Les grandes banques britanniques, dont la réputation a déjà été entachée par une série de scandales, vont maintenant devoir rembourser jusqu'à 1,5 milliard d'euros à des millions de clients, pour des ventes abusives de protections sur les cartes de paiement. L'Autorité de conduite financière (FCA) britannique a annoncé, avant-hier, que la société Card Protection Plan Limited (CPP) ainsi que treize banques dont Barclays, HSBC, Royal Bank of Scotland (RBS) et une filiale de Lloyds Banking Group (LBG) allaient rembourser un maximum de 1,3 milliard de livres. Sept millions de clients, qui ont au total acheté ou renouvelé 23 millions de polices d'assurance, sont concernés. Ils avaient acheté des produits de protection de leurs cartes de paiement pour environ 30 livres par an ou contre le vol d'identité pour 80 livres. Ils pourront demander dans certains cas le remboursement de sommes payées depuis 2005, plus le versement d'intérêts à hauteur de 8%. "Les clients recevaient des informations trompeuses ou manquant de clarté sur les polices afin de les inciter à acheter des protections qui soit n'étaient pas nécessaires, soit couvraient des risques qui avaient été exagérés", a expliqué la FCA. De nombreux clients de banques devaient appeler un centre d'appel de la société CPP pour pouvoir activer leur carte de paiement. On leur proposait alors de souscrire une assurance. Les grandes banques et les sociétés émettrices de cartes de crédit avaient ainsi incité directement ou indirectement des millions de leurs clients à acheter les produits de CPP, qui a déjà été condamnée à une amende de 10,5 millions de livres en novembre 2012. Les autres établissements concernés sont Canada Square Operations (anciennement Egg Banking), Capital One, Clydesdale Bank (National Australia Group Europe), Home Retail, MBNA, Morgan Stanley, Nationwide, Santander UK (la filiale britannique de la banque espagnole), ainsi que la branche financière des supermarchés Tesco. Le médiateur des services financiers (Financial Ombudsman Service) a une nouvelle fois incité jeudi les consommateurs à la prudence, rappelant qu'ils disposent déjà souvent de moyens de protection. "Les protections des cartes de paiement peuvent être parfois utiles pour certaines personnes mais bien souvent le consommateur n'a pas voulu ni demandé à bénéficier d'une assurance", a souligné son porte-parole. Le plan de remboursement des consommateurs lésés a fait l'objet d'un accord amiable entre la FCA et les établissements concernés mais il doit encore obtenir l'approbation de la justice. "Un grand nombre de sociétés se sont regroupées volontairement pour créer un plan de remboursement qui offrira une solution juste aux clients. Ce type d'approche collaborative et responsable constitue un bon exemple de la manière dont ces groupes prennent de plus en plus leurs responsabilités pour aider à reconstruire la confiance, pas à pas", a affirmé Martin Wheatley, le directeur général de la FCA. Les banques britanniques ont été impliquées dans une série de scandales, dont celui de la manipulation des taux interbancaires Libor et Euribor ou celui des ventes forcées d'assurances-crédit PPI, qui les a déjà obligées à prendre pour plus de 10 milliards de livres de provisions. L'opinion publique, des responsables politiques et les régulateurs se sont aussi émus des bonus parfois astronomiques versés dans la City, des gratifications financières parfois accusées d'encourager la prise de risque ou la vente de produits financiers sans discernement.