Des descendants d'Algériens déportés par la France, vers la fin du 19ème siècle, vers la Nouvelle-Calédonie, sont venus à Alger, raconter les souffrances, physique et morale, vécues par leurs aïeux en terre d'exil, au milieu du Pacifique. La rencontre organisée, samedi à Alger, à l'occasion d'une exposition intitulée " Mémoire et réalisations ", des témoignages poignants et empreints d'une forte émotion, ont été portés à la connaissance des participants. Il a ainsi été fait état de la peur de l'inconnu, du mal du pays, des conditions difficiles de la traversée de l'océan, de l'affreux sentiment de solitude, de faim et de nudité, mais également de la maltraitance dont ont fait l'objet les déportés algériens, condamnés à un exil définitif et dont le nombre avoisinait les 2 000. Parler des déportés algériens et ceux d'autres pays maghrébins en Nouvelle-Calédonie est un devoir de mémoire et une manière de dénoncer le processus colonial visant à déraciner des peuples et effacer leurs repères familiaux, se sont accordés à souligner les descendants des victimes de cette tragédie. " Ce n'est pas tant la classification des formes de déportation qui compte le plus aujourd'hui, mais plutôt la misère, la souffrance et le mépris infligés à ces victimes. Les déportés algériens et arabes en Nouvelle-Calédonie méritaient-ils autant de souffrance et d'acharnement? ", s'est indigné l'historien et descendant de déportés, Louis-José Barbançon. Taïeb Aïfa, fils de déporté de la 1ère génération et maire de Bourail (province sud de la Nouvelle-Calédonie), a rappelé de son côté les conditions des déportés " usés à la fin de leur peine " et évoquant la " grande tristesse " qui les envahissait, lorsqu'ils se rappelaient leur pays lointain. Il évoquera le déclic provoqué, à partir des années 80, par un article de presse, puis par une série d'émissions télévisées en Algérie, sur les descendants de ces déportés dont beaucoup décideront alors de renouer avec leur pays d'origine. "Maintenant, nous savons qui nous sommes et où nous allons ", a-t-il déclaré, ajoutant que les retrouvailles avec des proches, dans différentes régions du pays, "resteront gravées à jamais dans les mémoires". "Nous avons retrouvé nos racines. Nous avons la fierté d'être des Algériens et de porter des noms et prénoms communs à notre pays d'origine. Parler de nos aïeux déportés est un combat pour l'existence, pour la sauvegarde de notre mémoire", dira-t-il en conclusion.