La générale de " Thawret el baraâ" (La révolution de l'innocence) a été présentée mercredi à Alger, au Théâtre national algérien (Tna), mettant en valeur l'engagement du "Petit Omar", figure emblématique de l'enfance algérienne, en faveur de la lutte pour l'indépendance de l'Algérie. Sur un texte de Hocine Taïleb, mis en scène par Abbas Mohamed Islem, le spectacle a débuté par une mise en situation suggérée par une scénographie intelligente, signée Mabrouk Badri, présentant une grande enveloppe au fond de la scène qui renvoyait à la fonction d'agent de liaison qu'a occupé le Petit Omar durant la bataille d'Alger. Dès le premier tableau, l'esprit éveillé du jeune héros, interprété avec beaucoup d'adresse par le jeune Abdelhakim Harrat, est mis en valeur dans ses rapports avec les adultes, manifestant une prise de conscience prématurée, forgée au sein d'une famille engagée dans le combat pour l'indépendance. Désigné "Agent de liaison" par son oncle Yacef Saadi, joué par Fethi Kafi, le jeune Omar promet dévouement et discrétion à ses nouveaux compagnons, leur faisant le serment solennel de rester fidèle à l'idéal de l'Algérie indépendante. Les rencontres avec Larbi Ben M'hidi, incarné par Sid Ahmed Meddah, Ali la Pointe (Ammar Ali de son vrai nom), savamment interprété par Djaffar Ben Halilou, et Hassiba Ben Bouali, rendue par Maria Amara, ont davantage renforcé la bravoure et la vaillance de l'intrépide Petit Omar qui assurait convenablement son rôle de postier. L'enveloppe dressée au fond, laisse s'échapper une grande lettre qui se prolonge et occupe, en longueur, le tiers de la scène pour venir s'échouer chez le public, comme pour lui transmettre la dernière missive du jeune messager de la révolution, en guise de testament pour l'Algérie de demain. La projection d'images de la Casbah d'Alger, à l'apparence ancienne et aux couleurs déteintes sur la grande enveloppe qui faisait également office de récepteur, a apporté une indication claire sur le lieu des évènements. La narration sur des airs chaabi de l'époque, évoquant l'engagement et le patriotisme, interprétés devant le public par Abderrahmane Ikariouane dans les modes "Sehli" et "Zidane", avec une voix limpide et un doigté de virtuose, a créé des atmosphères chaleureuses indiquant le repère temporel du spectacle. Dans un spectacle qui a suscité de l'émotion et réveillé le patriotisme chez un public de parents, venus en nombre avec leurs enfants, une page du passé glorieux de l'Algérie en guerre s'est ouverte, donnant envie de transmettre aux jeunes générations ce qu'a réellement été le combat pour l'indépendance. "J'ai voulu dire aux adultes la nécessité de raconter à leurs enfants l'héroïsme du Petit Omar ", a déclaré Abbas Mohamed Islem avant de poursuivre tout ému, "raconter la révolution aux enfants, par eux-mêmes est motivé par le "Petit Omar" qui sombre en moi et qui refuse de grandir". Né en 1944 à la Casbah d'Alger dans une famille originaire d'Azeffoun (Tizi Ouzou), Omar Yacef a été nourri par un discours patriotique récurrent, appelant au combat pour l'indépendance de l'Algérie. Il est mort le 8 octobre 1957, avec Ali Ammar, Hassiba Ben Bouali et Hamid Bouhamidi, suite au dynamitage de la maison dans laquelle ils s'étaient retranchés. Produite par le Tna, "Thawret el baraâ" est l'œuvre de l'Association théâtrale Achbal Ain El Bénian, présidée d'une main de maître par Mustapha Alouane et mise à l'honneur dans différents festivals. Achbal Ain El Bénian a produit plusieurs pièces de théâtre dont "Sibyane ...lakine" (Enfants...mais), "Hamlet", "El besma el mahrouma" (Le sourire privé), "Ouled el houma" (Les enfants du quartier) et "Abwab el mahroussa" (Les portes de la forteresse). Fondée en 1991, l'Association théâtrale "Achbal Ain El Bénian" se fixe pour objectif l'apprentissage de la citoyenneté chez les jeunes par la pratique du théâtre didactique, mai aussi la découverte et la promotion des jeunes talents.