Les initiateurs de l'attaque contre la Syrie ont annoncé, avant-hier, qu'ils voulaient attendre les conclusions de la commission d'enquête de l'ONU sur les circonstances dans lesquelles l'arme chimique a été utilisée, avant d'adopter un plan d'action définitif, selon le quotidien Kommersant d'hier. Les preuves de l'implication du régime syrien dans les attaques chimiques et la répartition des rôles au sein de la coalition contre Bachar al-Assad détermineront le moment et l'envergure de l'opération contre Damas. Contrairement à la campagne irakienne de 2003, qui s'est déroulée sous la direction inconditionnelle des USA, le président Barack Obama n'aspire pas au leadership dans la guerre en Syrie, laissant la main à ses alliés européens et arabes. Les discours menaçants des pays occidentaux adressés à Damas et la réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies qui a suivi ont fait dire aux experts que l'attaque contre la Syrie aurait lieu dans la nuit de jeudi à vendredi. Cependant, le ton des opposants d'al-Assad a quelque peu changé. En insistant sur l'opération militaire, ses initiateurs ont précisé qu'ils avaient tout de même l'intention d'attendre les conclusions de l'ONU. La mission de l'ONU devrait achever ses recherches vendredi et quitter la Syrie samedi matin. Selon la presse américaine, l'administration Obama n'a pas soutenu l'idée de prolonger le travail des inspecteurs, laissant entendre que c'était inutile. La recherche de preuves confirmant l'implication du régime syrien dans l'attaque chimique du 21 août fait partie des priorités de la coalition anti-Assad. Le secrétaire d'Etat John Kerry a déclaré mardi soir que les informations des USA sur l'utilisation de l'arme chimique en Syrie étaient "réelles, convaincantes et fondées". Cependant, il n'a cité aucune de ces données en suggérant uniquement au public de regarder sur les réseaux sociaux les vidéos des conséquences de l'attaque. On peut y voir des dizaines de corps sans vie enveloppés dans des draps, beaucoup de femmes et d'enfants. Ils n'ont pas de blessures apparentes mais en appuyant sur le thorax de certains, de l'écume sort de leur bouche. John Kerry a déclaré qu'il était particulièrement choqué par les images d'enfants décédés, de corps tordu de spasmes, de familles mortes dans leurs lits sans la moindre goutte de sang ou de blessure visible". Le secrétaire d'Etat a rappelé que le régime d'al-Assad disposait aussi bien de l'arme chimique que de ses vecteurs : il en conclut que le régime l'a employée. La Russie trouve les arguments des USA et de leurs alliés insuffisants. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a récemment rappelé que sur le plan politique et militaire, le gouvernement syrien n'avait aucun intérêt à utiliser l'arme chimique. Il a cité trois arguments : au moment de l'attaque chimique supposée les experts de l'ONU travaillaient en Syrie ; la situation militaire était en faveur d'El Assad ; et le 28 août devait se tenir la réunion russo-américaine pour la préparation de la conférence Genève-2, approuvée par les autorités syriennes. Lavrov a également visionné les vidéos sur internet mais ses conclusions sont différentes de celles de son homologue américain. Pour lui, plusieurs vidéos sont apparues sur internet plusieurs heures avant l'attaque chimique, publiées par les chaînes arabes. De plus, les symptômes visibles sur les images ne ressemblent pas vraiment à ceux provoqués en cas d'intoxication par le sarin ou autres substances chimiques. On ignore également comment et pourquoi tous ces enfants se sont retrouvés au même endroit en même temps et pourquoi les individus qui apportent de l'aide aux victimes ne portent pas de protections. Il ne sera pas non plus facile d'éclaircir complètement la situation à l'issue de l'inspection de l'ONU en Syrie. Les inspecteurs n'ont pas de mandat pour établir qui est responsable de l'attaque chimique : ils doivent uniquement déterminer si l'attaque a eu lieu et si oui, quelle substance a été utilisée. Quant au responsable, ce sera au Conseil de sécurité de l'identifier. Cependant, à en juger par la disposition de ses membres, il n'arrivera pas à une position commune. A cet égard, le gouvernement britannique a annoncé hier : "Si la résolution du Conseil de sécurité pour limiter les capacités du régime syrien à utiliser l'arme chimique était bloquée, il ne resterait aucune alternative réelle à l'utilisation de la force".
Washington cherche des alliés suite à la défection de Londres Washington cherche toujours à créer une "coalition internationale" pour lancer une opération militaire en Syrie malgré le rejet d'une intervention par le Parlement britannique, a déclaré, hier, le chef du Pentagone Chuck Hagel, cité par les médias occidentaux. "Notre approche est de continuer pour trouver une coalition internationale qui agira de concert", a déclaré le secrétaire américain à la Défense lors d'une conférence de presse à Manille. Toutefois, le président américain Barack Obama serait prêt à autoriser une frappe "limitée" contre la Syrie, selon les médias américains citant des sources au sein de la Maison- Blanche. Cette frappe pourrait avoir lieu une fois que les inspecteurs de l'ONU, chargés d'enquêter sur le recours à l'arme chimique en Syrie, auront quitté le pays. Leur départ est prévu pour aujourd'hui.
Maduro appelle Obama à se raviser Le président vénézuélien Nicolas Maduro a appelé son homologue américain Barack Obama à renoncer à une intervention en Syrie. "Au nom de Dieu, arrêtez la guerre, ravisez-vous. Si vous dites "non" à la guerre, vous grandirez aux yeux de la communauté internationale", a déclaré le dirigeant vénézuélien. Dans le même temps, M. Maduro a invité les Vénézuéliens à lancer une campagne sur Twitter contre l'éventuelle opération militaire en Syrie. "J'appelle tout le monde à écrire des messages en anglais et en espagnol, " Obama, arrête la guerre "", a indiqué le président. Selon lui, les problèmes internes de la Syrie doivent être résolus par les Syriens eux-mêmes. "Une attaque contre la Syrie risquerait de s'avérer catastrophique pour l'ensemble du Proche-Orient", a souligné M. Maduro.
Le Canada s'abstiendra d'intervenir Le Premier ministre canadien Stephen Harper a déclaré que son pays ne participerait pas à une opération militaire en Syrie, a annoncé l'agence Reuters. "Le gouvernement du Canada ne prévoit pas d'avoir une mission militaire", a déclaré M. Harper. Selon Reuters, le Premier ministre a fait cette déclaration après s'être entretenu avec des responsables américains, britanniques et français.
La Belgique pour une opération "limitée" Les pays occidentaux ne veulent pas entrer en guerre en Syrie, mais sanctionner l'emploi d'armes chimiques lors d'une opération limitée dans le temps, a déclaré le vice-Premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, sur les ondes de la radio Bel.RTL. "On sait bien qu'aujourd'hui en Syrie la situation est d'une complexité telle, que mettre le pied en Syrie, c'est bien sûr savoir quand on y entre, mais pas du tout quand on en sort et dans quelles conditions (…). Ni les Etats-Unis, ni la Grande-Bretagne, ni la France, qui a utilisé un langage très martial, ne veulent partir en guerre. Ce qu'on nous dit aujourd'hui - on veut sanctionner, ça je le comprends. On veut sanctionner, à un moment donné, l'utilisation d'armes chimiques. Mais cela veut dire qu'on va agir pendant quelques heures ou quelques jours, et puis on se retire", a indiqué le ministre. "Le président Obama a déjà dit qu'il ne veut pas participer à une opération militaire pour faire changer de régime. Il privilégie toujours la piste politique", a-t-il ajouté. Dans le même temps, M. Reynders a estimé qu'il fallait "réagir avec le Conseil de sécurité", trouver un consensus pour relancer un processus politique de négociations entre le régime et l'opposition en Syrie.
Les experts de l'ONU quitteront le pays aujourd'hui Les experts de l'ONU chargés d'enquêter sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie achèveront leur travail vendredi et quitteront le pays le 31 août, a annoncé jeudi le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, en visite à Vienne. "Ils continueront de travailler en Syrie jusqu'à vendredi et quitteront la Syrie samedi matin. Ils doivent me présenter un rapport samedi, aussi dois-je raccourcir ma visite en Autriche", a indiqué M. Ban devant les journalistes. Le secrétaire général de l'ONU avait initialement l'intention d'intervenir aujourd'hui au forum européen d'Alpbach, au Tirol, où il devait rencontrer le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
Laisser les inspecteurs accomplir leur mission Ban Ki-moon a annoncé avoir demandé au président américain Barack Obama de laisser les experts de l'ONU enquêtant sur une attaque présumée aux armes chimiques en Syrie accomplir leur mission. "Nous avons discuté de la façon dont les Nations unies et le monde peuvent travailler ensemble, en particulier avec les Etats-Unis. J'ai exprimé le souhait sincère que l'équipe des inspecteurs puisse être autorisée à continuer son travail conformément au mandat des Etats membres", a déclaré M. Ban. Et d'ajouter que les inspecteurs feraient leur rapport dès qu'ils auraient achevé leur travail. Le secrétaire général a réaffirmé son attachement à un règlement négocié du problème syrien. "Il faut donner une chance à la diplomatie, il faut donner une chance à la paix", a-t-il souligné, ajoutant toutefois que l'utilisation d'armes chimiques par quiconque, et pour quelque raison que ce soit, était un crime contre l'humanité.
Une zone d'exclusion aérienne envisagée Les Etats-Unis étudient la possibilité de mettre en place une zone d'exclusion aérienne en Syrie, mais le président Barack Obama n'a pas encore pris de décision concernant la réaction à l'emploi d'armes chimiques dans ce pays, a déclaré Marie Harf, porte-parole adjoint du département d'Etat américain. "Nous avons déclaré à maintes reprises que les militaires étaient prêts à toute surprise. Beaucoup de variantes sont à l'étude, dont la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne" en Syrie, a indiqué Mme Harf.
Le Caire hostile à toute ingérence extérieure L'Egypte est hostile à l'idée d'une intervention étrangère dans le conflit syrien, a déclaré le ministre égyptien des Affaires étrangères Nabil Fahmy. "L'Egypte ne participera à aucune frappe militaire contre la Syrie et s'y oppose avec force, conformément à sa position de principe contre toute intervention militaire étrangère dans ce pays", a annoncé le chef de la diplomatie égyptienne. M.Fahmy a appelé la communauté internationale à trouver une solution politique à la crise syrienne tout en dénonçant les "répressions" menées par Damas "à l'encontre du peuple syrien".
La Syrie, un deuxième Vietnam pour les USA Si les Etats-Unis frappent la Syrie, ils seront confrontés à un plus grand nombre de problèmes que lors de la guerre du Vietnam, a déclaré, avant-hier, le général Mohammad Ali Jafari, commandant du Corps des Gardiens de la révolution islamique (Pasdaran), cité par les médias iraniens. "La Syrie se transformera en un champ de bataille plus dangereux et plus meurtrier que le Vietnam (à l'époque de l'invasion américaine). Pour les Etats-Unis, ce sera de fait un deuxième Vietnam", a affirmé M. Jafari. Le général estime qu'une intervention militaire en Syrie porterait également un préjudice énorme à Israël. "Une attaque contre la Syrie entraînerait automatiquement une destruction d'Israël", a indiqué le chef du Pasdaran.