Les réactions des politiciens quant au nouveau remaniement ministériel, opéré par le Président de la République, ne cessent de susciter l'intérêt de la classe politique. En effet, les déclarations se multiplient, parfois pessimistes et parfois reflètent un soutien, chacun selon ses intérêts.
Ainsi, Le président du parti Tajamoue Amal El Djazaïr (Taj), Amar Ghoul, a déclaré, avant-hier, que son parti soutient haut et fort le nouveau gouvernement, qu'il a félicité à l'occasion. En effet, il a indiqué à l'occasion de l'ouverture de son bureau politique avec les présidents de bureaux de wilayas que le récent remaniement ministériel renforcera sans doute la sécurité et la stabilité dans le pays. Amar Ghoul s'est donc montré très optimiste par rapport aux grandes modifications de la composition du gouvernement. Dans un autre cadre, le président de Taj a promis aux militants de son parti que ce dernier jouera un rôle majeur dans l'élection présidentielle de 2014. "La prochaine élection présidentielle constitue une étape très importante dans la vie politique nationale et notre parti y jouera un rôle majeur", a-t-il insisté. Cette échéance électorale représente, a-t-il ajouté, "une occasion de renforcer le processus démocratique en Algérie et préserver le pays des dangers qui le guettent en cette période cruciale marquée par l'instabilité que vivent les pays arabes et africains." Voilà pourquoi l'orateur a tenu à féliciter l'Armée nationale populaire et les différents services de l'ordre pour leur rôle important dans la préservation de la sécurité et la tranquillité à l'intérieur et aux frontières de l'Algérie. Il a cependant mis en garde contre les ennemis qui veulent semer la terreur dans le pays, comme ils l'ont déjà fait dans quelques pays arabes. Il a signalé que "le printemps arabe n'est qu'un mensonge pour détourner les idées", tout en déplorant que "ceci n'a amené qu'au désastre, comme c'est le cas en Egypte et en Syrie ". Pour le président du MSP Mouvement de la société pour la paix, Abderrezak Mokri, le récent remaniement gouvernemental est révélateur d'une crise profonde au sommet de l'Etat. Ce "lifting" qui, dit-il, n'augure rien de bon, a une relation directe avec les prochaines échéances électorales, dont le "report" n'est pas à écarter. C'est en effet un Mokri très " inquiet" qui s'est exprimé vendredi lors de l'ouverture de la réunion du "Madjliss Echoura" (Conseil consultatif) tenue au siège du parti, à Alger. "La déviance politique bat son plein, à tel point que certaines parties sont arrivées jusqu'à parler de la prolongation du mandat présidentiel et de l'annulation des prochaines élections", a martelé le successeur de Bouguerra Soltani. Les échos qui nous parviennent à propos des bras de fer opposant les différentes parties au pouvoir, poursuit-il, sont inquiétants et font craindre le pire. "La stabilité de notre pays est sérieusement menacée", a-t-il averti. C'est ainsi que le numéro un du Mouvement de la société pour la paix a appelé les "vrais" moudjahidine et le président de la République à assumer leurs responsabilités. "Nous appelons les moudjahidine à jouer leur rôle en s'opposant farouchement à tout aventurier (…). Le Premier magistrat du pays ne sera pas aussi pardonné s'il va laisser ce dernier dans une situation inextricable et face à un avenir incertain", lance Mokri, pour qui le président de la République est devant le fait accompli. Dans un autre sillage, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) engagera prochainement de nouvelles consultations avec toutes les parties politiques intéressées, sur la situation politique actuelle afin de développer une position politique et définir une orientation qui sert le pays, a annoncé Abderrezak Mokri. Intervenant aux travaux de la 1ère session ordinaire du conseil national du parti, M. Mokri a indiqué que les prochaines consultations venaient compléter les précédentes rencontres initiées par sa formation dans le cadre du lancement de la charte de réforme politique. Ces consultations devraient nous permettre de connaître l'opinion de la classe politique et des institutions de l'Etat concernant les mutations politiques en cours dans le pays, a-t-il dit. Il a ajouté que la session extraordinaire du conseil consultatif du parti s'ouvrira samedi pour l'examen de deux rapports du bureau politique et l'élaboration du programme d'action du mouvement pour 2014. Le premier rapport porte sur la situation politique actuelle, l'initiative de la charte pour la réforme politique, la série de consultations et les perspectives de l'échéance présidentielle. Le second concerne l'initiative d'unité et les repères à arrêter par le conseil pour la poursuite des démarches entreprises depuis des mois. Le président du MSP a insisté sur la nécessité de moderniser la gestion de la formation, d'adopter les principes de planification pour garantir le succès des démarches entreprises et de consolider l'unité au sein du parti. Par ailleurs, la commission agraire du Parti des travailleurs s'est réunie, vendredi matin, au niveau du Centre national d'études et des recherches syndicales (UGTA) à El Achour, pour aborder les points déjà engagés et ceux à venir, dans le secteur. Outre les points relatifs à l'agriculture et à l'économie, pour lesquels était destinée la réunion du parti, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, s'est exprimée concernant le récent remaniement ministériel en déclarant que "le président de la République a appliqué l'une de ses prérogatives" Louisa Hanoune estimera que "ce changement devait en général avoir lieu soit après des élections présidentielles ou législatives, ou dans le cas d'une crise nationale." Elle dira par la suite qu'il était encore trop tôt pour comprendre et savoir qu'elles ont été les réelles volontés qui ont poussé le président à œuvrer à un tel changement, qui, sans nul doute, va amorcer un renouveau ? Chaque ministre se doit d'être jugé selon les travaux engagés et non pas des idées préconçues, estimera la dame de fer qui dira par la suite que nombreux ont été les ministres qui ont réussi à réguler leurs département En outre, Mme Louiza Hanoune a souligné vendredi à Alger la nécessité d'apporter le soutien nécessaire aux petits paysans et d'arrêter un plan d'urgence leur permettant de faire face à d'éventuelles calamités naturelles. Mme Hanoune qui présidait une réunion de la commission de l'agriculture de son parti a mis en avant l'impératif d'accorder un intérêt "stratégique" au secteur de l'agriculture dans le cadre du développement global. Elle a préconisé à cet effet d'apporter le soutien nécessaire de l'Etat aux petits paysans en difficulté du fait de calamités naturelles comme les inondations qui ont frappé récemment plusieurs wilayas du pays. Elle a plaidé en faveur du renforcement des capacités de l'Etat pour réduire la facture d'importation des produits agricoles à travers un intérêt accru au secteur et l'encouragement de la production nationale. La responsable a estimé que l'organisation nationale des paysans ne constituait pas le cadre idoine pour la défense de leurs intérêts et l'amélioration de leurs conditions de vie. Elle a proposé la relance de la fédération nationale des travailleurs de la terre qui prendra en charge "sans nul doute" leurs préoccupations quotidiennes. Mme Hanoune a dans le même contexte appelé à la création d'une assemblée nationale des présidents des communes rurales (900). Cette démarche permettra selon elle de débattre des problèmes communs dans un cadre règlementaire. Pour la responsable du PT l'urgence est à la mise en place d'un plan de développement global avec l'aide de l'Etat. Elle a affirmé que sa formation "milite pour une réforme agraire globale basée sur l'équité dans la vente des produits agricoles entre les wilayas du Nord et celles du Sud. La différence entre les prix appliqués dans les wilayas du Nord et celles du Sud est de nature à affecter le caractère républicain de l'Etat qui rejette toute forme de discrimination entre les citoyens, a-t-elle dit. Après avoir relevé la complexité du secteur de l'agriculture et ses liens avec de nombreux autres secteurs de développement, elle a soutenu que "la cohérence sociale et nationale était une question de souveraineté qui exige que tous les problèmes de développement soient traités, à commencer par ceux rencontrés dans les wilayas du Sud". Concernant la prochaine élection présidentielle, elle a affirmé que le président Bouteflika était "appelé" à réunir les conditions nécessaires pour une élection transparente et intègre à travers une commission unique de supervision et de surveillance de l'élection présidentielle. Selon Mme Hanoune, la prochaine présidentielle est une "épreuve déterminante" aussi préconise-t-elle de commencer par la mise en place d'institutions crédibles par des élections législatives et locales anticipées.