Le président tunisien Moncef Marzouki, un laïc allié aux islamistes au pouvoir, a souhaité, avant-hier, la formation d'un cabinet d'"union nationale" incluant tous les partis pour sortir la Tunisie d'une profonde crise politique. "Il faut qu'il y ait un gouvernement d'union nationale où tous les partis politiques seront représentés dans la prise de décision", a déclaré le président, dont les fonctions sont essentiellement honorifiques, à l'antenne de la radio Shems-FM. M. Marzouki semble ainsi rejoindre la proposition des islamistes qui, depuis le début de la crise déclenchée le 25 juillet par l'assassinat d'un opposant, rejettent l'idée d'un gouvernement de technocrates réclamé par l'opposition mais propose d'élargir l'équipe actuelle à d'autres partis. L'hétéroclite coalition d'opposition a maintes fois exclu l'idée de rejoindre un cabinet sous la tutelle d'Ennahda. M. Marzouki a aussi appelé l'Assemblée nationale constituante (ANC) à "reprendre ses travaux", insistant sur l'importance de "donner une Constitution au pays et fixer la date des élections". Les travaux de l'ANC ont été gelés la semaine dernière par son président pour tenter de forcer, jusqu'à présent sans résultat, les islamistes d'Ennahda et l'opposition à ouvrir un dialogue afin de sortir le pays de la crise. La Tunisie est régulièrement déstabilisée depuis la révolution de janvier 2011 par des violences attribuées à la mouvance jihadiste. L'assassinat du député Mohamed Brahmi a ainsi été attribué par la police à des islamistes armés. Près de deux ans après son élection, l'ANC, faute de consensus, n'est pas parvenue à adopter une nouvelle Constitution, ce qui empêche la tenue d'élections.