Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a appelé, hier, à une fin immédiate des manifestations antigouvernementales qui secouent le pays depuis huit jours, à son retour en Turquie d'une tournée au Maghreb. “J'appelle à une fin immédiate des manifestations, qui ont perdu leur caractère démocratique et ont tourné au vandalisme”, a déclaré M. Erdogan devant une foule de plusieurs milliers de ses sympathisants venus l'accueillir à l'aéroport Atatürk d'Istanbul. Le chef du gouvernement a remercié ses partisans pour leur calme et les a appelés à rentrer chez eux. “Vous êtes restés calmes, responsables et vous avez fait preuve de bon sens. Nous allons tous maintenant rentrer chez nous”, a lancé M. Erdogan, flanqué de son épouse et de nombreux ministres. Il a assuré qu'il n'était pas que le Premier ministre de 50% des Turcs (son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) a obtenu 50% des scrutins aux législatives de 2011) mais qu'il avait toujours été au service des 76 millions de citoyens turcs, sans faire de discriminations. “Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les exactions de ceux qui vandalisent nos villes, endommagent les biens publics et font du mal aux gens”, a-t-il asséné. Le Premier ministre a rendu “hommage à la police qui fait son travail pour assurer notre sécurité et est un rempart contre les terroristes, les anarchistes et les vandales”, tout en admettant qu'elle avait pu avoir recours à une force excessive contre les manifestants. Des milliers de manifestants Plus de 3 000 partisans du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan étaient réunis jeudi devant l'aéroport d'Istanbul pour l'accueillir à son retour de Tunisie, au septième jour des manifestations contre son gouvernement. Réunis à l'appel de son Parti de la justice et du développement (AKP), ces partisans agitaient des drapeaux turcs en scandant : “Nous sommes prêts à mourir pour toi, Tayyip ou le grand maître arrive”. Au même moment, plusieurs dizaines de milliers de manifestants étaient toujours réunis sur la place Taksim, au coeur de la mégalopole turque, pour réclamer la démission du Premier ministre. La Bourse d'Istanbul chute de près de 5% La Bourse d'Istanbul a chuté de 4,70% jeudi à la clôture après les déclarations du Premier ministre à Tunis, où il a affiché sa fermeté à l'égard des manifestants. L'indice vedette de la Bourse a plongé jusqu'à 6,5% au moment de ses déclarations dans la capitale tunisienne, en milieu d'après-midi, reprenant un peu par la suite et s'établissant à la fin de la séance à 75 895,20 points, en baisse de 4,70%. La Bourse d'Istanbul avait dégringolé de 10,47% lundi, après le début des violentes manifestations contre le gouvernement, mais avait repris près de 5% le lendemain, dopée par des déclarations apaisantes du vice-Premier ministre Bülent Arinç. La livre turque (TL) a également perdu du terrain depuis le début de la semaine. Le dollar américain s'échangeait jeudi à 1,90 TL (1,81 TL vendredi 31 mai) et l'euro à 2,49 TL (2,35 TL vendredi dernier). Les marchés financiers ont largement profité de la forte croissance de l'économie turque depuis l'arrivée de l'actuel gouvernement au pouvoir en 2002, qui a affiché des taux de plus de 8% en 2010 et 2011, devenant la 17ème économie mondiale.