Usant de la force contre les manifestants, le Premier ministre turc a clairement affiché sa "tolérance zéro" vis-à-vis du mouvement de protestation que la police réprime sans ménagement. La police antiémeute turque a tiré ses dernières salves de gaz lacrymogènes vers 3h (00H00 GMT) et peu avant 5h (02H00 GMT), pour évacuer pour la seconde fois en moins de vingt-quatre heures la place Taksim, où le calme était revenu dans la nuit de mardi à mercredi. En effet, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a averti qu'il n'aurait plus "aucune tolérance" envers le mouvement. La place Taksim d'Istanbul a retrouvé hier un semblant de calme après les violences de la veille entre la police et les manifestants, à quelques heures d'une rencontre déjà jugée factice entre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et des "représentants" de la contestation. Au matin du treizième jour de la fronde contre le chef du gouvernement, la célèbre place de la mégapole turque était étroitement contrôlée par les forces de l'ordre, disposées derrière des canons à eau devant chacune des rues environnantes. La police est également intervenue à Ankara pour disperser, à grands renforts de gaz lacrymogènes et de canons à eau, quelque 5 000 manifestants. Lors de son laïus hebdomadaire aux députés de son parti, le Premier ministre a fermement justifié l'intervention des forces de l'ordre. "Je m'adresse à ceux qui veulent poursuivre ces événements, qui veulent continuer à semer la terreur : cette affaire est maintenant terminée. Nous ne ferons plus preuve de tolérance", a-t-il déclaré devant les élus de son Parti de la justice et du développement (AKP). Même si la police s'est abstenue d'intervenir directement dans le parc, Recep Tayyip Erdogan a clairement menacé ses occupants de l'évacuer de force. La reprise, symbolique, de la place Taksim intervient au lendemain de l'annonce d'une rencontre, prévue hier, entre le chef du gouvernement et des représentants de la contestation, qu'il n'a eu de cesse de présenter comme des "pillards" ou des "extrémistes". La police a par ailleurs procédé mardi à des dizaines d'arrestations, dont 73 avocats qui dénonçaient, dans l'enceinte du palais de justice d'Istanbul, l'intervention de la police, selon l'Association des avocats contemporains. Tous ont été relâchés en soirée. Les forces de l'ordre avaient quitté la place Taksim le 1er juin, après vingt-quatre heures presque ininterrompues de violences avec des centaines de manifestants venues dénoncer la brutalité de l'évacuation par la police du parc Gezi, à l'aube du 31 mai. Plusieurs centaines de militants associatifs l'occupaient pour dénoncer l'arrachage des 600 arbres dans le cadre d'un projet contesté d'aménagement urbain. Depuis le retrait de la police, la place du centre d'Istanbul a accueilli tous les soirs des milliers de personnes, parfois des dizaines de milliers, exigeant la démission de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la société turque. Sûr du soutien d'une majorité de Turcs, le Premier ministre a adopté un ton très ferme depuis le début de la crise, en renvoyant les contestataires aux élections municipales de 2014 pour exprimer leur mécontentement. M T./Agences Nom Adresse email