Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a affirmé, avant-hier, qu'il était disposé à accorder l'asile à l'informaticien américain Edward Snowden si les conditions le permettent. “Nous, nous sommes ouverts et respectueux du droit d'asile et il est clair que si les circonstances le permettent, nous recevrons Snowden avec grand plaisir et lui donnerons l'asile ici au Nicaragua”, a déclaré M. Ortega. M. Ortega, a confirmé qu'il avait été sollicité par M. Snowden, recherché pour espionnage par les Etats-Unis et bloqué depuis 13 jours dans la zone de transit de l'aéroport de Moscou-Cheremetievo. “Nous avons reçu une lettre envoyée par Snowden à l'ambassade (du Nicaragua) de Moscou dans laquelle il sollicite l'asile au Nicaragua”, a indiqué M. Ortega pendant la commémoration du 34e anniversaire de la révolution au Nicaragua devant des centaines de partisans sandinistes. Ces déclarations du président nicaraguayen interviennent alors que la situation de M. Snowden s'enlisait, incitant l'ancien employé de la NSA à demander l'asile auprès de six nouveaux pays vendredi après en avoir déjà sollicité 21. La France et l'Italie ont fait savoir jeudi qu'elles ne l'accueilleraient pas, emboîtant ainsi le pas à l'Allemagne, au Brésil, à la Norvège, l'Inde, la Pologne, l'Islande, l'Autriche, la Finlande, aux Pays-Bas et à l'Espagne. L'informaticien, à l'origine de révélations fracassantes sur un programme américain secret de surveillance des communications mondiales, a été au centre d'un imbroglio diplomatique en début de semaine. De retour mardi d'une visite à Moscou, le président bolivien Evo Morales, qui s'était dit prêt à accueillir le jeune homme dans son pays si celui-ci en faisait la demande, a vu son avion contraint de faire une escale de 13 heures à Vienne après que plusieurs pays européens, le soupçonnant de ramener Snowden avec lui, lui ont refusé le survol de leur espace aérien. La veille, le chef de l'Etat bolivien a accusé Washington d'avoir fait pression sur la France, l'Espagne, le Portugal et l'Italie pour qu'ils interdisent ce survol, et menacé de fermer l'ambassade des Etats-Unis à La Paz. La Bolivie, soutenue par certains de ses alliés traditionnels (Equateur, Surinam, Argentine, Uruguay et Venezuela), a par ailleurs exigé des excuses publiques et des explications. Paris avait exprimé ses regrets mercredi, affirmant ne pas savoir au moment des faits que le président bolivien était à bord de l'avion.
L'Islande refuse De son côté, le parlement islandais a refusé d'accorder la nationalité islandaise à l'informaticien américain. Une motion visant à accorder la citoyenneté islandaise à Edward Snowden a été repoussée vendredi par le Parlement de Reykjavik. En Islande, six députés avaient déposé tard jeudi soir une motion visant à lui accorder la citoyenneté de l'île. Le parlement a refusé par un vote d'inscrire le projet à son ordre du jour avant les vacances d'été. La prochaine session débutera en septembre.
Bloqué depuis plus d'un mois L'informaticien de trente ans, à l'origine des révélations sur l'ampleur des programmes de surveillance et d'espionnage des services américains, est bloqué depuis le 23 juin en zone de transit de l'aéroport de Moscou-Cheremetievo, où il est arrivé en provenance de Hong Kong.
Les élus de l'UE demandent des "éclaircissements" Le Parlement européen a exigé des "éclaircissements immédiats" de Washington sur les allégations d'espionnage des institutions et citoyens européens par les Etats-Unis. Il a confié à l'une de ses commissions le soin d'enquêter sur ces pratiques, mais n'a pas remis en cause les négociations prévues. Dans une résolution adoptée par 483 voix contre 93, le Parlement "condamne vivement l'espionnage des représentations de l'Union européenne". Si les informations en ce sens étaient confirmées, cette affaire "serait de nature à affecter les relations transatlantiques", mettent en garde les élus. Parallèlement au vote de cette résolution, les présidents des sept groupes politiques du Parlement ont décidé jeudi à l'unanimité de confier à sa commission des Libertés civiles, de la Justice et des Affaires intérieures le soin de mener une "enquête approfondie" sur cette affaire, et d'en rendre compte d'ici la fin de l'année.
Négociations pas remises en cause Lors du vote de la résolution, la gauche et l'extrême gauche ont en revanche échoué à faire adopter des amendements réclamant, en guise de représailles, "l'ajournement", la "suspension" ou le "gel" des négociations commerciales transatlantiques, qui doivent débuter demain. L'extrême gauche a également présenté, sans succès, un amendement demandant aux Etats membres d'accorder l'asile politique au "lanceur d'alerte" américain en fuite, Edward Snowden.
Divisions Mercredi, lors du débat, les eurodéputés avaient fait étalage de leur division au sujet de ces négociations commerciales. "Nous ne pouvons pas sacrifier les droits fondamentaux des Européens et notre dignité sur l'autel de l'économie", avait résumé au nom du groupe socialiste le Grec Dimitrios Droutsas. A l'inverse, l'Allemand Manfred Weber, pour les conservateurs, avait souligné que la confiance entre Européens et Américains était certes "ébranlée", mais cela "n'empêche pas que nous avons des intérêts communs".