En Algérie, les journées du Ramadhan passent au ralenti. Les villes sont assoupies, et les citoyens, de plus en plus, paresseux. Il faut dire que le mois sacré cette année coïncide avec l'été. Ce qui rend le jeûne très difficile. Mais puisque les heures de la journée sont aussi longues pourquoi les Algériens n'en profitent pas pour aller quelque part profiter de quelques jours de vacances ? Hélas, les vacances et le Ramadhan ne semblent pas faire bon ménage. Certains foyers ont vu leur programme de vacances chamboulé à cause du Ramadhan. Cependant, les départs en vacances des familles restent grandement tributaires des enfants scolarisés. En ce sens, plusieurs familles ont prévu de partir en vacances avant la rentrée scolaire. En attendant, les Algériens préfèrent se "consacrer pleinement" au jeûne et "occupent" leur temps comme ils le peuvent, pour reprendre l'expression de Sid-Ahmed, étudiant en sociologie à l'université de Bouzaréah. Comme la plupart des Algériens, Sid-Ahmed (22 ans), "tue" son temps durant le mois de Ramadhan, dont les journées sont "trop longues", se plaint-il. La journée de ce jeune habitant de Bouzaréah sur les hauteurs d'Alger, se résume à une grasse matinée qui peut être rallongée jusqu'à 14h, dit-il. Une fois la prière du dohr accomplie, à la maison ou à la mosquée, il entre dans son "monde virtuel", à savoir l'internet. "Il m'arrive de passer six heures d'affilée derrière mon PC", racontet-il, avouant qu'il ne voit pas le temps passer quand il est branché sur les réseaux sociaux où il s'est fait beaucoup d'amis de différentes nationalités. "C'est amusant, instructif et décompressant. En chatant à travers la toile, je m'instruis et j'apprends des choses", dit-il, se réjouissant par ailleurs de "perfectionner son anglais". Mouna, qui est lycéenne, est également une férue du net. Elle avoue ne pas avoir le choix, dans la mesure où, dit-elle, il n'y a pas d'autres moyens de distraction en Algérie. "Le net est une sorte d'évasion pour moi", avoue Mouna avec un air quelque peu contraignant, alors qu'elle aurait souhaité sortir et se prélasser à la plage. Toutefois, Mouna préfère "positiver" sa situation et profite de la période du jeûne pour mettre la main à la pâte, en aidant sa maman dans la cuisine. "Mes vacances se résument pour le moment à l'internet et la cuisine", dit-elle avec un air ironique. Ce qui ne semble pas être le cas des parents, à l'exemple de Farid, qui a du mal à "gérer" ses enfants durant cette période estivale. Cadre dans une entreprise du secteur privé, il se plaint d'être assailli par ses deux enfants, âgés respectivement de 7 et 11 ans. Farid est ainsi contraint de faire sortir ses enfants durant la journée, malgré le jeûne, dit-il. "Je les emmène au parc zoologique et de loisirs, mais pas à la plage", avoue-t-il. Sur un autre sillage, la coïncidence de la période des vacances avec le mois du Ramadhan pénalise aussi les travailleurs saisonniers, notamment ceux qui exercent au niveau des plages. C'est le cas de Hacen, gardien de parking à la plage Colonel-Abbes de Zeralda. Il avoue que même durant les week-ends, la plage est presque vide, alors qu'il espérait voir une grande affluence, notamment avec la hausse sensible des températures. Qu'à cela ne tienne, Hacen compte se rattraper après le mois de Ramadhan car, dit-il, la plage ne désemplit pas en période ordinaire au cours de laquelle il lui arrive de travailler de 8h du matin jusqu'à une heure tardive de la nuit. Son ami Kamel, vendeur de glaces, avoue pour sa part qu'il a un manque à gagner d'un mois de salaire. "C'est un trou difficile à combler dans mon budget d'autant plus que le mois au cours duquel je travaille le moins (juillet), est caractérisé par les fortes dépenses du Ramadhan", se plaint Hacen. A Zeralda, Sidi Fredj et Ain Benian où les plages sont généralement très fréquentées en été, l'activité a grandement baissé. Les commerçants de la région s'en plaignent et disent attendre avec impatience la fin du Ramadhan pour se "remettre à l'activité". Même constat chez les agences de voyage et de tourisme dont l'activité tourne au ralenti. Hakim, gérant d'une agence à Alger, n'a gardé qu'un seul employé durant le mois de Ramadhan car, explique-t-il, l'activité baisse considérablement. Toutefois, il s'attend à un regain de l'activité juste après le mois de carême, faisant observer que plusieurs Algériens ont reporté leurs vacances après le Ramadhan. Au Ramadhan ce n'est pas seulement les citoyens qui boycottent les vacances. C'est toute la vie qui tourne au ralenti. En tout cas l'économie nationale peut se réjouir de la fin du mois sacré, celle-ci stagne durant les 30 jours du jeûne, ce qui se répercute sur cette économie, et ce n'est pas seulement le tourisme qui est touché. L'Algérien force peu sur la cadence durant ce mois, il réduit ses horaires et sa capacité à produire de la plus-value et prétexte l'exercice de la foi. En général, le crash annuel touche presque tous les secteurs: services, bâtiment, industrie, hôtellerie, etc. Il n'y que le commerce qui déroge à la règle.