faire monter les prix fin mai, a relevé Timothy Evans, de Citi. Après avoir glissé de plus de 1,50 dollars en cours d'échanges, les prix du WTI sont parvenus à effacer une partie de leurs pertes alors que les courtiers digéraient l'annonce d'un rebond inattendu des ventes au détail en avril aux Etats-Unis, de bon augure pour la consommation en brut, a noté Phil Flynn, de Price Futures Group, Mais ces chiffres étaient également de nature à renforcer encore la confiance des marchés financiers dans l'économie américaine et à accentuer le renchérissement, déjà net, du billet vert face aux grandes monnaies mondiales, ce qui limitait leur soutien sur les prix, a tempéré John Kilduff, de Again Capital. En effet, plus le dollar est fort, moins les actifs libellés dans cette monnaie, comme les matières premières, sont attractifs pour les acheteurs munis d'autres devises.