Adly Mansour, président intérimaire d'Egypte, a décrété la tenue d'élections législatives avant 2014 dans le pays entré mercredi dans une transition politique après que l'armée a renversé le président Mohamed Morsi, a indiqué le journal gouvernemental Al-Ahram. La déclaration constitutionnelle prévoit, selon le quotidien, la nomination d'ici moins de 15 jours d'un comité constitutionnel qui aura deux mois pour présenter ses amendements au président intérimaire. Celui-ci devra ensuite les soumettre à un référendum populaire sous un mois. A partir de là, des législatives seront organisées sous deux mois. Une date sera ensuite annoncée pour la tenue d'une élection présidentielle. La façon dont la déclaration est formulée laisse penser que tout le processus électoral sera mis en place dans les délais annoncés, a déclaré le constitutionnaliste Zaid Al-Ali. Toutefois, a-t-il noté, la déclaration composée de 33 articles reste assez vague pour permettre à M. Mansour d'interpréter la tenue d'élections comme le lancement de l'enregistrement des candidats, ce qui allongerait alors la durée du processus. L'imam d'Al-Azhar se place en retraite jusqu'à la fin des violences Le grand imam Ahmed Al-Tayeb d'Al-Azhar, la principale autorité sunnite d'Egypte, a annoncé qu'il se plaçait en retraite jusqu'à la fin des violences en Egypte, qui ont fait au moins 42 morts dans la matinée. Dans un communiqué qu'il a lu à la télévision d'Etat, il a annoncé sa décision de se mettre en réserve. L'imam avait apporté, jeudi dernier, sa caution à la mise en place d'une feuille de route présentée par l'armée pour mener la transition après le coup militaire qui a renversé le président islamiste Mohamed Morsi, à la suite de manifestations de masse réclamant son départ. Le patriarche copte orthodoxe Tawadros II et des responsables de l'opposition anti-Morsi ont également soutenu cette feuille de route. Alors qu'aucun délai n'a été donné pour la transition, l'imam Al-Tayeb a réclamé que soit annoncée la durée de la transition qui ne devra pas excéder, selon lui, six mois. Il a également appelé à créer sous deux jours maximum un comité de réconciliation nationale dans le pays où les violences liées à la polarisation politique ont fait plus d'une centaine de morts depuis près de deux semaines de mobilisation des pro et des anti-Morsi. Il a également demandé une enquête immédiate sur les circonstances de la mort d'au moins 42 personnes tuées lundi matin, selon un haut responsable des services d'urgences, durant une manifestation de partisans du président déchu Morsi. Washington appelle l'armée à faire preuve du maximum de retenue Les Etats-Unis ont appelé l'armée égyptienne à faire preuve du maximum de retenue, Washington n'envisageant toutefois pas de couper son aide financière. Nous appelons l'armée à faire preuve du maximum de retenue, a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki. La stabilité et le fonctionnement démocratique de l'Egypte sont en jeu, a-t-elle ajouté. Mme Psaki, qui a fermement condamné toute violence ou forme d'incitation à la violence dans le pays, a également souligné que la situation sur le terrain devenait de plus en plus difficile et appelé les Frères musulmans à s'engager dans le processus de formation d'un gouvernement stable. Le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney a dans le même temps condamné lors de son point de presse quotidien les appels explicites à la violence des Frères musulmans. M. Carney a toutefois souligné que des coupes immédiates dans l'aide financière américaine à l'armée égyptienne ne seraient pas dans l'intérêt des Etats-Unis. L'UE appelle toutes les parties à cesser les provocations L'Union européenne a appelé toutes les parties égyptiennes à éviter les provocations ou l'escalade de la violence. Tous ceux qui revendiquent la légitimité doivent agir de manière responsable pour le bien du pays et éviter toute provocation ou escalade de la violence, a déclaré dans un communiqué un porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. Elle appelle toutes les parties, mais particulièrement la présidence par intérim et ceux qui sont en position d'autorité et d'influence, à tendre la main vers toutes les forces politiques, et à avancer rapidement vers la réconciliation, a ajouté Mme Ashton. Démissions en série à Al-Jazeera en Egypte Des collaborateurs d'Al-Jazeera en Egypte ont démissionné en raison d'un désaccord sur la ligne éditoriale de leur employeur, a indiqué un responsable de la chaîne qatarie à Doha sans préciser leur nombre, qui serait de sept selon des médias. Certains nouveaux collaborateurs du bureau d'Al-Jazeera-Mobasher (la chaîne de direct du groupe) en Egypte, qui ont leur propre appréciation de la situation en Egypte, ont décidé de quitter la chaîne, a déclaré le responsable sous couvert de l'anonymat. Al-Jazeera est critiquée par une partie de l'opinion publique en Egypte, comme dans d'autres pays du Printemps arabe, pour sa ligne éditoriale, jugée favorable aux islamistes .le responsable a estimé que les démissionnaires, dont il n'a pas précisé le nombre, ne se sont pas adaptés à la ligne éditoriale d'Al-Jazeera qui refuse de se soumettre aux pressions et qui poursuit sa couverture avec professionnalisme, abstraction faite du pouvoir en place. Il a ajouté comprendre les grandes pressions qu'ils subissaient, affirmant toutefois que ces démissions en série n'avaient pas touché le personnel du bureau égyptien d'Al-Jazeera News, la principale chaîne d'information du groupe. Selon des médias, sept collaborateurs d'Al-Jazeera en Egypte ont démissionné, le jour même où plus de 50 personnes ont été tuées au Caire lors d'une manifestation, fortement médiatisée par la chaîne qatarie, de partisans du président islamiste.