Les occupants du parc Gezi d'Istanbul, en Turquie, ont annoncé, hier, la poursuite de leur mouvement entamé il y a deux semaines. Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan leur avait lancé un "dernier avertissement" pour qu'ils évacuent les lieux. "Nous allons poursuivre notre résistance contre toute injustice dans notre pays. Ce n'est qu'un début, notre lutte se poursuivra!", a indiqué dans un communiqué en ligne le collectif Solidarité Taksim, qui chapeaute les manifestants. "Aujourd'hui nous sommes bien plus forts, organisés et optimistes qu'il y a 18 jours", lorsqu'un petit groupe de militants écologistes avait commencé à camper dans le parc pour s'opposer au projet d'aménagement des autorités, souligne Solidarité Taksim dans un communiqué publié après une nuit de débats entre les occupants. Libération des manifestants arrêtés demandée Les centaines d'irréductibles du parc Gezi réclament en outre la libération des manifestants arrêtés par la police lors du vaste mouvement de mobilisation à travers le pays qui a coûté la vie à quatre personnes et fait 7500 blessés. Les manifestants estiment par ailleurs que le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir depuis 2002, "a perdu sa légitimité aux yeux de la presse nationale et internationale" (...) "par ses efforts pour diviser et provoquer la résistance" sur la place emblématique de Taksim. Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, principale cible des manifestants qui l'accusent d'autoritarisme et de vouloir "islamiser" la Turquie laïque, avait lancé jeudi un "dernier avertissement" aux occupants du parc pour qu'ils évacuent les lieux. Il avait promis de ne pas toucher au parc tant que la justice suivait son cours, un geste considéré comme une petite victoire pour les manifestants. En signe d'apaisement, Erdogan promet d'épargner le parc Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a reçu, jeudi soir, pendant près de quatre heures à Ankara des représentants des manifestants du parc Gezi à Istanbul, quelques heures après leur avoir lancé un ultimatum. Il leur a réaffirmé sa proposition de procéder à une consultation des habitants d'Istanbul sur ce terrain contesté. M. Erdogan a exhorté les manifestants à cesser l'occupation du parc Gezi d'Istanbul, après leur avoir promis de suspendre sa destruction jusqu'au verdict final de la justice. Ce geste a été jugé "positif" par ceux qui contestent depuis deux semaines son autorité. Le dirigeant turc, qui avait qualifié les dizaines de milliers de manifestants réunis quotidiennement place Taksim de "vandales", de "pillards" et d'"extrémistes", a reçu dans la nuit de jeudi à vendredi une dizaine d'artistes et de représentants de la société civile dont, pour la première fois, deux porte-parole reconnus de la coordination des protestataires. Le simple fait qu'il reçoive des manifestants constitue une victoire pour le mouvement de contestation, mais les quatre heures de réunion n'ont pas accouché de décisions concrètes permettant de garantir une sortie de crise. "La note positive de la nuit, ce sont les explications du Premier ministre disant que le projet ne sera pas poursuivi tant que la justice n'aura pas rendu sa décision finale", a réagi l'un des deux membres du collectif Solidarité Taksim présent à la réunion, l'urbaniste Tayfun Kahraman.
Appel par Erdogan Concrètement, le pouvoir, qui répétait que son projet de reconstruire une caserne militaire de l'époque ottomane à la place des 600 platanes du parc Gezi irait à son terme, s'est engagé à laisser la justice trancher le dossier. Le gouvernement avait fait appel de la décision prise le 31 mai par un tribunal administratif de suspendre les travaux d'aménagement. Désormais, le processus juridique devrait prendre des mois. "Nous attendrons la décision finale de la justice et quand ce sera fait, nous organiserons un vote public, et nous nous conformerons à ce qui en sortira", a insisté Recep Tayyip Erdogan dans un discours prononcé à Ankara. Il a appelé une nouvelle fois les protestataires à évacuer rapidement les lieux. DES Milliers de manifestants sur place Toujours aussi résolus, des centaines de militants irréductibles ont passé la nuit dans le parc Gezi. Des milliers de manifestants les avaient rejoints dans la soirée sur la place Taksim, toujours contrôlée par d'importants effectifs de police.