A chaque mois de Ramadhan, Sétif connait une ambiance particulière. En fait, l'atmosphère sétifienne, malgré "l'angoisse du portefeuille" semble, chaque année, respirer joyeusement et à pleins poumons. "Rien ne change, rien ne bouge, mais il y a ce quelque chose d'indéfinissable qui fait que nous voyons tout d'un œil différent", estime Fayçal H., un jeune père de famille de 28 ans. Fayçal ne précise pas, cependant, si c'est le fait de "tout voir différemment" qui déverse autant de monde dans les rues, en particulier autour des étals des commerçants. Il faut dire en effet qu'à proximité des marchés, qu'il s'agisse des lieux légalement affectés à la pratique du commerce ou des espaces informels qui poussent ça et là à travers la ville, la circulation automobile, voire, simplement, les déplacements à pied, sont problématiques. Cela se constate durant la matinée, lors des provisions destinées à la "meïda" du f'tour, ainsi que tout au long de l'après-midi lorsque les innombrables échoppes de "néo pâtissiers" déversent leurs senteurs et exercent cet attrait si irrésistible. Il faut dire que l'effervescence et les bousculades caractéristiques du mois de jeûne sont, cette année, encore plus marquées en raison de la coïncidence du début du mois sacré avec la rentrée scolaire. Malgré la flambée des prix dont tout le monde se plaint, les marchés et les magasins ne désemplissent pas et demeurent grouillants de monde jusqu'à une heure tardive de l'âpres midi, puis jusqu'à des heures très avancées de la soirée. Les étals de denrées alimentaires de toutes sortes se prolongent sur les trottoirs et offrent des quantités impressionnantes de marchandises sans crainte de mévente. Sur des étals savamment décorés, fruits et légumes, viandes, semoules, et autres denrées de grande consommation, achalandés à profusion, jouxtent le plus normalement du monde les fournitures scolaires et les vêtements pour écoliers. Les consommateurs n'y trouvent rien à redire et n'ont que l'embarras du choix, d'autant qu'il trouvent qu'il y en a pour toutes les bourses. Les marché "Bizar" et "Andréoli" déjà bien fréquentés le restant de l'année en raison de leurs bas prix, sont pris d'assaut dès les premières heures de la journée et l'affluence y est toujours aussi dense jusqu'à une heure tardive de l'âpres-midi. Outre les denrées alimentaires, les magasins de vaisselle connaissent une grande affluence durant le mois de la piété qui est en train de devenir également le mois culinaire de l'année. A Sétif, comme d'ailleurs dans la majorité des régions de l'Est du pays, la mise en vente en grande quantité de blé vert concassé "Frik" demeure le signe annonciateur de l'avènement du mois de jeûne de même au même titre que la sempiternelle "zlabia". Comme partout dans le pays, "l'accalmie" intervient en soirée, après un bon ftour, généralement copieux. L'on consacre alors son temps aux visites familiales et aux veillées entre amis après la prière des "Taraouih" notamment.