La situation restait tendue, avant-hier soir, à Istanbul et à Ankara au lendemain de l'évacuation par la police du parc Gezi où étaient regroupés des milliers de manifestants. Des affrontements sporadiques entre policiers antiémeute et jeunes protestataires ont éclaté dans les deux villes. Dans le quartier de Sisli, à quelques centaines de mètres de la place Taksim et du parc Gezi, la police a dispersé les jeunes manifestants à coups de gaz lacrymogènes et de jets d'eau. Parallèlement, et pour la première fois à Istanbul depuis le début le 31 mai d'un mouvement de contestation sans précédent depuis 2002 du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, des unités de gendarmerie ont été déployées à l'entrée d'un des deux ponts enjambant le Bosphore pour protéger la rive européenne de tout rassemblement de manifestants venant de la partie asiatique d'Istanbul. La place Taksim, épicentre de la contestation, tout comme le parc Gezi, étaient sous le contrôle de la police qui en refusait l'accès à toute personne. Les services de la voirie continuaient de s'y affairer pour effacer les dernières traces de la fronde. Lacrymogènes et canons à eau A Ankara, la police a également dispersé dimanche matin un groupe de 200 manifestants avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau. Les protestataires souhaitaient déposer des fleurs à l'endroit où un manifestant avait été tué, malgré le refus de la police antiémeute. Des milliers de partisans d'Erdogan dans un parc à Istanbul Des dizaines de milliers de partisans du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan affluaient dans un parc d'Istanbul pour entendre leur champion et répondre aux manifestants qui contestent son pouvoir depuis plus de deux semaines. Emmenés par des centaines de bus municipaux et privés, les soutiens du chef du gouvernement agitent des drapeaux turcs et de l'AKP (Parti pour la justice et le développement, issu de la mouvance islamiste) et s'engouffrent dans cet immense parc situé sur la route de l'aéroport d'Istanbul. Mobilisés grâce à l'impressionnant quadrillage par quartier de l'AKP, ces partisans de M. Erdogan sont majoritairement des hommes, mais de nombreuses femmes, y compris des femmes non voilées, ont répondu à l'appel du Premier ministre.
Berlin appelle Ankara à respecter la liberté de manifester Berlin a appelé la Turquie à respecter la liberté de manifester et d'expression, estimant qu'Ankara envoyait par son comportement regrettable de mauvais signaux. Le gouvernement allemand renouvelle sa mise en garde : la liberté de manifester et d'expression doit être garantie, les citoyens pacifiques doivent être respectés, a écrit le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, dans un tweet réagissant aux derniers événements en Turquie. Dans un autre tweet, M. Seibert se prononce en faveur de la poursuite du dialogue en Turquie, ajoutant que le gouvernement allemand appelle à nouveau toutes les parties à la raison. Le gouvernement turc envoie par son comportement regrettable des signaux totalement mauvais, d'une part, en direction de son propre pays, et d'autre part, en direction du monde entier, et aussi, vers nous l'Europe, a dit de son côté le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle. “Ces derniers jours, nous avions espéré que la situation s'apaiserait”, a dit le ministre qui a qualifié de revers l'escalade de la violence, dans un entretien à la télévision publique ZDF. “J'attends du gouvernement turc qu'il contribue à l'apaisement et qu'il fasse un pas en direction de ceux qui veulent exercer leur droit de manifester”, a-t-il ajouté.