Le président tchèque Milos Zeman a laissé entendre, avant-hier, qu'il était favorable à la formation d'un gouvernement d'experts pour résoudre la crise ouverte par la récente démission du Premier ministre de droite Petr Necas, à la suite d'une affaire de corruption et d'abus de pouvoir. Je considère cette option comme réaliste. Je l'appelle " gouvernement d'experts ", donc un gouvernement composé de professionnels qui comprennent la problématique de leurs ministères, a déclaré M. Zeman à la radio publique CRo 1. La coalition sortante de centre-droite tout comme l'opposition de gauche ont aussitôt exprimé leurs profondes réticences à cette idée, invoquant l'option des élections anticipées. M. Zeman annoncera sa décision définitive aujourd'hui, lors d'une conférence de presse prévue à 13h00 GMT. Selon lui, un tel gouvernement d'experts conduirait le pays soit jusqu'à des élections anticipées, soit jusqu'à celles qui sont normalement prévues en mai 2014. Le chef de l'Etat s'est refusé à commenter les spéculations de la presse selon lesquelles ce gouvernement pourrait être conduit par l'économiste Jiri Rusnok, 52 ans, ministre social-démocrate des Finances en 2001-2002 et de l'Industrie en 2002-2003. “J'ai quatre candidats en ligne de mire”, s'est-il borné à indiquer. Le président a fait cette déclaration après avoir rencontré entre vendredi et dimanche les dirigeants des principaux partis représentés au Parlement. Le parti social-démocrate CSSD (opposition) réclame depuis le début de la crise l'organisation d'élections anticipées dans les plus brefs délais. Cette solution devrait, en vertu de la Constitution, être approuvée par une majorité qualifiée de 120 députés sur 200. Il faudrait donc nécessairement au CSSD le soutien d'une partie de la coalition pour y parvenir. L'autodissolution de la chambre basse provoquerait de nouvelles élections dans 60 jours. Il n'y a pas au parlement une majorité qui soutiendrait un gouvernement d'experts, a réagi Martin Kuba, vice-président du parti de droite ODS, l'une des trois composantes de la coalition sortante. Nous le disons clairement: le gouvernement d'experts n'aura pas notre soutien, a de son côté insisté le vice-président de la chambre basse Jiri Pospisil, de la même formation. “Personnellement, je penche pour les élections anticipées,” a affirmé M. Pospisil. La solution préférée de la coalition est le maintien du gouvernement jusqu'aux élections normalement prévues en mai 2014, avec à la tête de l'exécutif Miroslava Nemcova, vice-présidente de l'ODS et chef de la chambre basse. M. Necas et son gouvernement de coalition, au pouvoir depuis juillet 2010, sont tombés, lundi dernier, à la suite d'un scandale de corruption politique et de mœurs impliquant son chef de cabinet, Jana Nagyova, présumée être sa maîtresse. Cette dernière a été interpellée lors d'une vaste opération policière menée au siège du gouvernement, au ministère de la Défense et chez des particuliers. Mme Nagyova a été inculpée de corruption et d'abus de pouvoir, après avoir notamment recouru aux services du renseignement militaire pour une filature illégale de l'épouse de M. Necas dont il vient de divorcer.