Plus de 700 spécialistes prennent part au 10ème Congrès maghrébin d'hématologie associé au 10ème Congrès national d'hématologie et de transfusion sanguine de la Société algérienne d'hématologie et de transfusion sanguine (SAHTS), ouverts jeudi après-midi à Oran. Durant deux jours, les experts maghrébins se pencheront sur deux thèmes à savoir "Le myélome multiple" et "Les anémies carentielles". Le but de ce congrès, auquel participent d'éminents experts européens, "est de regrouper les spécialistes maghrébins autour des deux thèmes retenus pour cette rencontre et d'échanger les expériences en matière de recours à la biologie moléculaire ", a indiqué le président du congrès, le Pr Mohamed Amine Bekadja, chef de service d'hématologie et de thérapie cellulaire à l'EHU Oran. "Ces deux rencontres médicales constituent des forums et des espaces de convivialité où s'offrent de grandes opportunités de travail en commun", a-t-il souligné. "Nous avons un intérêt à travailler ensemble avec nos collègues maghrébins afin d'asseoir un protocole commun de prise en charge, car nous assurons le même type de prestations", a-t-il ajouté. "Les experts maghrébins tenteront de mettre sur pied des protocoles de traitement qui permettront d'asseoir des procédures et une traçabilité sur tout ce qui va se faire", a-t-il encore dit. La représentante de la commission de l'éthique à la Société française d'hématologie (SFH), Mme Dominique Bordessoule, a donné un aperçu sur le fonctionnement de cette commission qui s'occupe des aspects éthiques liés au domaine de l'hématologie. Plusieurs communications abordant les situations épidémiologiques des pathologies du sang en Algérie ainsi qu'en Libye, Tunisie, Maroc, seront animées par des spécialistes durant cette rencontre. Le premier malade ayant subi une allogreffe se porte bien Le premier malade ayant subi une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques "CSH", (utilisation des cellules à des fins thérapeutiques) en début d'année à l'Etablissement hospitalo-universitaire 1- Novembre 1954 (EHU d'Oran) va très bien, a annoncé le Pr Mohamed Bekadja, chef de service de greffe de moelle osseuse dans cette structure sanitaire. " Le malade âgé de 33 ans a subi l'allogreffe en février dernier au niveau de notre unité, ouverte l'année dernière, et il se porte très bien et "nous suivons son état de santé régulièrement ", explique le Pr Bekadja en marge du 10ème Congrès maghrébin d'hématologie. Une deuxième personne vient d'être greffée au mois de mars dernier et une troisième est actuellement en train de se faire greffer en ce mois de mai. "Nous espérons atteindre nos objectifs tracés et réaliser une quarantaine d'allogreffes par an si on nous donnait tous les moyens nécessaires et les médicaments en particulier", a-t-il ajouté. Cet acte thérapeutique réalisé à l'ouest du pays, est le deuxième du genre au niveau national après celui réalisé par le Pr Rose-Marie Hamladji du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC-Alger). Ce genre d'interventions va ouvrir de nouvelles perspectives en matière de prise en charge des malades et réduire la facture des soins à l'étranger. Le coût du traitement d'un malade à l'étranger est de 400 000 euros. L'allogreffe de CHS est un traitement qui permet de guérir un grand nombre de patients atteints de maladies malignes. Par ailleurs, l'expert a souligné que pas moins de 150 autogreffes ont été réalisées par la structure de greffe de moelle osseuse de l'EHU d'Oran, formée de plusieurs services dont ceux de l'hématologie, de l'immunologie, de bactériologie, de parasitologie, de pharmacologie, d'hémobiologie et autres. Près de 2 000 Algériens atteints de myélome multiple Près de 2.000 Algériens souffrent de myélome multiple avec une incidence de 1.1% pour 100.000 habitants, selon les résultats d'une récente enquête nationale exposée lors du 10ème Congrès maghrébin d'hématologie, organisé du 23 au 25 mai à Oran. Le myélome multiple est une forme de cancer affectant les plasmocytes qui résident essentiellement dans la moelle osseuse et sont responsables de la production des anticorps. Cette pathologie touche principalement des sujets âgés, a-t-on expliqué lors de ce congrès. Cette enquête nationale est un travail de collaboration avec 17 services d'hématologie de différents établissements hospitaliers du pays dont cinq (5) services à l'Est, six (6) au Centre et six (6) à l'Ouest, a indiqué la reporter du groupe de travail algérien sur le myélome, Mme Saïdi Mahdia, du CHU Batna. L'étude rétrospective, effectuée sur 6 ans (2006-2012), a relevé 1.938 patients atteints de myélome multiple contre 1.515 patients diagnostiqués lors de la première étude faite sur 12 ans (de 1994 à 2005). Environ 500 patients ont été diagnostiqués à l'est du pays, soit (26%), 1.054 (54.4%) dans la région centre et 388 patients à l'ouest, a-t-on indiqué de même source. Le service d'hématologie du CHU Blida vient en premier avec plus de 370 patients diagnostiqués, le centre "Pierre et Marie Curie" (CPMC, Mustapha Pacha, Alger) au second rang, l'hôpital de Beni Messous (Alger) troisième et celui de Tizi Ouzou quatrième. La moyenne d'âge des malades est de 63 ans avec des limites entre 22 et 96 ans, a-t-on ajouté. Cette hémopathie maligne montre plusieurs manifestations. Des douleurs osseuses en premier lieu, les fractures pathologiques répétées ainsi que l'insuffisance rénale. Probablement en raison de l'utilisation répétée des pesticides, les travailleurs de la terre sont les plus touchés avec 13%, les maçons viennent en deuxième place avec près de 9%. Les médecins, les dentistes et les infirmiers sont touchés à moins de 1%, relève la même étude. L'étude signale, selon l'oratrice, une augmentation du nombre d'atteints de cette affection diagnostiqués, principalement, avec la croissance du nombre des services d'hématologie au niveau national et l'amélioration des moyens de diagnostic. Par rapport à la première effectuée sur 12 ans qui a décelé 1.515 malades, cette étude sur six ans a montré une augmentation du nombre de malades. Néanmoins, il reste inférieur au taux enregistré dans les pays occidentaux estimé entre 4 à 7% sur 100 000 habitants et légèrement supérieur à celui enregistré en Tunisie (0.7%) et au Maroc (1%). Le stade clinique avancé des patients (stade 3 pour la grande majorité) impose un diagnostic précoce de cette hémopathie maligne qui devrait concerner aussi les plus jeunes. Il a été relevé dans cette enquête l'apparition de la maladie chez un jeune de 22 ans, a indiqué Mme Saïdi. En outre, elle a annoncé la création d'un registre algérien de myélome qui a reçu son agrément le 20 mai dernier.