A couteaux tirés sur la Syrie, les pays du G20 ont au contraire manifesté à Saint-Pétersbourg (Russie) un élan de coopération sur les sujets économiques, qu'il s'agisse d'évasion fiscale ou de réponse aux problèmes des émergents. Cette harmonie s'est manifestée dans le communiqué final par la volonté de donner la priorité à la croissance en adoptant un "plan d'action" pour renforcer la reprise économique. Ils y multiplient également les engagements: celui de commencer fin 2015 à échanger de manière automatique des données fiscales pour enrayer la fraude, de s'attaquer à la régulation du secteur bancaire parallèle, qui échappe à la régulation conventionnelle du crédit, ou de faire la chasse aux entreprises qui fuient l'impôt. Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont fait part, avant-hier, de leur satisfaction, oubliant un moment leurs divisions sur une intervention armée contre Damas.
La Suisse pour l'automatisme s'il s'applique à tous La Suisse a réagi en réaffirmant sa position à l'égard du principe de l'échange automatique de données fiscales. Le Conseil fédéral le soutient pour autant qu'il fasse office de standard international unique. En matière fiscale et de lutte contre le blanchiment d'argent, le communiqué publié par le G20 reflète celui adopté par les ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales en juillet à Moscou, déjà largement commenté par la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf, a réagi le Secrétaire d'Etat aux questions financières internationales (SIF). Pour mémoire, la rencontre de Moscou avait réuni les 19 et 20 juillet les ministres des Finances du G20 et la Suisse avait été invitée par la Russie à la rencontre. Eveline Widmer-Schlumpf avait pu participer alors aux travaux et établir des contacts. La ministre des finances s'était prononcée à la fin de la réunion moscovite en faveur d'une concurrence fiscale internationale fondée sur des conditions égales pour tous. Ce qui signifie que la Suisse est prête à passer à l'échange automatique d'informations pour autant qu'il n'y ait plus qu'un seul standard international. Le sommet de Saint-Pétersbourg rassemblait jeudi et vendredi les chefs d'Etat ou de gouvernement et la Suisse n'était pas représentée. En ce qui concerne l'optimisation fiscale pratiquée par les multinationales, autre dossier abordé pour finalisation à Saint-Pétersbourg, la Suisse est favorable là aussi pour autant que les conditions soient les mêmes pour tout le monde.
Pays émergents écoutés Conçus à l'origine comme une enceinte réservée aux débats économiques et financiers, ces sujets ont cette fois été menés plus discrètement, crise syrienne oblige. Les éditions précédentes étaient dominées par l'inquiétude pour la zone euro, or, cette fois, les pays émergents et leurs turbulences financières ont occupé le devant de la scène."Nous espérons que la zone euro a passé le cap", a renchéri la directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI), Christine Lagarde, à des journalistes en marge du sommet. Dans leur communiqué officiel, les membres du G20 ont néanmoins qualifié la reprise au niveau mondial de "trop faible", et mentionné "la croissance ralentie des pays émergents". Avant de donner des gages aux deux camps: émergents et pays développés. Comme l'avaient demandé la veille les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), les banques centrales du G20 "se sont engagées sur le fait que les changements futurs de politiques monétaires continueront d'être calibrées avec prudence et clairement communiquées". Un message à la Réserve fédérale américaine, qui a annoncé la fin de sa politique ultra généreuse. Suscitant ainsi l'espoir de meilleurs taux sur les placements américains, la Fed a déclenché un exode de capitaux dans les pays émergents, et donc une chute de devises comme la roupie et le rouble. Les pays émergents ont promis dans le communiqué de prendre "les mesures nécessaires pour soutenir la croissance et maintenir la stabilité, ce qui comprend des actions pour améliorer leurs fondamentaux, améliorer leur résistance aux chocs extérieurs et renforcer les systèmes financiers". Dans l'ensemble, ce sommet, prenant acte de la fin de la crise aigue en zone euro, a aussi consacré la priorité donnée à la croissance par rapport à l'austérité budgétaire.