Par Kader Bakou Jumel�e avec Waimate en Nouvelle-Z�lande, la ville de Bourail en Nouvelle-Cal�donie n�est jumel�e avec aucune ville alg�rienne. D�couverte en 1774 par le capitaine anglais Cook, la Nouvelle-Cal�donie, cet archipel de l�oc�an Pacifique, devient territoire fran�ais en 1853. Elle sera � partir de 1871 la terre d�exil pour les communards fran�ais et surtout pour les insurg�s de la r�volte kabyle contre le colonialisme fran�ais en Alg�rie. Dirig�e par Mohamed El Moqrani, l�insurrection s�ach�ve par le proc�s au tribunal de Constantine des principaux chefs, dont Boumezregue, le fr�re d�El Moqrani, arr�t� le 20 janvier 1872 � Ouargla. Le 10 mars 1873, donc, s�est ouvert au tribunal de Constantine le proc�s des chefs de l�insurrection. Pour 84 d�entre eux, dont Aziz Ben Cheikh El Haddad, le verdict sans appel est la d�portation en Nouvelle-Cal�donie. La politique de d�portation en Nouvelle-Cal�donie fut ensuite g�n�ralis�e � la population ayant particip� activement � l�insurrection. Des milliers d�insurg�s sont alors exil�s, mais beaucoup d�entre eux p�rissent avant d�atteindre l��le. Jean Allemane cite le chiffre de deux tiers de morts durant le voyage. La travers�e dura cinq mois. Les d�port�s �taient enferm�s dans des cages en fer. Beaucoup d�entre eux mouraient de maladies telles que la phtisie, le scorbut, la gangr�ne ou d�inanition, ne r�clamant aucun soin m�dical. Le carnet de bord du m�decin Major Dubuquois d�crit les conditions de voyage de ces d�port�s : �Ils se sont volontairement laiss�s mourir (�) 1 405 personnes � bord, 320 condamn�s dont 39 Kabyles, sur ces derniers, il y a 5 d�c�s.� Ces nouveaux arrivants sur l�Archipel, appel�s �les Kabyles du Pacifique�, ne reverront jamais leur pays. Aujourd�hui, les descendants de ces Alg�riens sont nombreux en Nouvelle-Cal�donie. Pr�s de Noum�a, chef-lieu de la Province sud, se trouve la vall�e des Arabes, et non loin de l�, le cimeti�re des Arabes o� sont enterr�s les anciens d�port�s alg�riens dans le pur rite musulman, tombes orient�es vers La Mecque. Les habitants de ces r�gions s�efforcent de ne pas oublier leur culture et leurs traditions. Ainsi, ils parlent des mots d�arabe et de kabyle et font partie d�une association de musulmans. Ils ont aussi une mosqu�e et un centre religieux o� ils c�l�brent les f�tes musulmanes. �En p�n�trant dans le Nessadiou (vall�e des Arabes), on a l�impression de se retrouver dans un v�ritable petit village kabyle �, rapportent des gens qui ont visit� r�cemment cette r�gion. La ville de Bourail a �t� fond�e en 1867 par le gouverneur Guillain. Au d�but, centre p�nitentiaire, cr�� par une poign�e d�hommes (soldats et condamn�s), Bourail devient un village � part enti�re apr�s la fermeture du bagne. Les b�timents administratifs sont vendus � des particuliers, et les activit�s agricoles et industrielles prosp�reront avec l��ducation des enfants et la lib�ration des condamn�s. Aujourd�hui, le maire de Bourail, Ta�eb A�fa, est d�origine alg�rienne. A Bourail, on trouve aussi l�Association des arabes et amis des arabes pr�sid�e par Salem Bernard et l�Association des descendants d�Alg�riens et des Maghr�bins de Nouvelle- Cal�donie, pr�sid�e par Kader Boufeneche. Des d�nominations comme celles de l�h�tel El Kantara essayent symboliquement de maintenir le lien avec l�Alg�rie, la terre des anc�tres. Le jumelage de Bourail (ou une autre ville) avec des villes en Alg�rie contribuera certainement � renforcer nos liens avec notre communaut� install�e sur cette lointaine �le du Pacifique. Concernant la culture, pourquoi ne pas inviter en Alg�rie des artistes, des �crivains etc. ? Le conteur Kamel Zouaoui a certainement beaucoup d�histoires � raconter aux enfants de son pays d�origine. K. B.