Une délégation du Parlement irakien a présenté, avant-hier, à Téhéran, son initiative de règlement du conflit en Syrie, mettant en garde l'Iran contre toute ingérence dans la crise syrienne, a annoncé Mazhar al-Janabi, député irakien. "Il y a une certaine divergence de vues sur la crise syrienne entre l'Iran et l'Irak”. Notre but est de parvenir à une position commune des principaux pays de la région sur le règlement du dossier syrien et d'éliminer le risque d'une intervention militaire armée", a indiqué l'interlocuteur de l'agence dressant le bilan de la visite de la délégation conduite par le président du Parlement irakien, Oussama al-Nujaifi. La semaine dernière, un groupe de députés irakiens s'était rendu en Turquie avec une mission analogue. D'après des sources parlementaires, la visite s'est soldée par un succès, Ankara ayant donné son accord de principe au plan de Baghdad. La Turquie et l'Iran ont des positions opposées sur la crise syrienne. Ankara fournit une aide financière, matérielle et technique aux rebelles soulevés contre le régime de Damas, tandis que Téhéran soutient le pouvoir syrien. Le plan de règlement en question a été avancé il y a deux semaines par le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki. Il prévoit notamment l'application d'un cessez-le-feu sur l'ensemble du territoire syrien, l'arrêt de tout financement ou armement des parties en conflit et l'expulsion du pays des mercenaires étrangers. Selon le même plan, il est indispensable de contraindre les parties en conflit à entamer un dialogue de paix sous le strict contrôle de l'ONU en vue de déboucher sur des élections et une transition du pouvoir. Selon des sources irakiennes, l'initiative en question a été approuvée par presque tous les pays membres de la Ligue arabe réunis le 12 septembre au Caire, seule l'Arabie saoudite s'étant prononcée contre la proposition de Baghdad. Les islamistes majoritaires au sein de l'insurrection Les 100 000 rebelles qui combattent depuis plus de deux ans contre l'armée syrienne sont divisés en près de 1 000 groupes, composés pour moitié d'islamistes radicaux, a annoncé hier le quotidien " The Telegraph " se référant à un rapport du centre de recherche IHS Jane's. "L'insurrection est dominée par des groupes qui ont au moins un point de vue islamiste sur le conflit. L'idée que le conflit est mené par des groupes d'opposants laïques n'est pas confirmée", a souligné l'auteur du rapport Charles Lister. Les experts évaluent à environ 10 000 les extrémistes les plus radicaux, dont des mercenaires étrangers. Leurs chefs sont liés à la nébuleuse terroriste d'Al-Qaïda. De 30 000 à 35 000 combattants sont des islamistes membres de groupes extrémistes, différents des djihadistes car uniquement centrés sur le combat en Syrie, sans aspirer à dépasser les frontières du pays. Les experts estiment que près de 30 000 rebelles sont des islamistes modérés, et que le reste des combattants font partie de l'opposition laïque.
Les rebelles syriens ne croient plus à l'aide internationale Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, présentera aujourd'hui au Conseil de sécurité son rapport sur l'utilisation de l'arme chimique en Syrie. Une annonce qui arrive après le plan de désarmement chimique de Damas convenu à Genève samedi dernier, a écrit hier le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Bachar al-Assad a promis de respecter les propositions formulées par les USA et la Russie, les pays de l'Occident et la Chine soutiennent la sortie de l'impasse syrienne… et les rebelles estiment que leur espoir a été trahi. Les inspecteurs internationaux envoyés en Syrie début septembre devaient établir si des produits toxiques avaient été utilisés et si oui, de quel type. La recherche de responsables n'était pas incluse dans leurs recherches. Mais selon des sources anonymes, il est possible que le rapport renseigne indirectement sur l'auteur. La Russie, qui a récemment fourni à l'ONU des preuves de l'utilisation d'armes chimiques par l'opposition à proximité d'Alep, n'exclut pas la possibilité de manipulations. "On soupçonne une tentative de retoucher le rapport", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Cependant, la présence du chef du groupe d'experts Ake Sellström à la présentation au Conseil de sécurité permettra d'éviter l'altération de la réalité. L'intervention de Ban Ki-moon vendredi dernier au forum féminin de l'ONU est une autre source d'inquiétude. Il y aurait déclaré que le document confirmerait l'utilisation de l'arme chimique en Syrie au mois d'août et que le président Assad était responsable de "nombreux crimes contre l'humanité". Cette déclaration a coïncidé avec les négociations tendues entre les ministres des Affaires étrangères russe et américain sur l'initiative russe concernant le désarmement chimique de la Syrie. Lavrov a déclaré que le discours du secrétaire général, "diffusé sur des chaînes respectables", était un montage destiné à faire échouer les pourparlers russo-américains. Mais à l'issue de trois jours de travail, les deux ministres semblent satisfaits. Ils ont décidé de neutraliser l'arme chimique dans les plus brefs délais - d'ici l'été 2014 - et les usines de production d'ici novembre prochain. Son homologue John Kerry a qualifié ces plans "d'ambitieux". Le document contraint Damas à fournir cette semaine la liste de ses dépôts d'armes chimiques. D'autre part, les autorités syriennes accordent aux inspecteurs un accès immédiat et illimité à tous les sites. Selon Lavrov, la sécurité des inspecteurs de l'ONU sera assurée par Damas et l'opposition, pour une inspection qui devra être terminée d'ici novembre. Les arsenaux seront détruits selon les procédures prévues par la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, à laquelle adhère désormais la Syrie. Si besoin, les armes chimiques pourront être évacuées du pays pour être neutralisées. De cette manière, Moscou a réussi à se distancer juridiquement du rôle de garant du respect des accords avec Damas : tout sera pris en charge par l'ONU. Bien que la Russie reste de facto le principal partenaire pour les négociations avec les autorités syriennes. Washington a finalement réussi à retirer de l'ordre du jour le thème brûlant concernant l'intention de Barack Obama de bombarder la Syrie et la réticence des Américains à s'impliquer dans une nouvelle guerre à l'issue imprévisible. "L'heure n'est pas à la plaisanterie. Le régime syrien doit remplir à part entière les conditions fixées", a déclaré Kerry. Obama a salué l'accord Lavrov-Kerry mais a averti que les Etats-Unis agiraient si tous les efforts diplomatiques échouaient. L'Armée syrienne libre (ASL), quant à elle, a rejeté le plan de Genève. La coalition nationale syrienne de l'opposition a exigé d'interdire au régime non seulement les armes chimiques mais également l'aviation militaire et les missiles. Le commandant de l'ASL Salim Idriss a qualifié cet accord de préjudice pour l'espoir de l'opposition et a déclaré que l'armée d'opposition poursuivrait ses opérations.
Damas respectera les décisions de l'ONU Le gouvernement syrien appliquera le plan américano-russe de démantèlement de son arsenal chimique suite à son approbation par l'ONU, a déclaré le ministre syrien de l'Information Omran al-Zoubi cité hier par les médias européens. "La Syrie s'est engagée à appliquer toute décision des Nations unies", a indiqué le ministre. "Nous acceptons le plan russe afin de nous débarrasser de nos armes chimiques. Nous avons également commencé à préparer notre liste. Nous ne perdons pas de temps ", a-t-il ajouté. Samedi 14 septembre, les chefs des diplomaties russe et américaine Sergueï Lavrov et John Kerry sont parvenus à un accord sur le problème syrien. Les deux parties ont notamment plaidé pour un règlement politique de la crise, la non-ingérence militaire dans le conflit et le retrait ou la destruction des armes chimiques détenues par Damas d'ici mi-2014. Sur la base de l'accord russo-américain, le Conseil de sécurité de l'ONU devra formuler une résolution prévoyant un recours à la force militaire en cas de non-respect des exigences avancées à Damas.