La réconciliation nationale est un "passage obligé" vers la restauration et la consolidation de l'unité nationale dans les pays africains, a indiqué, hier à Alger, le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'Union Africaine (UA), Ramtane Lamamra. S'exprimant lors des travaux de la réunion ministérielle du Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA, placé sous le thème "La réconciliation nationale, facteur crucial pour la sécurité, la stabilité et le développement durable en Afrique", M. Lamamra a affirmé que l'UA concevait la réconciliation nationale comme étant "un mécanisme inséparable de la justice et de la lutte contre l'impunité". Il a ajouté que l'UA "a clairement" marqué son engagement à établir les équilibres nécessaires afin d'assurer une évolution "harmonieuse" pour sortir des crises et conflits, notant que la réconciliation nationale en Afrique, "en dépit des difficultés qu'elle peut susciter ou rencontrer, est partie intégrante" de l'approche de l'Union visant la consolidation de la paix dans les pays qui vivent des conflits. Selon lui, les pays "véritablement réconciliés" sont "immunisés" contre tout risque de rechute dans la violence, estimant que la réconciliation est un "exercice collectif politiquement difficile" car il est dur de faire accepter à la victime qu'elle doit pardonner et d'amener les auteurs de violences à reconnaître leurs actes. M. Lamamra a ajouté que la réconciliation nationale participait aussi à la prévention des conflits, et impliquait une "action concrète" pour répondre aux besoins les plus pressants des populations affectées par la violence. Il a affirmé que l'UA est outillée en termes d'instruments pour relever les défis dans ce domaine, mais, a-t-il dit, ces instruments nécessitaient "la mobilisation de la volonté politique requise pour leur donner effet notamment pour la reconstruction et le développement post-conflit". Le commissaire à la Paix et à la Sécurité de UA a rappelé que l'Afrique a connu plusieurs expériences de réconciliation nationale et que chacune avait ses spécificités propres, mais toutes ont permis, a-t-il relevé, aux peuples concernés "de jouir des bienfaits de la concorde et de s'engager sur la voie de la consolidation de l'unité nationale et vivre à l'abri de la peur et du besoin, dans un Etat de droit respectueux des droits de l'Homme". Les expériences de réconciliation nationale ont apporté, selon M. Lamamra, "une contribution appréciable à la consolidation de la paix et, selon le cas, à la lutte contre l'impunité sur le continent, à travers notamment des mécanismes de justice transitionnelle". Le président de l'UA souligne l'importance de la réconciliation nationale Le président de l'Union africaine (UA), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souligné l'importance de la réconciliation nationale pour régler les conflits affectant certains pays de l'Afrique. "La réconciliation nationale est un concept important dans notre démarche commune pour lutter contre les conflits qui déchirent notre continent", a indiqué M. Ghebreyesus lors des travaux de la réunion ministérielle du Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA. Il a appelé les pays qui connaissent des conflits à tirer des leçons des expériences des autres pays africains réconciliés, qui ont réussi à instaurer la paix, la sécurité et la stabilité, comme, entre autres, l'Algérie, le Rwanda et l'Afrique du Sud. Le président de l'UA a noté qu'il n'existait pas un seul modèle de réconciliation nationale qui pourrait s'appliquer à tous les pays en conflits, d'où la nécessité, a-t-il dit, d'apprécier et de comprendre les expériences des autres pour avoir une idée des moyens d'établir un équilibre au sein des sociétés et maintenir la cohésion sociale. Il a mis l'accent sur l'importance d'une "réflexion sérieuse" sur les moyens à même de promouvoir la paix et la sécurité et d'établir un équilibre entre la justice et la réconciliation nationale dans les pays où des violations des droits de l'homme sont constatées. M. Ghebreyesus a affirmé "la détermination de l'UA de ne ménager aucun effort pour combler les lacunes enregistrées en termes de démocratie, justice et respect des droits de l'Homme qui portent atteinte aux démarches déjà entamées et, par conséquent, freiner toute intervention étrangère en Afrique" car, a-t-il insisté, "la réconciliation ne doit pas être dictée de l'étranger". Le président de l'UA a, par ailleurs, salué la réconciliation nationale en Algérie, un processus qui a permis, a-t-il souligné, au pays de "mettre fin au terrorisme".