Le 19 mai 1956, " les fleurons de l'Algérie " répondent à l'appel du FLN. Ils quittent les bancs des universités et des lycées pour se consacrer, entièrement, à la cause nationale. Leur génie politique se traduit par la création de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA). Ce cadre leur offrira les conditions organiques idoines pour mener une action politique d'envergure nationale et de portée historique. La grève des étudiants marquera le début d'une épopée jalonnée des sacrifices incommensurables. Il y a 57 ans, jour par jour, les étudiants et lycéens algériens avaient mis le colonialisme français en demeure de reconnaître l'existence d'une nation algérienne qui se battait pour son indépendance. " Avec un diplôme, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres ", tel été le slogan du débrayage pacifique, synonyme de démonstration que la lutte armée a été le dernier recours de tout un peuple face à l'obstination du pouvoir colonial à s'attacher à l'illusion de " L'Algérie française ". Ces étudiants qui avaient réussi à vaincre les obstacles et les embûches de l'ignorance imposée au peuple algérien par le colonialisme, avaient décidé, ce jour-là, et avec un " sens patriotique " élevé, d'abandonner les bancs de l'école pour accomplir un devoir autrement plus noble, celui de prendre part à la bataille pour la libération nationale au sein des rangs du FLN/ALN en réponse à l'appel de la nation et aux exigences du destin devant lequel s'effacent tous les objectifs et autres penchants. La vérité implacable est que cette catégorie d'enfants de la nation a prouvé sa fidélité au serment en s'engageant à l'unification de ses rangs et en se rassemblant autour d'un même mot d'ordre et d'une même position pour soutenir la Révolution. La question de liberté et d'indépendance devenue fondamentale exigeait désormais de consentir efforts et sacrifices. De l'appel de la Révolution, la décision d'y adhérer collectivement a été prise de même que celle de l'abandon des bancs de l'école constituant en soi un échec matériel et moral du colonialisme injuste ". Aujourd'hui, cet engagement représente une " véritable référence " pour l'actuelle génération de par sa valeur humaine et le haut degré de conscience quant à la nature et aux dimensions de l'occupation coloniale. Cette référence morale avec ses valeurs, ses artisans et son legs se veut un rayonnement qui éclaire les parcours de la jeunesse algérienne sincère dans son patriotisme, attachée à ses racines, " elle permet aussi de balayer l'opacité qui pourrait occulter l'importance de ce patrimoine dans la préservation du présent et de l'avenir de la nation ". " Si la vie requiert par sa nature même le renouveau, la nature elle-même impose de ne pas omettre les leçons utiles de l'histoire et les expériences qui nous incitent à la continuité. Je fais précisément allusion aux questions de l'identité, de l'appartenance et de la fierté ainsi que celles de l'identification des priorités de chaque étape et de l'adhésion effective à chaque action positive afin de développer le pays et de promouvoir le citoyen ". (Dixit Abdelaziz Bouteflika). Taleb Abderrahmane "véritable symbole de la jeunesse studieuse de la Casbah" Le chercheur en histoire Mohamed Rebah a qualifié le chahid Taleb Abderrahmane, guillotiné en 1958, de "véritable symbole de la jeunesse studieuse de la haute Casbah" pendant la guerre de Libération nationale. A l'occasion d'une conférence-débat sous le thème "le rôle du mouvement estudiantin dans la lutte pour l'indépendance", Mohamed Rebah a raconté les engagements pris par les Algériens durant la guerre de Libération, citant Taleb Abderrahmane à qui il a rendu un vibrant hommage dans un livre dédié à sa mémoire. "Lorsque l'appel fut lancé par l'Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) le 19 mai 1956 à l'encontre des étudiants algériens, Taleb Abderrahmane, jeune étudiant à la faculté des Sciences de l'université d'Alger, a interrompu ses études pour rejoindre les rangs du maquis dans le sud-est d'Azeffoun ou il avait pour mission principale de fabriquer des bombes et autres explosifs pour les utiliser dans des embuscades", a souligné l'historien. Chimiste de la révolution, Taleb Abderrahmane, véritable matheux maîtrisant les sciences physiques, s'est révélée habile dans la fabrication des explosifs, pour le plus grand bonheur du FLN, qui était à la recherche d'un tel profil, a rapporté Mohamed Rebah. Le chahid Taleb Abderrahmane, fut jugé et condamné à mort avec Djamila Bouhired, l'icône féminine de la guerre de Libération nationale. Il fut décapité à la prison de Serkadji dans la haute Casbah le 24 avril 1958, à la fleur de l'âge (28 ans).