Une «mégabanque» va faire ses premiers pas lundi prochain à la Bourse de Londres, Lloyds Banking Group, fruit du mariage de raison entre Lloyds TSB et HBOS, et pièce maîtresse dans la recomposition d'un secteur dont la santé n'en finit pas d'inspirer les pires craintes aux investisseurs. Les ultimes formalités ayant été achevées, la fusion de Lloyds TSB et d'Halifax-Bank of Scotland a pris effet hier après la clôture du marché londonien, et dès lundi prochain, la cotation des actions du nouveau groupe va démarrer. Lloyds Banking Group (LBG) sera un mastodonte dans la banque de détail au Royaume-Uni, comprenant 3 000 succursales et 145 000 employés, et se taillant la part du lion du marché national, avec notamment entre 20 et 30% des prêts immobiliers, des comptes courants et des cartes de crédit. Cette fusion, effectuée sous la forme d'une acquisition de HBOS par Lloyds TSB, ne s'est pas faite sans mal. Elle a été décidée en septembre dernier, pour enrayer l'effondrement du cours de Bourse de HBOS, qui souffrait de craintes sur son financement, avec le soutien actif du gouvernement qui a fait un accroc aux règles de la concurrence pour l'occasion. La perspective de la fin de l'indépendance de HBOS, fleuron de l'industrie bancaire écossaise, a suscité plusieurs tentatives de blocage de l'opération, mais faute d'autre repreneur susceptible de tirer le groupe de l'ornière dans laquelle il était enfoncé, les actionnaires ont dû se résoudre à valider l'opération en décembre. Le gouvernement a non seulement joué un rôle déterminant dans la constitution du nouveau groupe, mais il va peser lourdement sur ses débuts, puisqu'il a apporté 17 milliards de livres de capitaux à Lloyds TSB et HBOS, et se retrouvera donc avec un peu plus de 43% de LBG et deux sièges à son conseil d'administration. Et la naissance de LBG se fait alors que les craintes sur la santé du secteur bancaire britannique repartent de plus belle, sur fond de ce qui s'annonce comme la pire récession au Royaume-Uni depuis des décennies, selon le gouverneur adjoint de la Banque d'Angleterre, John Gieve, et alimentent des rumeurs d'un nouveau plan de recapitalisation gouvernementale ou de levées de capitaux massives.