L'ex-informaticien américain Edward Snowden, réfugié dans un aéroport de Moscou et recherché par Washington pour espionnage, a renoncé à demander l'asile politique en Russie, a indiqué, hier, le porte-parole du Kremlin à des journalistes. En apprenant hier la position de Poutine sur les conditions nécessaires pour rester en Russie, il a renoncé à sa demande, a déclaré Dmitri Peskov. Vladimir Poutine avait dit lundi que Snowden pouvait rester en Russie uniquement s'il cessait ses activités visant à faire du tort aux Américains. Comme il se considère comme un défenseur des droits de l'homme, il n'a manifestement pas l'intention de cesser ses activités, c'est pourquoi il doit choisir un pays où aller, et s'y rendre, avait ajouté le président russe. M. Peskov a par ailleurs, déclaré que l'ex-informaticien ne pouvait être remis aux Etats-Unis où la peine de mort est en vigueur. “Aucun pays ne peut livrer Snowden à un autre pays comme les Etats-Unis où est appliquée la peine de mort”, a-t-il dit. Aucune réponse positive pour l'instant L'Inde a annoncé, hier, avoir rejeté la demande d'asile d'Edward Snowden, l'ex-consultant US réfugié dans un aéroport de Moscou et recherché par Washington pour espionnage. L'homme, qui a déposé des demandes dans 19 autres pays, avait déjà renoncé à rester en Russie. "Notre ambassade à Moscou a reçu un message d'Edward Snowden daté du 30 juin. Ce message contenait une demande d'asile", a indiqué un porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, Syed Akbaruddin. "Nous avons attentivement examiné la demande. Après examen, nous avons conclu qu'il n'y a aucune raison d'accéder à la demande", a dit ce porte-parole. La veille, le site internet WikiLeaks a annoncé que le jeune homme de 30 ans avait déposé une demande d'asile politique dans 21 pays, dont la Suisse, l'Inde, la Russie, l'Islande, l'Equateur, Cuba, le Venezuela, le Brésil, la Chine, l'Allemagne et la France. Kerry botte en touche Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a de son côté déclaré lundi à l'adresse de son homologue européenne Catherine Ashton que la recherche d'informations sur d'autres pays n'était "pas inhabituelle". Mais il a refusé de faire un commentaire sur la controverse provoquée par les allégations d'espionnage des institutions de l'UE. Washington doit rétablir la confiance selon Berlin Les Etats-Unis doivent rétablir la confiance avec leurs alliés européens, après les révélations sur leur programme d'espionnage, a déclaré un porte-parole de la chancelière Angela Merkel. Le gouvernement allemand a fait part à la Maison Blanche pendant le week-end de son étonnement, a déclaré le porte-parole, Steffen Seibert, ajoutant que cette affaire devait faire l'objet d'éclaircissements. L'Europe et les Etats-Unis sont des partenaires, des amis, des alliés. La confiance doit être la base de notre collaboration. Et la confiance, dans cette affaire, doit être rétablie, a affirmé M. Seibert, au cours d'une conférence de presse ordinaire du gouvernement. L'hebdomadaire allemand Der Spiegel a révélé dans son édition publiée dimanche que la NSA américaine espionnait des bâtiments officiels de l'Union européenne aux Etats-Unis, mais aussi à Bruxelles depuis de longues années. Au sein de l'UE, l'Allemagne est, selon l'hebdomadaire, une cible privilégiée. Des rapports (de presse) ne sont pas toujours des faits. Il faudra donc des éclaircissements, a souligné M. Seibert. Mais, s'il est confirmé que des représentations diplomatiques de l'Union européenne et de pays européens ont été espionnées, alors nous devons dire clairement : l'espionnage d'amis est inacceptable, nous ne sommes plus dans la Guerre froide. Le gouvernement allemand est engagé à obtenir des éclaircissements complets, et à ce que, le cas échéant, une réaction européenne claire et à l'unanimité soit adoptée, a indiqué le porte-parole. Il a précisé que des discussions étaient en cours avec le gouvernement français à ce sujet. Des contacts ont également été pris avec Washington, en vue d'une discussion sur le sujet entre Angela Merkel et le président américain Barack Obama. M. Obama est actuellement en voyage en Afrique. Mais nos services sont en contact, et je pense qu'une discussion aura bientôt lieu avec la chancelière, a dit M. Seibert. Il a expliqué ce besoin de dialogue par les nouvelles révélations intervenues depuis que le sujet avait été évoqué entre les deux dirigeants au moment de la visite du président américain à Berlin le 19 juin. L'ambassadeur des Etats-Unis à Berlin, Philip Murphy, a également été invité lundi à une discussion par le ministère allemand des Affaires étrangères. M. Seibert a rejeté le terme de convocation pour cette rencontre avec le directeur politique du ministère des Affaires étrangères, Hans-Dieter Lucas. Les deux hommes ont eu un entretien exhaustif au cours duquel le gouvernement allemand a exprimé son attente claire que le gouvernement américain apporte rapidement un éclaircissement sur toutes les questions en suspens, selon un communiqué ultérieur du ministère des Affaires étrangères. Interrogé sur un éventuel impact de l'affaire d'espionnage sur les négociations en vue d'un traité de libre-échange transatlantique, le porte-parole du gouvernement allemand a insisté sur le besoin de confiance entre les deux parties. “Nous voulons cet accord de libre-échange, a-t-il insisté. Mais il est clair que pour négocier un accord, on a besoin de confiance réciproque. Un tel accord doit être négocié entre égaux et dans une atmosphère de confiance, et c'est exactement l'atmosphère qu'il faut établir”, a-t-il souligné.