Ils décident alors, en ce 19 mai 1956, de rejoindre les rangs de la Révolution qui avait atteint sa phase de maturité. Ils répondent d'abord à l'appel de la grève illimitée des cours et des examens, lancé par l'Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) qu'on dit proche du FLN. « Il faut rejoindre en masse les rangs de l'Armée de libération nationale », disent-ils. Les étudiants constatent qu'ils ne sont pas mieux lotis, comparés à la situation sociale de leurs concitoyens. Ils subissent répression, brimade et discrimination. Des événements aussi sanglants que les massacres du 8 Mai 1945, à Sétif, Guelma et Kherrata, la répression du 20 Août 1955 dans le Constantinois ont été le levain d'une prise de conscience révolutionnaire. Lamine Khane, Amara Rachid, Taleb Ibrahimi, Lakhdar Brahimi, Kerramane, Salah Laouanchi, Mouloud Kassim, Abderrahmane Taleb (guillotiné en 1958) et d'autres encore défendront la voix de l'Algérie dans les forums internationaux, soigneront les blessés ou porteront carrément les armes aux côtés de leurs frères de combat. Dans une étude sur le mouvement des étudiants algériens et la guerre d'Algérie, l'historien Guy Pervillé (*) rappelle la nouvelle position de l'Union générale des étudiants musulmans algériens. Il note le discours prononcé au congrès constitutif de l'UGEMA du 8 au 14 juillet 1955 à Paris, où son premier président, Ahmed Taleb, décide que l'organisation « refusait de dissocier ses revendications corporatives de l'ensemble du problème algérien, essentiellement politique ». La rapide aggravation de la guerre a amené l'UGEMA à cesser d'être un « trait d'union » entre étudiants français et algériens pour devenir une « unité de combat », observe-t-il. Les massacres du 20 août 1955 sont, pour I'UGEMA, l'occasion pour dénoncer les méthodes répressives. Elle lance un appel pour que cesse l'effusion de sang. Auparavant, l'UGEMA s'est distinguée par sa virulence en dénonçant la torture et les arrestations d'étudiants. Le 20 janvier 1956, à l'occasion d'une quinzaine de solidarité avec les étudiants emprisonnés et contre la répression en Algérie, elle entame son mouvement par une journée de grève des cours et de la faim. Une motion adoptée réclame la libération immédiate des étudiants emprisonnés ainsi qu'une enquête sur la mort de l'étudiant Zeddour et la punition des coupables. L'organisation des étudiants va radicaliser son combat en demandant cette fois-ci « la cessation de la répression, la reconnaissance de la nation algérienne et du droit du peuple algérien à disposer de sa souveraineté, et enfin, une négociation avec les représentants authentiques du peuple algérien ». LE 21 FEVRIER 1956, L'UGEMA HISSE LE DRAPEAU NATIONAL L'UGEMA va préciser encore plus son engagement pour l'indépendance puisque, note Guy Pervillé, les étudiants exhiberont, le 21 février 1956, le drapeau national à la réunion anticolonialiste de la Mutualité. Répondant au représentant français d'une autre organisation estudiantine qui accuse l'UGEMA de « faire pression sur les étudiants », son président dira que la seule pression qui s'exerce sur les étudiants musulmans algériens, « c'est celle de leur conscience qui leur dit de ne pas rester insensibles aux souffrances de leur peuple, de se solidariser avec ses aspirations et de participer à sa lutte ». Lors de son deuxième congrès du 24 au 30 mars 1956 à Paris, les soixante délégués vont voter cette fois une motion décisive et ce en réclamant l'indépendance de l'Algérie, la libération de tous les patriotes emprisonnés, et le début des négociations avec le Front de Libération Nationale. L'UGEMA considérait la lutte du peuple algérien « juste, légitime » et qu'elle « ne saurait avoir d'autre aboutissement que l'accession du Peuple algérien à sa souveraineté ». Le congrès entamait déjà la réflexion, à savoir comment être utile à la Révolution et à son peuple en examinant déjà « la formation d'infirmiers et d'infirmières pour les maquis parmi les étudiants en médecine et en pharmacie ». Le 17 mai, des responsables du FLN proposent aux étudiants algériens à l'université de Tunis des postes de commissaires politiques. Le 18 mai, l'UGEMA vote « un appel à la grève illimitée des cours et des examens et à l'engagement dans les rangs du FLN et de l'ALN ». Le Congrès de la Soummam, le 20 Août 1956, se félicite de ce ralliement des étudiants. K.D. (*) « Les Etudiants et la Guerre d'Algérie » 1954-1962. Publié en juin 2007, Afriblog